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Alphaville

samedi, juin 25th, 2022

La curiosité et un vilain défaut.

Il faut rendre hommage au contributeur inconnu de la notice d’Alphaville sur notre amie Wikipédia, contributeur qui parvient à discerner un scénario dans ce monument d’inanité et d’ennui qui n’a comme seule qualité que d’être assez bref (1h35). Cela étant dit, l’histoire exposée est d’une telle banalité, elle est si tributaire de l‘air du temps (celui de 1965, bien sûr) que son éclaircissement n’a aucune espèce d’importance ; elle fait penser aux pires romans de science-fiction de Philip K. Dick, ces ennuyeuses dénonciations d’un monde où la science, la rationalité, la technique ont remplacé l’élan vital de l’Humanité. (suite…)

Règlement de comptes à O.K. Corral

mercredi, juin 22nd, 2022

Nocturne sans Indiens.

Comme il est long, languissant, ce film, où les Étasuniens, au lieu de nous montrer ce qu’ils possèdent en propre et ce qu’ils savent le mieux faire, tentent d’entrer dans les raffinements de la vieille Europe civilisée ! Qu’on le veuille ou non, la légende de l’Ouest, c’est la belle tenue des paysages arides et stupéfiés de soleil de l’Arizona et les cruelles peignées mises par les colonisateurs (sauvés de la déroute au dernier moment par la Cavalerie !) aux féroces Peaux-rouges. Mais dès que le Nouveau Monde essaye de singer de façon plutôt grossière nos raffinements décadents, ça fait plutôt rire… (suite…)

L’année dernière à Marienbad

vendredi, juin 17th, 2022

Boursouflure guindée.

Il faut bien que, de temps en temps, je sois honnête avec moi-même et surtout avec mes rares lecteurs et leur fasse quelques confidences sincères sur mes coups de cœur et mes coups de haine. J’ai vu, à l’âge de 15 ou 16 ans L’année dernière à Marienbad et j’ai d’emblée été révulsé par ce ton hiératique et hautain, cette indifférence apparente à toute connivence avec le spectateur, ce mépris à peine dissimulé pour la narration classique. (suite…)

La boîte magique

vendredi, juin 10th, 2022

Folies et merveilles des inventeurs.

La tête sur le billot, à la question qu’on m’aurait posée de savoir qui étaient les inventeurs du 7ème Art, j’aurais sans trembler répondu : « Les frères Louis et Auguste Lumière » qui, à la fin du mois de décembre 1895 projetèrent dans le Salon indien du Grand café, sur le boulevard des Capucines, un méli-mélo de courts métrages, notamment le célébrissime Arroseur arrosé. Et s’il s’agit de définir le cinéma comme spectacle – et, mieux, comme art à part entière – je n’aurais eu pas tort du tout : la représentation d’images animées devant un public payant est effectivement due aux frères lyonnais. (suite…)

La lettre inachevée

samedi, juin 4th, 2022

Héros de l’Union soviétique.

On n’est jamais indifférent devant un film de Mikhaïl Kalatozov. Il est vrai qu’il n’en a tourné qu’une douzaine et que bien peu ont été distribués en Occident. Jusqu’à présent je ne connaissais du cinéaste que son plus grand succès public, Quand passent les cigognes, qui fut Palme d’or à Cannes en 1958 et Soy Cuba de 1964. Deux œuvres admirables, au demeurant ; deux œuvres de propagande soviétique, aussi. Et alors ? L’arrière-plan des films, de tous les films n’a pas à pénaliser leur qualité artistique. Et j’ai dit exactement la même chose pour Le triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl consacré à la célébration (le mot est juste) du Congrès national-socialiste de Nuremberg en 1934. (suite…)

Les sévices de Dracula

jeudi, juin 2nd, 2022

Aurait pu être davantage poivré.

Voilà un film qui peut séduire. Le scénario, notamment, est suffisamment élaboré pour captiver un peu les spectateurs de ce cinéma de genre, à qui il en faut beaucoup pour s’étonner. En effet, depuis que les amateurs d’histoires vampiriques fréquentent les trois sources les plus notoires du mythe, ils connaissent bien leurs grammaires habituelles. Trois sources, disais-je : la plus féconde est, à la suite de l’immense roman de Bram Stoker toutes les variations autour du comte Dracula ; la deuxième, qui s’appuie sur une certaine réalité historique, tourne autour de la comtesse Bathory, le Barbe-bleue féminin ; et donc la troisième (et en fait la plus anciennement écrite) est issue du court récit (90 pages dans le volume de La Pléiade) de Sheridan Le Fanu, la comtesse Mircalla Karnstein. (suite…)

Les oliviers de la justice

dimanche, mai 29th, 2022

« On n’a plus rien à faire ensemble ».

Très curieux film que Les oliviers de la justice. Très curieux et surtout très rare. D’abord que, sur l’un des drames les plus compliqués du dernier demi-siècle, le regard porté est celui d’un réalisateur né à Tulsa (Oklahoma) qui n’a pas laissé d’autre trace dans le cinéma. Puis parce que le film me semble bien seul de son genre… J’en dis un peu plus : des films sur l’aspect guerrier de la guerre d’Algérie, il y en a bon nombre. L’honneur d’un capitaine de Pierre Schœndœrffer (1982), Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier (1972), R.A.S. d’Yves Boisset (1973) sur les combats, La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1966) sur la terreur urbaine. Le combat dans l’île (1961) et L’insoumis (1964), l’un et l’autre d’Alain Cavalier sur les impasses de l’OAS. Et aussi Le coup de sirocco d’Alexandre Arcady (1979) sur le rugueux retour en métropole des rapatriés. Plus ou moins sciemment, j’en oublie beaucoup. L’Algérie est une blessure qui ne cicatrisera jamais pour ceux de ma génération. (suite…)

Millenium mambo

vendredi, mai 27th, 2022

Journal d’une jeune fille paumée.

Le meilleur film de son auteur, paraît-il. Qu’est-ce que les autres films de Hou Hsiao Hsien doivent être, alors, pour conjuguer une absence totale de récit, d’histoire, d’intrigue et un parti-pris d’images trop colorées, fatigantes à force de vouloir éblouir le spectateur et d’une pratique de filmage qui met en valeur des gros plans sans aucun intérêt et des ondoiements continuels, répétitifs, caricaturaux sur les personnages…

Personnages. Y en a-t-il, d’ailleurs ? (suite…)

La crise est finie

mercredi, mai 25th, 2022

Dans les coulisses.

Il me semble qu’il y a toujours, dans les histoires qui mettent en scène les gens de théâtre et de music-hall, la distillation d’une goutte d’amertume. Est-ce dû au regard condescendant que le 7ème art porte sur son très ancien prédécesseur ou plutôt sur la bizarre existence de groupes qui se sentent assez différents du sort commun, dont les espérances ont pu être folles, les succès démesurés et les écroulements spectaculaires ? Car les acteurs, même les plus effacés et les moins talentueux connaissent ou se rappellent avoir connu une vie très différente de celle d’un notaire ou d’un épicier de province. (suite…)

La vie miraculeuse de Thérèse Martin

lundi, mai 23rd, 2022

Trop sage illustration.

Julien Duvivier n’est jamais passé pour un homme expansif. Je ne crois pas qu’il se soit jamais confié sur ses opinions politiques ou sur ses convictions religieuses, s’il en avait. Comment cela ? allez-vous me dire, Oubliez-vous qu’il a réalisé les deux premiers Don Camillo qui donnent la part (très) belle au curé de Brescello, qui roule copieusement le maire communiste et qui a une sorte de dialogue direct avec le Christ ?. Certes, certes, mais le personnage est directement issu d’une série d’histoires écrites par Giovanni Guareschi dont l’engagement chrétien était affirmé. Et par ailleurs, l’avant-dernier film de Duvivier, un truc à sketches moyennement réussi, Le diable et les dix commandements est nimbé d’un petit parfum d’anticléricalisme ; cela bien qu’il présente, dans une de ses séquences, une intelligente vulgarisation sur la question du Mal et la mise en perspective de l’insaisissable Plan de Dieu (je cite sans vergogne ma critique sur le film). (suite…)