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La fille du marais

mardi, décembre 6th, 2022

Mélodrame sans spiritualité.

La sainteté, tout le monde vous le dira, c’est très difficile non pas seulement à vivre, mais même à faire ressentir. Il y a quelques miracles de spiritualité (évidemment Thérèse d’Alain Cavalier) mais la plupart du temps c’est sur le terreau de vies presque légendaires (tous les péplums qui présentent les débuts du christianisme, du type Quo vadis ? de Mervyn LeRoy)ou celui d’une existence bien connue, qui a laissé de grandes traces dans la culture religieuse populaire. Par exemple Le chant de Bernadette d’Henry King ou Monsieur Vincent de Maurice Cloche. (suite…)

L’île

dimanche, décembre 4th, 2022

Le lichen et la bruyère.

Un film russe. C’est-à-dire excessif, outré, quelquefois grandiloquent, attachant, souvent sublime. Sans qu’il y ait aucun rapport entre les deux histoires et les deux cinéastes, j’ai de temps en temps songé, en regardant L’île de Pavel Lounguine au Barbier de Sibérie de Nikita Mikhalkov. Aucun rapport, si ce n’est celui de l’âme russe que seuls les Français, en Occident, parviennent – rarement, d’ailleurs – à saisir et à aimer. Comment expliquer cela au demeurant ? Une drôle de transmission de pensée, une façon de ne pas regarder le monde comme une usine à faire du fric, mais comme une multiple splendeur divine. (suite…)

Sin city

samedi, décembre 3rd, 2022

D’où viens-tu Johnny ?

La virtuosité technique, à base d’effets spéciaux, de coloriages malins sur un fond tourné en Noir et Blanc, le maniement hystérique de la caméra, à base de zooms frénétiques ne suffisent pas – loin de là !- à donner à ce film d’une violence extrême la moindre structure. D’autant qu’il est ennuyeux au possible, joué par des acteurs honorables, certes, mais qui interprètent des personnages idiots, bas du plafond, qui ne sont préoccupés que de violence anomique et de sexe et d’une durée très excessive : plus de deux heures pour voir, à chaque séquence, à peu près le même condensé fou furieux, sadique, ennuyeux, c’est beaucoup trop, assurément. (suite…)

Nazarin

mardi, novembre 29th, 2022

Humilié et offensé.

Le propos de Luis Bunuel est, comme toujours d’une grande complexité. d’une grande ambiguïté, même. Et il n’est jamais exempt de contradictions internes.

En présentant le pauvre prêtre Nazario (Francisco Rabal) comme pleinement disciple de l’enseignement du Christ, parallèlement en le montrant, dans sa démarche, continuellement victime et perturbateur de l’ordre social, il pense marquer une fois de plus son anticléricalisme farouche. C’est là qu’il se bute à la réalité. (suite…)

Deux sous d’espoir

dimanche, novembre 27th, 2022

Tarentelle napolitaine.

Comme il est intéressant, ce film dont j’ignorais tout, alors qu’il reçut la Palme d’Or du festival de Cannes en 1951 ! Ce n’est évidemment pas là un label de qualité, mais un signe qu’il a retenu, quelque temps, l’attention de la critique. 1951, c’est, peut-on dire l’âge d’or du néo-réalisme, cette invention italienne d’un cinéma joué en direct, qui montre la vie quotidienne, le plus souvent vécue avec des acteurs improvisés, qui ne raconte pas des histoires rutilantes mais la banalité de la vie, qui montre la pauvreté, la lèpre des villes et des villages, des maisons et des gens. Rien de féérique, rien qui extraie le spectateur de sa vie quotidienne. (suite…)

Terreur sur la ligne

vendredi, novembre 25th, 2022

C’est du cinéma !

Voilà un bon petit film de tension assez classique, bien ficelé, bien interprété, doté d’une musique de qualité (stridente, hachée, violente), un film qui présente quelques séquences angoissantes haletantes mais qui, finalement, vogue de manière assez plon-plon. Je veux dire par là qu’il est extrêmement prévisible, qu’il n’ouvre pas les yeux sur des abîmes épouvantables et, surtout, qu’il se conclut sur la victoire évidente du Bien sur le Mal. On pourra toujours me dire que le meurtrier criminel, Curt Duncan (Tony Beckley) est un malheureux psychopathe qui ne maîtrise pas ses pulsions homicides, qu’il n’est donc, finalement, pas si coupable que ça et que, donc, ce pauvre malade ne mérite pas d’être abattu à la fin du film par le bras vengeur du détective privé John Clifford (Charles Durning). (suite…)

Lettre d’Alain Cavalier

jeudi, novembre 24th, 2022

Épure.

Un peu moins d’un quart d’heure, une mise en scène minimale pour tenter de montrer comment Alain Cavalier s’est attelé à l’écriture de son immense chef-d’oeuvre, Thérèse, évidemment, ce film qui met en scène la Grâce. La Grâce, tout simplement ; peu de rapport avec l’allure, la beauté, la délicatesse, l’élégance. Beaucoup plus fortement ce qui dispose certains d’entre nous à viser plus haut ou, si l’on veut viser davantage. Un truc que nous ne sommes pas vraiment à même de concevoir, moins encore de comprendre. Un chemin direct vers un Ailleurs. Un chemin qu’on peut ne pas suivre, ne pas avoir envie d’emprunter, ni même d’apercevoir, mais qui brûle certains.

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Reste un peu

lundi, novembre 21st, 2022

La longue route.

Comment penser que Gad Elmaleh, qui a naguère réalisé deux des plus mauvais films du siècle, Chouchou (2003) et Coco (2009) ait pu tourner Reste un peu, une des plus subtiles, les plus intelligentes illustrations du chemin difficile vers la Foi et la conversion ? Il faut croire que la hauteur du support change les choses. De la simple retranscription largement étirée de ses sketches (par ailleurs souvent excellents et hilarants), voilà que l’on entre dans un lourd mystère : comment un homme élevé dans une famille séfarade particulièrement pratiquante et très attachée à son identité juive peut-il envisager de se convertir ? Et comment peut-il annoncer cette décision à une famille qui prend cela comme une trahison, presque une abomination ? (suite…)

L’Amore

samedi, novembre 19th, 2022

À la gloire d’Anna.

Il faudrait se pencher avec précision sur les coulisses intimes du cinéma pour en être certain ; mais je me demande bien si Amore n’est pas, en quelque sorte, le cadeau d’adieu que Roberto Rossellini offrait à Anna Magnani avant de la plaquer pour aller vivre avec Ingrid Bergman qui, pour lui, abandonna mari et enfant. Le réalisateur, qui disait ne pas aimer les acteurs, offrit pourtant à ses deux compagnes des rôles éclatants, la première dans Rome ville ouverte, la seconde dans StromboliEurope 51Voyage en Italie. Quatre chefs-d’œuvre ou presque, en tout cas des films qui laissent une trace très durable dans la mémoire.

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Le secret magnifique

vendredi, novembre 18th, 2022

Lacrymalissime.

Il paraît que des réalisateurs aussi différents que Pascal ThomasMaurice Pialat et même le hideux Jean-Luc Godard attachaient de l’importance au cinéma de Douglas Sirk et même, pour certains, lui vouaient une adulation singulière. Pour quelles raisons ? Le sens de l’espace, le choix des couleurs (très ou trop chatoyantes), le rythme supposé des films qui fait alterner séquences vives, voire brutales et longues plages plus calmes. De fait, je ne dis pas le contraire : Douglas Sirk est assurément un cinéaste de grande qualité technique, sachant bâtir un spectacle qui, visuellement, en met plein les yeux, dans des nuances colorées qui font songer aux belles (!!!) boîtes de chocolats qui font florès aux moments de Noël et du Jour de l’An et émerveillent les âmes simples.

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