La nuit des traquées

octobre 6th, 2023

Seins, sexe et sang.

Je me suis encore une fois laissé avoir et j’ai regardé un film de Jean Rollin. Remarquez, en écrivant cela, je suis en pleine hypocrisie puisque j’en ai vu bon nombre, dès Le viol du vampire (1968), La vampire nue (1969), Le frisson des vampires (1970), Requiem pour un vampire (1971). Mon hypocrisie n’ira pas jusqu’à affirmer que c’était exclusivement pour retrouver mes chers buveurs de sang des Carpathes que j’aillais alors payer mon tribut à ce cinéma de série (personne n’ignore, je pense, que le X n’existait pas encore de façon officielle). Mais il est vrai que la vision de jeunes femmes souvent très déshabillées et marquant généralement un goût prononcé (quoique non exclusif) pour leur propre sexe n’était assurément pas, dans mon jeune âge, des sujets qui me faisaient fuir cet écran de perdition (et de médiocrité, il faut le dire).

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Gilbert Grape

octobre 3rd, 2023

Le cercle de famille.

Endora, une petite ville au fin fond de l’État de l’Iowa. Un paysage plat comme la main, des champs de maïs à perte de vue, quelques maisons assez modestes placées n’importe comment. Du côté de la route nationale, il y a un supermarché qui s’appelle Foodland, et, à son ombre va bientôt venir s’installer une chaîne de fast-food qui s’appelle Burger barn ; tout cela va sûrement mettre fin à ce qui subsiste du petit commerce du vague centre d’Endora où Gilbert Grape (Johnny Depp) est commis. Un commis qui travaille matin et soir, sans compter ses efforts ni ses heures parce qu’il est, en quelque sorte, le chef de la famille Grape. Read the rest of this entry »

Les amours de minuit

octobre 1st, 2023

On peut s’en passer.

Voilà un film assez bêta, de ceux qui, à l’orée du parlant et lorsque n’existait pas encore la télévision on produisait en kyrielles pour un public qui sortait, au théâtre, au music-hall, au cinéma, sortait beaucoup plus qu’aujourd’hui. Et n’était pas très exigeant sur la qualité du spectacle. L’est-il devenu désormais ? C’est une autre question. Toujours est-il que, pour Les amours de minuit, personne ne s’est décarcassé : production de série, d’ailleurs réalisée, sur le même scénario, en deux versions, allemande et française, comme il y en eut beaucoup à cette époque, par exemple Le chemin du paradis (1930) de Wilhelm Thiele (version allemande) et Max de Vaucorbeil (version française), Dactylo (1931) (les deux versions par Wilhelm Thiele) ou Le congrès s’amuse (1931) d’Erik Charell et Jean Boyer. Cette pratique peut être d’ailleurs tout à fait réussie… à condition que scénarios, acteurs et musique se mettent au diapason. Read the rest of this entry »

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil

septembre 29th, 2023

Le Capital mène 100 à 0.

Comme tout le monde je suis allé voir Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en 1972, quand le film est sorti sur les écrans. Comme tout le monde, quatre ans auparavant, j’étais allé regarder, Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages de Michel Audiard. Deux anarchistes de Droite, dotés de tous les talents qui tiraient l’un et l’autre sur tout ce qui bougeait, qui ne ménageaient personne et représentaient merveilleusement l’un et l’autre ce que l’essayiste Yann Moix a qualifié de l’époque la plus libre de l’histoire de l’Humanité… Mais oui, on pouvait tout dire, tout oser dans ces années 65-80, où il y avait même la volupté extrême d’être stigmatisé par la bien-pensance traditionnelle alors que l’on bénéficiait de la volupté de la transgression, c’est-à-dire à la fois du respect général d’un ordre établi et de son refus personnel de cet ordre, au moins pour un épisode de sa vie. Read the rest of this entry »

Cristeros

septembre 26th, 2023

Vaincre ou mourir.

Curieux, non ? un film empli de héros farouches et romanesques, de beaux paysages exotiques, de dévouements et sacrifices magnifiques, de combats violents, réalisé avec de gros moyens et qui n’a connu, hors d’un cercle restreint, qu’une toute petite notoriété militante ? Pas si curieux que ça, finalement, surtout en regard de la date où il est sorti, il y a une dizaine d’années (2012). Reparaitrait-il aujourd’hui grâce au succès merveilleux et inattendu de Vaincre ou mourir où 300.000 spectateurs ont pu vivre l’épopée de François-Athanase de Charette et découvrir, s’il en était besoin, la réalité du génocide vendéen, Cristeros aurait peut-être quelque chance d’émouvoir et de troubler les spectateurs. Et surtout d’être distribué dans un bon éventail de salles parisiennes et provinciales.

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Happiness therapy

septembre 22nd, 2023

Barricades mystérieuses.

C’est notamment à des signes comme ça qu’on s’aperçoit qu’on est encore plus vieux et dépassé qu’on pensait l’être : jamais je n’avais entendu parler de Happiness therapy, qui date de 2012, ni de son réalisateur, David O Russell, ni de ses deux principaux interprètes, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, dont je lis, d’ailleurs qu’elle a été l’actrice la mieux payée du cinéma étasunien. Le seul nom du générique qui m’était connu était celui de Robert De Niro, d’ailleurs excellent, comme toujours, mais dans un rôle secondaire. Et voilà que je lis que le film a été nommé dans les sept catégories majeures des Oscars et que la vedette en a reçu la distinction majeure. Read the rest of this entry »

Jocelyn

septembre 19th, 2023

Litres de larmes.

Il paraît qu’Alphonse de Lamartine avait tant de facilités à versifier qu’on pouvait le voir se pencher sur sa page et ne plus s’en relever pendant une heure après avoir aligné plusieurs centaines de lignes sans jamais avoir à en rectifier une tant ses alexandrins étaient parfaits. C’était l’époque, au demeurant, où la poésie était reine de France, où avec Alfred de VignyThéophile GautierAlfred de MussetVictor Hugo, la population lettrée vibrait de vers sonores, en plein cœur du Romantisme. Mais qui lit encore cela et qui se souvient de quelques vers qui, pourtant surgissent encore dans les mémoires, du type Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ou Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,/Dans la nuit éternelle emportés sans retour ? Read the rest of this entry »

Beignets de tomates vertes

septembre 16th, 2023

Nous deux…

Il paraît qu’il y a des gens qui pensent que les hommes ne viennent pas de Mars et les femmes de Vénus, que les petits garçons ne vont pas frapper spontanément dans un ballon et les petites filles ne vont pas cajoler une poupée sans qu’on les y ait forcées. Les billevesées de l’aigrie existentialiste, sartreuse, maoïste Simone de Beauvoir qui a asséné qu‘On ne naît pas femme, on le devient ont fait beaucoup de ravages qui, avec le féminisme woke d’aujourd’hui ne cessent d’empuantir l’atmosphère. Et pourtant, s’il y a une évidence facile à constater, c’est celle-là. Et qui se manifeste crûment dans les œuvres artistiques
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Le premier jour du reste de ta vie

septembre 15th, 2023

Des liens qui attachent… ou libèrent ?

Ce n’est pas que ce soit long (moins de deux heures) mais c’est tout de même un peu trop touffu. Mais dès que j’ai écrit cela, je m’en repens un peu ; faire vivre, sur l’espace de douze ans, la vie d’une famille de cinq personnes, ses cahots, ses cahin-caha, ses ruptures et ses douceurs, les tendresses, les fureurs, les réconciliations, les flots d’amour et les vieilles histoires enfouies au fin fond des mémoires, les mots et les attitudes qui ont jadis blessés et qui surgissent comme ça, brutalement, lors des moments de tension qui semblent être des féroces règlements de comptes. Règlements d’autant plus féroces qu’ils portent, en creux, toute une dose d’amour. Read the rest of this entry »

Desperate living

septembre 14th, 2023

Trop c’est trop.

Je n’ai rien vraiment rien, contre le cinéma de mauvais goût, ni même, dût la chose étonner, contre le cinéma obscène. Après tout, un film vigoureusement dégueulasse ne vaut-il pas mieux, intrinsèquement, qu’une de ces ennuyeuses chorégraphies composées, comme les soirées de TF1, avec un regard consensuel sur les choses et les gens ? Qu’un film dégoute, scandalise, abomine est, après tout, la moindre des choses ; je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est là pour ça, mais ça me vient à l’esprit quand je songe qu’Un chien andalou de Luis Buñuel est de cette orientation là et que le cinéma en a gardé trace. Mais il faudrait être mauvais galopin pour mettre sur un rang similaire le rêve surréaliste de l’Espagnol et les excitations masturbatoires de John Waters. Read the rest of this entry »