La strada

septembre 2nd, 2024

La route est grise.

Découvrir le cinéma de Federico Fellini avec La Strada; parce qu’on a alors 8 ou 12 ans, le retrouver vingt-cinq ans plus tard en DVD dans la médiocre retranscription française sabotée par l’affreux René Château ; faire cela un soir de mauvaise humeur ; et de cette façon en écrire un méchant avis assez puéril ; se le reprocher parce que l’on est un être scrupuleux et exigeant ; se dire que désormais; les années passées on a suffisamment exploré le continent fellinien et que, même si on ne lui a jamais trouvé les pics et les éminences qu’on aurait espéré y déceler, on peut l’avoir apprécié de plus en plus et aussi lui trouver, grâce à La dolce Vita ou à Et vogue le navire d’immenses qualités… Read the rest of this entry »

Le roi des camelots

août 24th, 2024
Il était une fois Paris.

Ah, cher Berthomieu qui tourniez n’importe quoi, avec gaieté, légèreté, tranquillité et qui nourrissiez les salles du samedi soir avec un paquet de films où – selon l’expression archaïque et consacrée – on ne se cassait pas la nénette, merci d’avoir donné ce bien gentil Roi des camelots où on vous retrouve tout entier, où on retrouve tout entiers des gens de grand talent, Robert Lamoureux étincelant bien sûr, et Yves Deniaud mais aussi un acteur qui n’a sans doute jamais trouvé une meilleure exposition à l’écran ; vous vous demandez qui ? Mais Charles Bouillaud bien sûr, qui vous fera vous interroger mais que, en regardant son visage, vous retrouverez la silhouette… Bouillaud a bien dû apparaître dans 150 ou 200 films, quelquefois pour quelques secondes ; je ne peux imaginer ce qu’a été sa vie, sans doute parcimonieuse, à courir le cachet.

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Urgences

août 22nd, 2024

La nuit qui s’étend.

Je pensais que Raymond Depardon, grand photographe et réalisateur avait porté son regard si pénétrant et ses manières de montrer sans employer de commentaires, en disparaissant le plus possible derrière une simple caméra, je pensais donc à un film sur l’affreux caravansérail des Urgences hospitalières. J’ai eu tort, avant de télécharger le film de ne pas avoir lu qu’il s’agissait en fait d’un reportage sur le service psychiatrique de l’Hôtel-Dieu de Paris et exclusivement sur ces terribles troubles du comportement et de l’abolition de la raison. Read the rest of this entry »

Il était une fois un flic…

août 21st, 2024

Les plaisirs démodés.

Malgré son titre abominable et mal inspiré, Il était une fois un flic ne manque pas tout à fait de qualités.

Grâce à Mireille Darc, bien sûr qui, dès qu’elle apparaît dans un film l’ensoleille, grâce à Michael Lonsdale qui n’a jamais rien raté dans sa longue carrière, grâce, bien sûr à Michel Constantin qui, comme on l’a longuement rappelé portait à l’écran sa présence physique, drue, charnelle, inoubliable. Read the rest of this entry »

Benny’s video

août 21st, 2024

Lumineuse adolescence.

D’une manière générale, le cinéma de Michael Haneke, qui est incontestablement un des plus remarquables cinéastes d’aujourd’hui est empreint de la haine de soi. C’est éclatant dans 71 fragments d’une chronologie du hasard, dans La pianiste, dans Le ruban blanc ; il y a aussi, toujours, un regard grave, distant, inquiétant sur la nature humaine et sur ses comportements singuliers (Funny gamesCaché et même Amour. Cinéma du malaise, cinéma malsain et culpabilisant. Read the rest of this entry »

Espoir – Sierra de Teruel

août 17th, 2024

La guerre d’Espagne méritait mieux.

Le seul intérêt de cet Espoir est qu’il est l’unique réalisation cinématographique d’André Malraux dont on peut se féliciter qu’il ait ensuite porté ses talents ailleurs, tant cette espèce de brouillon, ni artistique, ni didactique laisse sur sa faim. Remarquez, lorsque j’écris ça, j’y mets une certaine mauvaise foi ; que ça étonne ou non, alors que je suis un lecteur compulsif et vorace, je ne connais pas une seule ligne de l’auteur de la Condition humaine et je concentre seulement mon admiration à l’écoute du discours qu’il prononça, dans le vent glacé du 19 décembre 1964 lors de l’entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin avec leur long cortège d’ombres. C’est comme ça, malgré deux ou trois tentatives, je n’ai jamais pu entrer dans les livres de Malraux (pas davantage que dans ceux d’Albert Camus autre gloire ignorée de moi). Read the rest of this entry »

Silence

août 14th, 2024

Des mondes parallèles.

Je viens simplement de découvrir ce Silence de Masahiro Shinoda, sorti en 1971, adapté d’un roman de Shusaku Endo qui est, paraît-il, un grand écrivain catholique de la trempe de Georges Bernanos ou de Graham Greene.Je ne peux pas pour autant m’abstraire de l’émotion profonde et du bouleversement intérieur que le film de Martin Scorsese avaient suscité en 2016, tant ce regard absolument intelligent détonait sur la masse grouillante des films du quotidien. Read the rest of this entry »

Elle court, elle court, la banlieue…

juillet 23rd, 2024

Ça n’a (presque) pas pris une ride.

Je me suis toujours demandé pourquoi la délicieuse Marthe Keller n’avait pas accompli un parcours plus éclatant, tant son charme lumineux, sa beauté souple, la qualité de son jeu semblaient la promettre à une carrière internationale superbe. L’ami Verdun, qui partage mon goût pour la belle actrice, m’a exposé (sur le fil des Caprices de Marie), que c’est sans doute une certaine dispersion de ses talents qui l’avait un peu confinée à une notoriété modeste. Je crois qu’il a raison ; d’autant que l’enfermement dans le feuilleton télévisé à succès La demoiselle d’Avignon l’a aussi cornérisée (comme on dit au football). N’empêche qu’elle était magnifique dans Le diable par la queue (1968) et, précisément Les caprices de Marie (1970), l’un et l’autre film de Philippe de Broca (qui était alors son compagnon), ou dans Marathon man (1976) de John Schlesinger. Mais depuis lors, dans le bien banal Fedora (1978) de Billy Wilder, elle n’est pas parvenue à hausser le niveau du film. Read the rest of this entry »

Donne moi tes yeux

juillet 20th, 2024
Mais qu’est-ce qui vous prend, Sacha ?
Tous les films de Sacha Guitry n’ont évidemment pas la même importance et la même qualité. Et ceci même si dans tous ceux que j’ai vus (c’est-à-dire la plupart), il y a toujours, ici ou là, un mot, une situation, une attitude qui ravissent. Mais enfin, comme presque tout le monde, il peut alterner des merveilles (Le roman d’un tricheurFaisons un rêveLes perles de la couronneLa poison) avec des insignifiances (Le mot de CambronneQuadrilleDésirée Clary), sans même évoquer les délicieuses grandes machines historiques (Remontons les Champs-ÉlyséesLe diable boiteuxSi Versailles m’était conté).

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Le chêne d’Allouville

juillet 19th, 2024

Franchouillardise prémonitoire.

Pour être bien sincère, je me suis toujours délecté des abominables et délicieux nanars des années 30, 40 et 50, parce qu’ils me montraient le monde que je n’ai pas connu, ou à peine, mais qui était celui dont mes parents m’avaient parlé, ne serait-ce que discrètement ou sans y attacher la moindre importance. Mais je me suis toujours tenu très éloigné des catastrophes cinématographiques suivantes. L’affreuse nullité de Mais où est donc passée la 7e compagnie ? (1973) du pourtant si excellent Robert Lamoureux avec ses pires séquelles, les abominations de Philippe Clair, par exemple La brigade en folie (1973) – rien que le titre ! -, l’immonde succès de La soupe aux choux (1981) de Jean Girault, la notoriété de Mon curé chez les nudistes (1982) de Robert Thomas… et dix, cent autres films avec les Charlots, par exemple, voilà qui me portait au cœur. Read the rest of this entry »