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Quarante-neuvième parallèle

lundi, juin 17th, 2013

Sans épine et sans parfum…

J’ai été naguère tellement déçu par la vacuité scénaristique de ce qu’il est convenu d’appeler les chefs-d’œuvre de Michael Powell, bizarres, baroques, loufoques même presque quelquefois, que Quarante-neuvième parallèle m’a à peu près intéressé. Et qu’en tout cas ce film de propagande belliciste, film de commande et de pédagogie anti-hitlérienne, m’a paru assez typique du cinéma anglais de l’époque. (suite…)

Mon père est ingénieur

mercredi, juin 12th, 2013

18386309Mauvais scénario=médiocre film.

J’imagine que pour Robert Guédiguian et son complice Jean-Louis Milési c’est à chaque fois le même casse-tête : puisque le parti-pris consiste à tourner une histoire autour de Marseille et de ses mutations, de choisir ses personnages parmi le petit peuple de l’Estaque et des cités, tout amer de la décadence du port (à laquelle ses amis du PCF et de la CGT ont tout de même largement contribué !) et de conserver un même petit groupe d’acteurs au registre toujours identique (et excellent), il faut beaucoup d’imagination pour inventer des scénarios. (suite…)

Paisa

mercredi, juin 12th, 2013

Un regard trop lointain.

Il y a là six récits, chronologiquement disposés selon les péripéties de le libération de l’Italie, entre l’été 43 et le printemps 44, mais qui n’ont pas d’autre lien entre eux que de peindre le désarroi et les incertitudes d’un pays encore très pauvre, violemment disputé entre les troupes alliées, les Allemands en reflux, les partisans et les fascistes. C’est sec et net comme une épure mais, précisément comme une épure, ça ne touche pas, au contraire de Rome, ville ouverte, film précédent et de Allemagne année zéro film suivant dans l’œuvre considérable de Roberto Rossellini. (suite…)

Indiana Jones et le temple maudit

mardi, juin 11th, 2013

Raciste et sadique ?

Il est sans doute exceptionnel qu’un récit aussi chatoyant, dont le premier épisode, sorti en 1981, avait émerveillé le monde entier, ravi de voir s’incarner une grande aventure qu’on croyait réservée aux bandes dessinées, il est exceptionnel, donc, que le deuxième volet de la série soit d’aussi grande qualité, ou presque que son prédécesseur. (suite…)

César

lundi, juin 10th, 2013

Tableau du désastre.

Comme les deux premiers films de la Trilogie, César commence par un panoramique sur l’immensité du port de Marseille ; et pourtant on n’est plus, paradoxalement, dans le petit périmètre du Bar de la Marine ; et d’ailleurs, lors de la seule séquence goguenarde et bouffonne du film, celle du chapeau melon qui recouvre un rude pavé et qui appelle à des shoots mirobolants, ce ne sont pas les quatre complices initiaux qui sont assis en terrasse. Panisse n’est plus là et César n’est pas là. Les remplacent le docteur Venelle (Édouard Delmont) et Innocent Mangiapan, le chauffeur du ferryboate (Maupi). C’est presque pareil, mais ce n’est plus pareil : vingt ans ont passé depuis Fanny, le petit garçon que Marius voulait arracher à son père nourricier est devenu un grand flandrin qui va sortir major de Polytechnique, l’eau grise des déceptions a laissé sa trace sale sur tout le monde et le confort a lassé toutes les vertueuses indignations. (suite…)

Fanny

dimanche, juin 9th, 2013

Fatalité du sacrifice.

Fanny commence exactement où Marius s’achève : le grand bateau La Malaisie qui quitte la douceur de Marseille pour les îles dorées du bout du monde. À son bord, un jeune homme égoïste et rêveur qui laisse là son pauvre bonhomme de père et la fille qui lui est promise de toute éternité, et dont il ne sait pas qu’elle est enceinte de lui. (suite…)

Marius

dimanche, juin 9th, 2013

La prison maritime.

L’épitaphe de Marcel Pagnol sur sa tombe, au cimetière de La Treille, empruntée à Virgile, porte Fontes, amicos, uxorem dilexit (Il aima les fontaines, ses amis et sa femme). C’était un être absolument doué pour la vie et le bonheur, qui en saisissait toutes les douceurs et les richesses. Et la vie, bonne fille, lui rendait bien cette grâce, en le comblant de tous ses dons, celui de faire de très bonnes affaires, sans doute mais sûrement aussi de comprendre avant tout le monde vers quoi il fallait naviguer. (suite…)

Santa Sangre

samedi, juin 8th, 2013

Pas très net…

De temps en temps l’idée me vient de regarder n’importe quoi. Ou plutôt quelque chose qui n’entre pas le moins du monde dans mon goût, mon espace intérieur, mon paysage mental. Quelque chose qui me surprend, quelquefois me rebelle, m’exaspère… ou me fascine. Moi qui n’ai vraiment rien d’un aventurier intellectuel, je devine sur les franges de mon monde des territoires inconnus, qui ne sont pas forcément hostiles, mais avec qui je n’ai rien de commun et qui, quand je les ai regardés m’interloquent tout autant qu’auparavant. (suite…)

Les Misérables

jeudi, juin 6th, 2013

La pesanteur de la grâce.

Lorsque le roman – le mélodrame ? – le plus connu, le plus chéri, le plus vaste du littérateur français le plus abondant est transposé à l’écran en grand spectacle irisé d’acteurs connus et aimés du public, comment voudrait-on que le public s’en détourne ? Surtout le public de 1958, qui ne demandait que ça et qui aimait que le cinéma français eût de l’ambition ; car si Les Misérables furent en notre pays un immense succès (presque 10 millions de spectateurs, derrière Les Dix commandements, qui en eurent 14 : faste année !), ce fut à peu près pareil en Europe et un peu plus loin (24 millions en Union soviétique). (suite…)

Marguerite de la nuit

mardi, juin 4th, 2013

Triste fleur de la nuit…

Un film un peu disproportionné, avec des tas de trucs crispants et des images belles comme tout, qui renvoient quelques propos histrioniques de la Nouvelle Vague à leur provocante vacuité. On peut d’ailleurs commencer par là et s’étonner, en s’en félicitant que Claude Autant-Lara qui ne s’était pas vraiment fait connaître par la virtuosité ou l’inventivité de ses prises de vue ait réalisé là une œuvre visuellement magnifique.

Ce qui est étrange, c’est que ce n’est pas à la suite d’une rupture avec un style particulier que Marguerite de la nuit est si beau et si bien inspiré : c’est son décorateur habituel, Max Douy qui signe les décors ; mais je serais bien intéressé de lire comment ce décorateur classique acquiert là une maîtrise, une virtuosité et surtout une originalité bluffantes. Si j’évoque la Nouvelle Vague c’est en rapport de la volonté exprimée alors par les petits jeunes de privilégier le cinéma au naturel, le filmage en extérieur, le refus du caractère sophistiqué et artificiel de la réalisation en studio. (suite…)