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Une chance sur deux

jeudi, juin 30th, 2016

19052506Naufrage en eaux profondes.

Prenez les deux acteurs les plus notoires du cinéma français du dernier demi-siècle (ils n’ont pas tourné que de bons films, assurément, mais on ne peut pas dénier leur importance, il me semble) ; prenez une fille jolie comme un bonbon à la menthe, qui ne manque pas de talent et le montrera, l’année suivante dans La fille sur le pont, du même réalisateur ; et un réalisateur, donc, capable de réussir des films bouleversants (TandemLe parfum d’YvonneMonsieur Hire)  mais il est vrai, aussi, d’en rater absolument d’autres (Félix et LolaRue des plaisirsLa guerre des miss). (suite…)

Le diabolique Docteur Mabuse

jeudi, juin 30th, 2016

le-Diabolique-Dr-Mabuse-01Roman-photo.

J’ai été passablement décontenancé par Le diabolique Docteur Mabuse, découvert avant-hier, sans que j’aie jamais vu les deux premiers épisodes réalisés par Fritz Lang en 1922 (Le docteur Mabuse) et 1933 (Le testament du Docteur Mabuse) et pas davantage les films postérieurs tournés par Harald Reinl (Le retour du Docteur Mabuse en 1961 et L’invisible Docteur Mabuse en 1962). Il se peut donc que je parle un peu légèrement du personnage et de la série… (suite…)

Renoir

mardi, juin 28th, 2016

20303396Très zoli.

C’est un grand mal du cinéma français d’aujourd’hui que de négliger complètement ce qui était, dans le cinéma français d’hier, une force et souvent un enchantement : les seconds rôles qui donnaient chair et substance aux œuvres. Désormais l’orientation constante, dirait-on, est de mettre le paquet sur un sujet (en négligeant souvent de le développer vraiment et de le traiter correctement), de choisir un acteur vedette qui fera venir un peu de monde devant les écrans et d’entourer tout cela d’images décoratives tournées dans de beaux endroits. (suite…)

Mariti in Città

dimanche, juin 26th, 2016

ob_480bf1_mariti-in-cittaEspèce à protéger.

C’était un peu un pont-aux-ânes jadis que de relater avec un sourire égrillard les mésaventures des messieurs retenus à la ville par leur écrasant boulot, alors que leurs femmes, d’ordinaire confinées aux travaux ménagers, passaient les vacances avec la marmaille en villégiature, n’étant rejointes par leurs époux que durant le week-end. Et ce qui est amusant c’est que les choses ayant changé avec l’avènement du travail féminin, le cinéaste français Pascal Thomas avec Les maris, les femmes, les amants a réalisé en 1989 un film où c’est l’inverse qui se passe, les femmes au turbin, les mecs se la coulant douce dans l’île de Ré. On se dit que, pour capter l’esprit et les évolutions d’une époque, rien ne vaut le cinéma. (suite…)

Le monocle noir

vendredi, juin 24th, 2016

aff_monocle_noir-2.jpg_originalL’apprentissage.

Georges Lautner commençait alors modestement une carrière qui allait le conduire aux plus hauts succès populaires, à bien juste titre. Mais enfin, après deux ou trois films à orientation dramatique (Marche ou crève, Arrêtez les tambours), les producteurs ne lui faisaient pas encore assez confiance pour lui confier mieux que l’adaptation d’un roman emberlificoté du Colonel Rémy, héros de la Résistance, qui évoquait un complot nazi quinze ans après la Libération. (suite…)

Le comte de Monte Cristo

mercredi, juin 22nd, 2016

le-comte-de-monte-cristo-1961-film-2899Sommaire, scolaire, satisfaisant.

Comment voulez-vous qu’une adaptation filmée puisse mettre en scène la fabuleuse efflorescence du roman d’Alexandre Dumas ? Monte-Cristo est, à mes yeux, le chef-d’œuvre du romancier, supérieur au cycle des Trois mousquetaires, à celui de la Révolution (Joseph Balsamo, Le collier de la Reine, La comtesse de Charny), à celui de la Renaissance (La Reine Margot, La Dame de Monsoreau, Les Quarante-cinq) ; en adapter le foisonnement dans un film de deux époques seulement, fût-il de plus de trois heures, me semble impossible. (suite…)

Ma loute

dimanche, juin 19th, 2016

178982Quelle affaire !

En plus de soixante ans de cinéphagie où, au cours des saisons j’ai regardé tout et n’importe quoi, je ne crois pas avoir vu quelque chose d’aussi bizarre que Ma loute, film insensé, décontenançant, incongru, qui souvent agace, désespère, exaspère mais devant qui on ne décroche pas. On a évoqué à son propos le Fellini de 8 1/2 ou le Bunuel de La voie lactée ; voire ! Le film de Bruno Dumont n’est ni onirique, ni surréaliste. C’est autre chose. (suite…)

Men in black

vendredi, juin 17th, 2016

120603 Les inconnus dans la maison.

Réjouissant film farfelu, drôle, enlevé où, pour une fois, les effets spéciaux ne prennent pas la main sur le rythme du récit et n’interviennent que pour porter les gags et les péripéties de l’histoire. Jubilatoire et complice, Men in black parvient, en s’en moquant, à donner corps à un des phantasmes les plus ancrés de l’Humanité, extrêmement à la mode aujourd’hui : celui qu’il y a une réalité dissimulée derrière la façade de la vie quotidienne, qu‘on ne nous dit pas tout, que les puissances nous cachent des choses et que nous ne sommes pas seuls dans l’Univers. (suite…)

Le temps des cerises

mercredi, juin 15th, 2016

mediaGai rossignol ou merle moqueur ?

Le Parti communiste ayant eu l’excellente idée de mettre ce film en accès libre dans son fonds documentaire Ciné-Archives, je me suis précipité, dès la chose sue, sur ce petit trésor d’archaïsme. Confectionné par Jean-Paul Le Chanois (qui signe de son véritable nom, Jean-Paul Dreyfus) pour appuyer une campagne du Parti en faveur de la retraite des vieux, il est sorti en janvier 1938, aux temps où les espoirs fous portés par le Front populaire commençaient à céder devant la réalité. (suite…)

La vie chantée

mardi, juin 14th, 2016

la_vie_chantee01Charmante poussière.

On n’imagine sans doute plus aujourd’hui ce que fut la célébrité de Noël-Noël pendant près de quarante ans dans un pays paisible dont il incarnait à la perfection le type ; modèle du Français moyen, au physique replet, au sourire narquois, souvent grognon,le cœur sur la main mais rouspéteur quand il faut sortir le portefeuille, plutôt trouillard dans les petites choses de la vie et plein de courage dans les grandes. Voir le très très bon Père tranquille de René Clément où il incarne un petit bourgeois de province, apparemment pusillanime et en réalité chef d’un important réseau de résistance. (suite…)