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Fais moi très mal mais couvre moi de baisers

samedi, août 9th, 2014

60782Un Risi en très mineur.

Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers est un des plus médiocres Risi qu’il m’ait été donné de voir ; naturellement ce point de vue est à l’aune de l’immense talent du réalisateur et doit être donc relativisé ; si par miracle, touché par on ne sait quelle grâce, l’ennuyeux Antonioni ou le pompeux Visconti avaient tourné ça, je n’aurais pas hésité à mettre la note maximale. Mais le monde est ainsi fait et vit de comparaisons ; sans pouvoir attendre d’un cinéaste qu’il tourne toujours des merveilles aussi absolues que Le fanfaron ou des chefs-d’œuvre comme Les monstres ou Au nom du peuple italien, j’attendais mieux de lui…

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Le fabuleux destin d’Amélie Poulain

jeudi, août 7th, 2014

Miracle à Montmartre.

J’ai l’impression qu’il est de bon ton aujourd’hui, une douzaine d’années après la sortie du film, de chipoter sur Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, d’afficher un certain mépris pour le succès qu’il a rencontré et de se gausser sur les bouffées de bonheurs minuscules et délicieux suscitées chez ses millions de spectateurs. Il est vrai qu’à l’époque un critique crapoteux des Inrockuptibes (pléonasme, non ?) avait dénoncé une complaisance du film de Jeunet en faveur de la Lepenisation des esprits, parce que les vues de Montmartre n’étaient pas assez ethniquement métissées et ne montraient pas suffisamment les minorités visibles de la Capitale. À ce degré de connerie, on a un peu honte que ce journal de la bien-pensance soit encore édité. (suite…)

Mammy

mercredi, août 6th, 2014


Étrange mélodrame narquois.

Gaby Morlay occupe une place un peu à part dans le paysage cinématographique français. Née en 1893, elle a commencé très jeune une carrière d’artiste, mais elle n’était pas loin de la quarantaine lorsque le cinéma est devenu parlant et ne pouvait plus, dès lors, jouer les ingénues ; son physique assez paisible et harmonieux ne pouvait pas davantage lui permettre de jouer les séductrices un peu mûres, comme y réussirent à merveille Françoise Rosay (née en 1891) ou, plus tard Edwige Feuillère (née en 1907) ou Viviane Romance (née en 1912). En revanche elle a été parfaite pour interpréter les femmes honnêtes tentées un court instant par le vertige de la faute (Un revenant, en 1946 – elle a 53 ans – avec Louis Jouvet, Papa, maman, ma femme et moi, en 1955 – elle a 62 ans – avec Michel Etcheverry).

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Le goût des autres

lundi, août 4th, 2014

Le sourire d’Anne Alvaro…

C’est bien dommage qu’Agnès Jaoui soit tout, sauf une réalisatrice et qu’elle n’ait pas confié à un vrai metteur en scène le tournage d’un film qui, pour une fois, n’était pas l’adaptation d’une pièce de théâtre mais une œuvre originale intelligente, subtile, profonde, souvent émouvante et magnifiquement interprétée. Ça sent encore un peu trop les conventions de la scène (par exemple cette manie de faire se retrouver les protagonistes à tout bout de champ dans le même bistro ; je sais : c’est là que se nouent les intrigues, mais c’est tout de même artificiel et maladroit), mais ça s’échappe enfin, après Cuisine et dépendances et Un air de famille à la restriction de l’intrigue dans un cadre trop étroit. Et malheureusement, Agnès Jaoui ne retrouvera pas ensuite la qualité du Goût des autres en s’égarant dans des récits moins harmonieux, avec Comme une image et Parlez-moi de la pluie (je n’ai pas vu sa dernière production, Au bout du conte).

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Louise Wimmer

jeudi, juillet 31st, 2014

Les pauvres gens.

Couvert de prix de la meilleure première œuvre (prix Louis Delluc, César, et plusieurs autres distinctions), Louise Wimmer m’avait accroché lors d’un premier passage sur Canal +, alors que je l’avais regardé en le prenant en marche et donc par bribes ; c’est quelquefois un peu ainsi qu’on se rend compte de la qualité d’un film (pas toujours, mais souvent) et je me souviens encore de dix minutes de regard sur Twin peaks pêchées au hasard de la diffusion de la série sur Canal +, jadis : la certitude qu’on est devant quelque chose d’intéressant, voire d’important.

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Jacquot de Nantes

mardi, juillet 29th, 2014

Certificat d’études.

Voilà un beau film tendre et pieux consacré à Jacques Demy comme une lettre amoureuse par celle qui fut sa compagne de vie et qu’il reçut pendant les derniers mois de sa brève existence, alors que pressé par les ravages du sida, il écrivait pour Agnès Varda les souvenirs d’enfance qui sont la matière de Jacquot de Nantes.

Il est inutile d’aller y mettre son nez si on n’apprécie pas le charme très particulier du cinéma de Demy, capables de ratages affreux et de réussites ailées. Et si, non plus, ou tout autant, on n’est pas sensible à la veine documentariste de Varda, celle de Daguerréotypes ou des Glaneurs et la glaneuse ; car, même si Jacquot de Nantes est une biographie filmée, le film est d’une grande fidélité à l’enfance du cinéaste disparu, à tout le moins à ses souvenirs. (suite…)

Elephant man

lundi, juillet 28th, 2014

Entre la lumière et les ténèbres.

Il est bien certain que lorsque l’on sortait de la salle de cinéma, en 1980, après qu’on avait vu la triste et larmoyante histoire d’Elephant man, on n’était pas très à l’aise mais on se demandait quelle était la part de la fiction d’épouvante et la part de la réalité vécue. Et comme on n’avait alors jamais entendu parler de David Lynch, qui n’avait alors réalisé que le confidentiel Eraserhead, on était très impressionné.

On l’est, il me semble, un peu moins aujourd’hui, même si la construction dramatique est parfaite et si réussie qu’est la photographie rigide, noirâtre, pluvieuse de Freddie Francis (qui s’essaya, avec la Hammer à quelques assez médiocres réalisations plus classiques). (suite…)

La fille du 14 juillet

dimanche, juillet 27th, 2014

artoff6634Jolie Truquette.

J’ai bien du mal à avoir une opinion sur le film, alors, lui mettre une note ! Ça frôle souvent le 0, ça n’atteint jamais le maximum mais il y a ici et là de petits éclairs de bouffonnerie délicieuse, des idées très drôles, une actrice principale (Vimala Pons) absolument ravissante (et au pseudo rigolo de Truquette) et surtout, de la part du jeune réalisateur (Antonin Peretjatko) – finalement pas si jeune que ça : 40 ans -, une telle volonté de sortir des sentiers battus et des ponts-aux-ânes habituels des sujets de société ou des drames sanguinolents qui font le gros des premiers films, que ça n’est pas antipathique du tout.

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Chacun cherche son chat

samedi, juillet 26th, 2014

Zincs de Paris.

C’est curieux, d’ailleurs, cette notion de « film-culte d’une génération » qui me paraît assez récente dans le paysage du cinéma. Je ne crois pas que des œuvres aussi significatives que Rendez-vous de juillet (1949) de Jacques Becker ou Les tricheurs (1958) de Marcel Carné aient eu ce statut. Le film qui me vient à l’esprit et qui, le premier, devient cette sorte d’objet d’adulation générationnelle, c’est Easy Rider (1969) de Dennis Hopper, à la suite de quoi des sectes de fidèles assidus se sont constituées.

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Amadeus

jeudi, juillet 24th, 2014

2286Trop de notes !

Je ne suis pas très mélomane, sans pour autant dire comme Voltaire (paraît-il) que la musique est le plus épouvantable de tous les bruits. Mais je reste assez froid aux raffinements de la composition et je me suis endormi régulièrement lorsque, pour de lourdes raisons sociales, je me suis retrouvé dans un fauteuil de la salle Pleyel ou d’une des salles de l’Opéra de Paris. C’est comme ça ; je n’en suis ni particulièrement fier, ni particulièrement honteux.

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