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Blanche Fury

vendredi, avril 11th, 2014

Le bois des amants.

Après avoir vu Blanche Fury, je ne suis pas loin de réévaluer (à la hausse, évidemment) le cinéma de Marc Allégret que je n’avais pas en grande estime jusque là, malgré Entrée des artistes et Félicie Nanteuil, mais à cause d’œuvrettes qui ont pu avoir du succès, comme Zou-zou , Lac aux dames ou Gribouille, vraiment trop mal fichues et conçues, bien qu’elles ne soient pas, ici et là, dépourvues d’un certain charme. (suite…)

La banquière

mardi, avril 8th, 2014

18455475.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxUne sainte fripouille.

Peut-être est-ce la proximité de la campagne électorale municipale et les remugles que j’ai pu y déceler qui m’ont incité à regarder une nouvelle fois La banquière. (Non, là, je dis des bêtises ! Juré, craché, la tête sur le billot je ne vois pas le moindre rapport entre l’époque actuelle et la course à l’abîme de notre pays dans les années Trente, entre naïfs gogos et subtils prévaricateurs, rastaquouères douteux et jeunes gens ambitieux).

Le film serait excellent s’il s’était résolu à conter l’histoire de cette crapule grassouillette de Marthe Hanau, fût-elle travestie et enjolivée en celle d’Emma Ekhert, incarnée par la radieuse beauté de Romy Schneider.

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Vie privée

samedi, avril 5th, 2014

La vie des autres.

En 1961, lorsqu’elle tourne Vie privéeBrigitte Bardot est au sommet d’une popularité internationale, gagnée à partir du scandale de Et Dieu créa la femme et assise par le succès public et critique de La Vérité, en 1960, où Clouzot lui a fait acquérir ses galons d’actrice, à coups de baffes et d’humiliations.

De son côté, Louis Malle, ancien assistant du Commandant Cousteau pour Le monde du silence a acquis d’emblée la notoriété par deux films jugés scabreux, Ascenseur pour l’échafaud et Les amants et par la fantaisie assez vaine de Zazie dans le métro. (suite…)

L’enfer des zombies

vendredi, avril 4th, 2014

Les zombies n’ont rien d’intéressant.

Ah oui,  l’écharde (le mot est faible) dans l’œil d’Olga Karlatos est une séquence réussie… mais, à mon point de vue (si j’ose dire) c’est la seule de ce film roublard et prévisible… Pour ceux qui ne regarderont jamais L’enfer des zombies, résumons cette excellente séquence : après avoir pris longuement une douche vivifiante (ce qui permet au spectateur de se rincer le globe) la malheureuse Paola est assaillie par une de ces immondes créatures qui font l’ordinaire des films du genre. Elle parvient à se barricader dans sa chambre, mais la créature, à coup de poing, fait éclater la fragile cloison qui la sépare de la malheureuse, s’empare de sa chevelure et, avec un certain sens de l’inéluctabilité lui fait éclater l’œil sur une des esquilles acérées de la dévastation. (suite…)

Quand la ville dort

jeudi, avril 3rd, 2014

Concours de crapules.

On peut se demander quelle version du titre, anglaise ou française, caractérise le mieux le film de John Huston. The asphalt jungle, qui est le nom du roman de W.R. Burnett dont est tiré le récit met davantage l’accent sur l’incertitude, l’inquiétude portée par tous les personnages, friables et menacés. Quand la ville dort donne une image pleine d’angoisse et de mystère, marque le côté sournois, secret, sombre de ce qui se passe quand les honnêtes gens ont disparu du premier plan ; et, de fait, on ne voit jamais aucun passant attardé dans les rues vides à la géométrie impeccable.

Gardons les deux titres en mémoire et allions-les dans ce film d’une intelligence aiguë, qui ne se contente pas d’être la relation d’un casse, mais en présente tous les préalables, les à-côtés et les prolongements avec la même intensité. (suite…)

Poisson d’avril

samedi, mars 29th, 2014

Bien mince.

Tombé là-dessus au hasard d’un paresseux zapettage (ou d’une paresseuse zapperie ?) qui m’a arrêté sur la chaîne enfantine Gulli, que je ne fréquente pas, qui passait ensuite le calamiteux (presque calamiteux) Ignace, de Pierre Colombier, avec un Fernandel lâché sans frein dans le cloaque du comique troupier d’avant-guerre. (suite…)

À propos de Nice

jeudi, mars 27th, 2014

s1641228Les humeurs de la mer.

Il est bien certain que si Jean Vigo n’était pas mort prématurément (à 29 ans) après avoir donné la merveilleuse Atalante, À propos de Nice, ce court métrage qui est sa première réalisation (à 24 ans) ne serait pas édité dans le beau coffret DVD paru il y a quelques années. Est-ce que Nogent, Eldorado du dimanche, qui présente certaines analogies, est qui est le premier film de Marcel Carné a eu l’honneur d’une édition ? (suite…)

Rendez-vous avec la peur

lundi, mars 24th, 2014

La peur, tranquillement…

On n’est vraiment pas loin du chef-d’œuvre, ce qui prouve, s’il en était besoin, que n’importe quel style de cinéma peut transporter, faire frémir, exalter, émerveiller et que les moyens d’un film n’ont pas besoin d’être exceptionnels pour capter l’attention. Jacques Tourneur dont il faut que je revoie bientôt Vaudou et La féline et découvre L’homme léopard ou Angoisse réalise un film d’une grande intelligence qui saisit avec habileté les ressorts de nos propres peurs. (suite…)

Une histoire vraie

jeudi, mars 20th, 2014

Réaliste et intimiste.

Si immense est le talent de David Lynch qu’il peut ainsi aller à contre-courant de l’orientation générale de son œuvre cinématographique, prendre ses admirateurs à contre-pied et donner, entre Lost highway et Mulholland drive ce petit bijou humaniste et serein d’Une histoire vraie. Le regard sombre, noirâtre même souvent, pessimiste, halluciné, dubitatif sur la nature humaine se transforme, avec la même puissance de conviction, en une profession de foi confiante, émouvante, rayonnante sur le bonheur de l’altruisme et de la réconciliation. (suite…)

L’eau vive

mardi, mars 18th, 2014

Avant le barrage.

Jean Giono reprend en 1958 le beau titre qu’il avait en 1930 donné à un court texte publié par La Nouvelle revue française où il célébrait le rémouleur, le potier, le flotteur de bois, le fontainier (un peu comme l’a fait Alain Cavalier avec ses 24 portraits), mais de la façon très lyrique de sa première manière. En 1958, donc, sur une commande reçue d’EDF qui est en train de construire le barrage de Serre-Ponçon destiné à canaliser la folle Durance et à assurer l’approvisionnement en eau de ces terres rudes et sèches (je le sais : j’en suis et ma tombe de famille est à Château-Arnoux !), Giono écrit et dialogue un film qui sera réalisé par François Villiers. (suite…)