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Boy meets girl

jeudi, août 12th, 2021

Suffisant.

Diable ! Voilà que je suis le premier et donc le seul, à déposer un avis sur le cinéma de Leos Carax sur notre site ! Un réalisateur qui bénéficie pourtant d’une réelle notoriété médiatique – en tout cas dans le milieu des cinéphiles – et qui, s’il se ramasse des bides publics, n’en continue pas moins à trouver des financements pour ses films et à jouir de la bienveillance des professionnels de la profession (comme a dit jadis Jean-Luc Godard, qui dispose des mêmes prérogatives, indulgences et avantages). Vous aurez beau faire et bien penser, le cinéma d’auteur continuera à bénéficier d’un puissant courant affectif et à récolter les millions de notre bienveillant système de financement.

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OSS 117 / Rio ne répond plus

mercredi, août 11th, 2021

Se mépriser, voilà la grande affaire !

J’avais bien modérément apprécié OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, premier volet de la série qui remet en scène Hubert Bonnisseur de la Bath, espion créé par l’excellent Jean Bruce un peu avant James Bond, qui est – doit-on le rappeler ? – un sujet étasunien et travaille pour une officine (l’OSS) à qui succédera la plus notoire CIA. J’ai le sentiment que le réalisateur, Michel Hazanavicius, ne l’a francisé que pour pouvoir se moquer de nous, avec la parfaite complicité des esprits forts gaulois, qui n’aiment rien tant que l’on se fiche d’eux. Le succès dans les terres du nord de la France de Bienvenue chez les ch’tis qui ridiculisait Flamands, Artésiens et Picards qui jubilaient de se voir présentés en débiles alcooliques et consanguins montre assez cet étrange prurit.

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La forme de l’eau

lundi, août 9th, 2021

Amélie Poulain dans la Guerre froide.

Sans doute un peu trop long (près de deux heures) et animé de la bonne conscience affirmée du Camp du Bien, le film de Guillermo del Toro se laisse suivre sans déplaisir, du moins tant qu’on garde le sourire narquois à la bouche et qu’on ne tombe pas dans tous les pièges de gluant caramel mou qui enlacent les films où les pauvres, malheureux, laissés pour compte de la vie l’emportent, à force de courage et de pureté sur les méchants qui leur font pièce. Vignettes du Camp du Bien, donc. L’héroïne, Élisa Esposito (Sally Hawkins) est muette (donc handicapée – un point) ; sa meilleure amie, Zelda (Octavia Spêncer) est noire (un point) ; son voisin et ami Giles (Richard Jenkins) est à la fois artiste peintre et homosexuel (un point et demi). On s’est bien positionné sur l’échelle rigide de la bien-pensance. (suite…)

Détour mortel : La Fondation

jeudi, août 5th, 2021

Toutes cases cochées.

Bien que le film emprunte tant et plus à la riche grammaire des films d’horreur modernes, Détour mortel : la Fondation dispose d’un scénario assez original et intéressant. En tout cas pour les vieux machins comme moi qui ne possèdent qu’imparfaitement les codes actuels des films d’horreur, où l’inventivité des monstruosités – et les images numériques – permettent d’aller beaucoup plus loin que ce à quoi ils (les vieux machins) étaient habitués. D’ailleurs je me demande jusqu’où on pourra exagérer dans le sang et le gore tant les images d’aujourd’hui peuvent aller loin dans le répulsif et le dégoûtant. (suite…)

Bonjour tristesse

mercredi, juillet 28th, 2021

Colombine à Saint Tropez.

Françoise Sagan, qui était un grand écrivain, n’est pas si mal adaptée que ça au cinéma ; d’ailleurs, d’emblée, dès la révélation du talent de cette jeune femme, en 1954, les producteurs et les réalisateurs ont compris qu’ils pouvaient faire pièce sur le succès de scandale entraîné par ces récits vrais comme la vie, mais si éloignés du conformisme moraliste ambiant. C’est ainsi que Bonjour tristesse, le premier roman, a été filmé par Otto Preminger en 1957 juste avant le deuxième, Un certain sourire, par Jean Negulesco en 1958. Il y aura, d’ailleurs une dizaine de films tirés de ces histoires tristes, parmi lesquels on doit signaler la très réussie Chamade d’Alain Cavalier en 1968. (suite…)

Paris mange son pain

jeudi, juillet 22nd, 2021

Pluie tranquille.

Ah vraiment Jacques Prévert ne s’est pas foulé, ne s’est pas cassé la bobinette pour écrire le commentaire de ce court métrage (17 minutes) de son frère Pierre ! Cette suite de jolies vignettes nostalgiques sur le Paris enfui de 1958 aurait d’ailleurs gagné à se dérouler sans texte. Car celui du Grand poète Jacques Prévert n’est ni spirituel, ni subtil, ni poétique : on sent l’exercice obligé , pour faire plaisir au petit frère moins doué. Et d’ailleurs Germaine Montero, qui dit le texte, a bien du mérite pour le coller au mieux sur des images charmantes. (suite…)

Benedetta

jeudi, juillet 22nd, 2021

Mic-mac à tire-larigot.

On sait bien que Paul Verhoeven est un réalisateur qui ne fait pas dans la dentelle et qu’il emploie même souvent de la paille de fer à la place. Avec Benedetta il va encore bien plus loin que dans ses derniers films, Black Book ou Elle qui, en comparaison, pourraient presque paraître compassés. Mais c’est souvent en perdant la mesure que des cinéastes comme lui – tout sauf classiques et mesurés, donc, mais outranciers et brutaux – parviennent à laisser demeurer une trace dans le paysage très formaté du cinéma d’aujourd’hui. Oui, oui, tout ce que l’on veut, il y a dans les films de Verhoeven beaucoup de mauvais goût, souvent trop, mais au moins il y a du goût : on reconnaît et on aime (ou non).

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Un été inoubliable

mardi, juillet 20th, 2021

Les dieux ont soif.

Au sud-est de l’Europe, ces Balkans où les peuples sont mélangés dans un chaudron de sorcière bouillant, où les guerres sont féroces, les frontières toujours bouleversées, la sauvagerie à peine dissimulée. À côté des Slaves du Sud (Yougo-slaves et Bulgares), il y a les Roumains, qui sont des Latins. Et qui ne sont pas les Gitans, qui ont compris la bonne affaire qu’était l’Union (ah ah ah !) européenne, viennent mendier ou se prostituer ou voler du cuivre en Occident et repartent en bénéficiant de l’aide au retour. La Roumanie, avant la nuit communiste, c’était Bucarest, la capitale, qu’on appelait Le petit Paris, de grands écrivains, Eugène Ionesco ou Émile Cioran, de grandes familles francophiles et francophones, les Brancovan (Anna de Noailles était une Brancovan), les Soutzo (Hélène, femme de Paul Morand), les Cantacuzène, les Paléologue… (suite…)

Sexcrimes

samedi, juillet 17th, 2021

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette…

Les débuts du film (les 52 premières minutes exactement) me rappellent quelque chose : un type qui est dans l’enseignement et qui résiste à l’appel énamouré d’une oiselle se fait accuser par elle de harcèlement et de viol et il lui est bien difficile de se défendre. C’est à peu près la situation mise en scène par André Cayatte en 1967 dans Les risques du métier, avec Jacques Brel et Delphine Desyeux et par Jean-Claude Brisseau en 1989 dans Noce blanche, avec Bruno Crémer et Vanessa Paradis. (suite…)

Mélodie pour un meurtre

samedi, juillet 17th, 2021

Le diable est dans la bouteille.

Voilà un bon film de série étasunien, qui, malgré un sombre récit, ne brille que modérément par son originalité, mais qui a suffisamment de souffle pour intéresser le spectateur moyen. Peu d’originalité, dis-je, parce qu’il faut être d’une grande naïveté pour ne pas comprendre assez vite que la coupable évidente n’est en fait que la pauvre victime de la méchanceté possessive de son ex-mari. Et aussi, avant tout, que le policier acharné à poursuivre le criminel – la criminelle – qui massacre les chauds lapins dotés d’une plume romanesque et salace qui vont chercher leurs proies dans les colonnes de petites annonces de la presse du cœur, que ce policier, donc, va tomber frappadingue de sa présumée proie.

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