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Broadchurch

mardi, juin 16th, 2015

affiche BroadchurchLa violence des jours communs.

Lorsque j’ai glissé le Blu-ray dans mon lecteur, après avoir lu sur la jaquette que j’en avais pour sept heures environ, au gré de huit épisodes de 45 minutes à peu près, je me suis demandé si, avec le beau temps qu’il y a en ce moment à Paris, je n’allais pas diluer le feuilleton sur plusieurs jours. Bernique ! En moins de quarante-huit heures, toute cette première saison de Broadchurch avait été engloutie sans qu’on puisse y trouver une rupture de rythme ou une décrue de l’intérêt.

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La vérité

dimanche, juin 14th, 2015

image_portrait_w858  « Moi je fais… un peu rien… »

1953, Les Diaboliques, 1955, Le salaire de la peur ; deux succès, public et critique, qui ont installé Henri-Georges Clouzot au sommet de la pyramide du cinéma français, que lui valaient déjà L’assassin habite au 21, Le corbeau et Quai des orfèvres. Il y a tout, dans ces films : l’intérêt parfait de l’intrigue, la qualité des acteurs, la maîtrise technique du cinéaste, le rythme, l’émotion, le suspense, l’aigreur, le sarcasme. Les espions, en 1957, n’en sont que plus surprenants, paraissant hermétiques, abscons, figés. J’ai vu ce film là à sa sortie, alors que j’étais bien trop jeune, que mes souvenirs d’enfant sont bien trop lointains et comme il n’a pas été édité en DVD, je ne saurais dire ce qu’il en est vraiment. (suite…)

Les seins de glace

mercredi, juin 10th, 2015

Affiche Les seins…Vont en enfer !

Georges Lautner l’explique très bien dans le supplément du DVD : il a été chargé de réaliser un film commandé en quelque sorte par Alain Delon pour sa compagne Mireille Darc et s’il a adapté – en le trahissant notablement, dit-il – un roman de Richard Matheson, il s’est moins préoccupé de la cohérence du récit que de la mise en valeur des acteurs (Darc et Delon, donc, mais aussi Claude Brasseur) et de la construction d’atmosphères troubles et de séquences angoissantes. (suite…)

Le grand embouteillage

vendredi, juin 5th, 2015

Affiche Le grand embouteillageFin de siècle.

Communions à nouveau sur la grande qualité du film, due notamment à la virtuosité du cinéaste et de ses scénaristes Zapponi et Maccari qui ont adapté une nouvelle de Julio Cortazar, toute nimbée, j’imagine, de ce décalage léger et inquiétant avec la réalité, de ce talent fabuliste qu’offre la littérature argentine, Cortazar à gauche, Jorge Luis Borges à droite et Adolfo Bioy Casares je ne sais où, courant qu’on a appelé réalisme magique.

Virtuosité qui permet de nouer les fils de toutes les histoires archétypiques des automobilistes coincés sur un tronçon d’autoroute à proximité de Rome, vers qui parviennent, d’ailleurs, des nouvelles d’autres embouteillages absolus dans toute l’étendue de la Péninsule.

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Le guépard

dimanche, mai 31st, 2015

Affiche Le guépardLes statues sont usées.

C’est ce que j’ai vu de mieux du chichiteux Visconti mais ça ne va pas me faire hausser mon appréciation beaucoup au dessus de la moyenne ; disons que, si la chose était possible, j’aurais mis 4,5, peut-être influencé, d’ailleurs, par la belle image de la fin où, à la sortie du bal, sur une place pouilleuse, le Prince Salina (Burt Lancaster) tombe à genou au passage d’un prêtre qui va porter les derniers sacrements à un malade. (suite…)

Les copains du dimanche

samedi, mai 30th, 2015

Affiche les_copains_du_dimancheSi tous les gars du monde…

Je n’avais plus en tête que Les copains du dimanche avaient été tournés à l’initiative de la CGT (comme, vingt ans auparavant, La Marseillaise de Jean Renoir), mais il ne faut pas être grand clerc pour deviner, sous le discours sympathiquement ouvriériste, la patte du Parti. (suite…)

La loi du marché

vendredi, mai 29th, 2015

arton30337-9b779Lourdement, sur les épaules…

Le fils est sacrément handicapé, d’une sorte de sclérose musculaire, mais il est doux, intelligent et il va peut-être bien parvenir à intégrer un IUT de qualité. La femme subit cette saleté du destin avec vaillance et le couple paraît bien arrimé, bien solide devant cette vacherie qui lui est arrivée, de ce gamin qui ne sera jamais comme les autres. Il y a eu un peu d’aisance dans le ménage, un peu davantage, presque de la prospérité : un appartement et même un mobil-home planté dans un camping maritime. L’ascenseur social a fonctionné. Petite classe moyenne, lower middle class qui s’en sortirait à peu près si… (suite…)

Les Diaboliques

mercredi, mai 27th, 2015

diab_p6laUne histoire de cœur.

Il y a encore et toujours de quoi écrire sur Les Diaboliques, qui est vraiment une parfaite réussite, au delà de ses invraisemblances, qu’on ne remarque guère, toutefois, que lorsque l’on a vu plusieurs fois le film et que l’on peut fixer plus calmement son attention sur les développements et les ressorts de l’intrigue. Et parfaite réussite dès le générique, qui est pourtant un seul plan fixe : l’image de la piscine visqueuse, huileuse, sale, gluante, envahie par les algues, sur quoi tombe une méchante petite pluie de printemps ; tout cela sur une musique déchirée de Georges van Parys qu’on n’entendra plus qu’à la fin. (suite…)

Eternal Sunshine of the Spotless Mind

vendredi, mai 22nd, 2015
Matériau de court-métrage.
Un connaisseur intelligent a écrit sur une autre réalisation de Michel Gondry : Gondry bâtit tous ses films sur UNE idée, UN concept, qui tiendraient bien mieux dans un court-métrage. Ce film était Soyez sympa, rembobinez, qui avait été couronné d’un grand succès critique et qui a obtenu, je crois, une sorte de statut de film-culte.

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Rosetta

jeudi, mai 21st, 2015

18747734L’instinct de vie

D’emblée, à la première séquence, c’est un animal en rage et en panique qui traverse les couloirs de l’usine comme il le ferait dans un sous-bois. La caméra portée suit presque malaisément sa course furieuse, sa violence et son halètement. La jeune fille vient d’être licenciée sans avoir démérité, seulement parce que c’est comme ça et qu’on peut faire le travail sans elle. Elle s’appelle Rosetta, vit avec sa mère alcoolique, qui se prostitue par faiblesse et pour pouvoir se saouler, dans une caravane pourrie, sur un terrain de camping désertique. Ciel toujours gris, pelouses sèches, forêt humide, sale, vaseuse : on est près de Liège, dans cette Wallonie apparemment fichue qui fit la prospérité de la Belgique et qui est maintenant un poids mort. (suite…)