Un peu de bruit pour pas grand chose.
Je n’ai pas grand avis sur l’œuvre poétique de Jacques Prévert, qui me semble légère, habile, amusante, farfelue, souvent agréable à lire. Mais qui ne me paraît pas toutefois atteindre le niveau des poètes que j’aime avant tout, Jean de La Fontaine, Jean Racine, Victor Hugo, Guillaume Apollinaire. À chacun ses dilections, d’ailleurs, surtout dans ce domaine si particulier du rêve, de l’émotion, de l‘ailleurs. Au cinéma, c’est évidemment autre chose. Sans Prévert scénariste et dialoguiste, nous n’aurions pas eu tant de films merveilleux, certains qui sont des chefs-d’oeuvre, d’autres qui, quand ils ne sont qu’à demi réussis (Les visiteurs du soir) ou splendidement ratés (Les portes de la nuit) comportent toujours une atmosphère, un ton, un bout de dialogue saisissant, quelque chose qui permet d’entre-apercevoir l’aile de l’ange. Jacques Prévert est là une sorte de touche-à-tout de génie, drôle, rêveur, grave, fantaisiste, lumineux, sombre tour à tour. Une merveille.