Les Cent et une nuits

octobre 19th, 2023
On n’en gardera rien !

J’ai beaucoup écrit, ici et ailleurs, sur le cinéma d’Agnès Varda. J’ai écrit mon enthousiasme pour Cléo de 5 à 7, pour Sans toit ni loi, mon plaisir de regarder Le bonheurDaguerréotypesLes glaneurs et la glaneuse, mon intérêt pour Les plages d’AgnèsVisages, villages. Sans pour autant dissimuler mes réticences et même mon rejet pour les films militants gauchistes et écologistes comme Lions love ou par des filmages aussi complaisants que Jane B. par Agnès V. La dame de la rue Daguerre avait des idées farfelues, dont je suis à l’antipode, mais elle avait un sacré talent et j’ai aimé et aimerai toujours sa capacité à entrer dans la nature du monde et à faire vivre des personnages.

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Péril en la demeure

octobre 17th, 2023

Vénéneux, sophistiqué, artificiel.

Bizarre de constater combien Michel Deville, qui a eu du succès, de la notoriété et même davantage dans le quatrième quart du siècle dernier, qui avait du talent et qui explorait une veine légère, funambulesque, sensuelle et même souvent érotique, d’un esprit très français, très libertin, a disparu complétement des mémoires. Je crois que c’est bien dommage alors même que je n’ai jamais été un absolu thuriféraire de ses productions. Mais au fait pourrait-on vraiment être admirateur sans limite de Crébillon ou de Nerciat et les mettre au même niveau que Diderot, par exemple, alors pourtant que l’on peut apprécier La nuit et le moment ou Félicia ou mes fredaines mais ne pas les placer au sommet de la littérature ?

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Faux-semblants

octobre 16th, 2023

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette…

Dans le paysage finalement assez sage, assez classique du cinéma mondial (pour ce que j’en connais, qui n’est pas grand-chose), il y a quelques réalisateurs que j’aime qualifier de sévèrement chtarbés. Par définition, on n’en peut donner une liste exhaustive, mais, quand on regarde un de leurs films, on voit bien qu’on n’est pas dans le confort. Des parcours et des succès divers, des trajectoires ondulantes ; cinéma de série B ou de série Z, comme Russ MeyerHerschell Gordon LewisJean Rollin par exemple, ceux dont les films passaient dans de petites salles spécialisées des boulevards. Ou, plus connus, plus notoires, plus révérés, pour les salles de meilleur rang, John WatersJoël SeriaJacques Baratier. Ou encore, au sommet de la notoriété, Lars von TrierDavid Lynch. Et David Cronenberg. Read the rest of this entry »

Body double

octobre 13th, 2023

Nos amis les voyeurs.

Scénario chichiteux et d’une complication à la limite de l’incompréhensibilité, musique omniprésente insupportable, acteurs indifférents et inconnus. Une de mes plus grandes déceptions pour un film de Brian De Palma dont j’apprécie avant tout Carrie au bal du diable et Scarface, mais aussi Sœurs de sang ou Pulsions ; cela étant, il y a aussi beaucoup de ratages complets, comme le surévalué pour esprits décérébrés Phantom of the ParadiseMission impossible ou l’épouvantable Dahlia noir.Réalisateur de grande notoriété, doué pour instiller dans ses films un climat malsain et des pulsions abominables, mais qui ne tient pas toujours ses promesses et part dans tous les sens. Read the rest of this entry »

La chasse

octobre 12th, 2023

Les  pièges de Subure.

Un tueur en série dans le milieu homosexuel sadomasochiste. Waouh ! Voilà de quoi éveiller mon intérêt. À dire vrai davantage pour le côté tueur que pour le côté homo. Parce que voilà un milieu dont je ne connais rien dans la réalité et à peine dans la fiction, ou plutôt la représentation. Donc La chasse. Si j’avais vu le film à la sortie, en 1980, j’aurais été effaré, stupéfié, scandalisé, dégoûté par ces boîtes de nuit gluantes où des mecs moustachus se roulent des pelles, mêlent leurs sueurs, se caressent et se torturent, procèdent à des pratiques barbares (il y a un fist-fucking particulièrement immonde avec des mains savonneuses préposées à des intromissions qui font frémir). Read the rest of this entry »

La nuit des traquées

octobre 6th, 2023

Seins, sexe et sang.

Je me suis encore une fois laissé avoir et j’ai regardé un film de Jean Rollin. Remarquez, en écrivant cela, je suis en pleine hypocrisie puisque j’en ai vu bon nombre, dès Le viol du vampire (1968), La vampire nue (1969), Le frisson des vampires (1970), Requiem pour un vampire (1971). Mon hypocrisie n’ira pas jusqu’à affirmer que c’était exclusivement pour retrouver mes chers buveurs de sang des Carpathes que j’aillais alors payer mon tribut à ce cinéma de série (personne n’ignore, je pense, que le X n’existait pas encore de façon officielle). Mais il est vrai que la vision de jeunes femmes souvent très déshabillées et marquant généralement un goût prononcé (quoique non exclusif) pour leur propre sexe n’était assurément pas, dans mon jeune âge, des sujets qui me faisaient fuir cet écran de perdition (et de médiocrité, il faut le dire).

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Gilbert Grape

octobre 3rd, 2023

Le cercle de famille.

Endora, une petite ville au fin fond de l’État de l’Iowa. Un paysage plat comme la main, des champs de maïs à perte de vue, quelques maisons assez modestes placées n’importe comment. Du côté de la route nationale, il y a un supermarché qui s’appelle Foodland, et, à son ombre va bientôt venir s’installer une chaîne de fast-food qui s’appelle Burger barn ; tout cela va sûrement mettre fin à ce qui subsiste du petit commerce du vague centre d’Endora où Gilbert Grape (Johnny Depp) est commis. Un commis qui travaille matin et soir, sans compter ses efforts ni ses heures parce qu’il est, en quelque sorte, le chef de la famille Grape. Read the rest of this entry »

Les amours de minuit

octobre 1st, 2023

On peut s’en passer.

Voilà un film assez bêta, de ceux qui, à l’orée du parlant et lorsque n’existait pas encore la télévision on produisait en kyrielles pour un public qui sortait, au théâtre, au music-hall, au cinéma, sortait beaucoup plus qu’aujourd’hui. Et n’était pas très exigeant sur la qualité du spectacle. L’est-il devenu désormais ? C’est une autre question. Toujours est-il que, pour Les amours de minuit, personne ne s’est décarcassé : production de série, d’ailleurs réalisée, sur le même scénario, en deux versions, allemande et française, comme il y en eut beaucoup à cette époque, par exemple Le chemin du paradis (1930) de Wilhelm Thiele (version allemande) et Max de Vaucorbeil (version française), Dactylo (1931) (les deux versions par Wilhelm Thiele) ou Le congrès s’amuse (1931) d’Erik Charell et Jean Boyer. Cette pratique peut être d’ailleurs tout à fait réussie… à condition que scénarios, acteurs et musique se mettent au diapason. Read the rest of this entry »

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil

septembre 29th, 2023

Le Capital mène 100 à 0.

Comme tout le monde je suis allé voir Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en 1972, quand le film est sorti sur les écrans. Comme tout le monde, quatre ans auparavant, j’étais allé regarder, Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages de Michel Audiard. Deux anarchistes de Droite, dotés de tous les talents qui tiraient l’un et l’autre sur tout ce qui bougeait, qui ne ménageaient personne et représentaient merveilleusement l’un et l’autre ce que l’essayiste Yann Moix a qualifié de l’époque la plus libre de l’histoire de l’Humanité… Mais oui, on pouvait tout dire, tout oser dans ces années 65-80, où il y avait même la volupté extrême d’être stigmatisé par la bien-pensance traditionnelle alors que l’on bénéficiait de la volupté de la transgression, c’est-à-dire à la fois du respect général d’un ordre établi et de son refus personnel de cet ordre, au moins pour un épisode de sa vie. Read the rest of this entry »

Cristeros

septembre 26th, 2023

Vaincre ou mourir.

Curieux, non ? un film empli de héros farouches et romanesques, de beaux paysages exotiques, de dévouements et sacrifices magnifiques, de combats violents, réalisé avec de gros moyens et qui n’a connu, hors d’un cercle restreint, qu’une toute petite notoriété militante ? Pas si curieux que ça, finalement, surtout en regard de la date où il est sorti, il y a une dizaine d’années (2012). Reparaitrait-il aujourd’hui grâce au succès merveilleux et inattendu de Vaincre ou mourir où 300.000 spectateurs ont pu vivre l’épopée de François-Athanase de Charette et découvrir, s’il en était besoin, la réalité du génocide vendéen, Cristeros aurait peut-être quelque chance d’émouvoir et de troubler les spectateurs. Et surtout d’être distribué dans un bon éventail de salles parisiennes et provinciales.

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