Si j’ai une certaine pratique et une grande tendresse pour le nanar français, je n’avais pas abordé jusque là son congénère italien. L’occasion d’une braderie de René Château a fourni le prétexte (puisqu’il me fallait compléter ma commande) et, séduit par la présence de Vittorio De Sica, et, dans une moindre mesure de Toto, j’ai acheté ce bizarre Dites 33 qui, in fine, me laisse plutôt une bonne impression. (suite…)
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Dites…33
samedi, février 16th, 2013Le couteau dans l’eau
vendredi, février 15th, 2013Dès son premier long métrage Roman Polanski marque sa réalisation par plusieurs des constantes et obsessions qu’il développera durant toute sa carrière de Cul-de-sac à Ghost writer en passant par Répulsion, Rosemary’s baby, Le locataire, Lunes de fiel, La jeune fille et la mort : le malaise qui s’insinue par un décalage insignifiant au début et dramatique ensuite, les rapports ambigus de la victime et du bourreau, le huis-clos qui les enferme souvent dans une atmosphère étouffante. (suite…)
Maigret et l’affaire Saint-Fiacre
jeudi, février 14th, 2013Retour aux sources.
Il paraît que ni Delannoy, ni Gabin ne voulaient donner une suite à Maigret tend un piège où, dans le cadre étouffant d’un Marais écrasé par la canicule, le réalisateur et l’acteur avaient pourtant réussi une osmose de qualité exceptionnelle. Et ce sont les producteurs qui ont su mettre assez de pression afin que les deux hommes se retrouvent pour la réalisation d’un deuxième épisode aussi réussi que le premier. Il y a tellement de substance, tellement de force intérieure chez le grand romancier liégeois, un des plus grands romanciers du siècle en ceci que, dès la première phrase il vous saisit et ne vous relâche jamais. (suite…)
Alceste à bicyclette
mardi, février 12th, 2013Drôle, intelligent, jubilatoire.
Beaucoup des critiques que j’ai lues après avoir vu, cette après-midi, le film, insistent sur l’exagération, le surjeu habituel de Fabrice Luchini et, sans doute détestant l’acteur, en profitent pour vouer Alceste à bicyclette aux gémonies, à tout le moins pour le trouver insignifiant, pesant ou agaçant. Moi que le jeu si particulier de l’acteur séduit plutôt, qui aime à le retrouver semblable à lui en toutes circonstances et qui n’avais aucune prévention à le voir accomplir son numéro habituel, l’ai plutôt trouvé inhabituellement sobre et maîtrisé, plutôt dans le style de l’excellent Confidences trop intimes de Patrice Leconte que dans celui du non moins excellent Dans la maison de François Ozon. (suite…)
Sleepy Hollow
lundi, février 11th, 2013Belle mise en images.
Sans avoir beaucoup de justification, je ne suis pas très à l’aise avec le cinéma de Tim Burton ; ou alors je me dis que c’est pour des raisons un peu bancales et mal étayées : parce que je me suis mis en tête que ses films sont destinés aux adolescents, en m’appuyant sur Edward aux mains d’argent, Charlie et la chocolaterie, Alice au pays des merveilles, voire Batman et que la violence et la morbidité de beaucoup de séquences me plongent en pleine interrogation et que cette ambiguïté me gêne. Mauvaises raisons donc, parce que je sais bien, par ailleurs, que l’enfance et l’adolescence se complaisent dans les chroniques et récits de terreur, que les images violentes fascinent la jeunesse davantage encore que la maturité, et que les jeunes générations, par surcroît, sont tellement familiarisées avec les pires des horreurs que je me sais en porte à faux.
Métropolitain
jeudi, février 7th, 2013Des qualités.
Je ne m’attendais pas à grand chose en glissant dans mon lecteur DVD ce petit film inconnu, acquis pour compléter une commande, du non moins inconnu Maurice Cam. En scrutant un peu la filmographie de ce réalisateur qui n’a pas laissé grandes traces, on s’aperçoit qu’il s’était spécialisé dans des comédies de quatorzième rang qui, grâce à de tout petits prétextes dramatiques ou policiers, présentaient des vedettes de la chanson sur le grand écran (Tino Rossi, Alibert ou Charles Trénet) ou des numéros de music-hall aussi variés que roublards.
Métropolitain m’a été plutôt bonne surprise, grâce à une intrigue ingénieuse et plutôt bien filmée, sans doute parce que je n’en attendais pas grand chose, sûrement aussi parce que le Paris de 1938 m’intéresse (et donc que je ne conseillerais pas évidemment pas le film à qui n’a pas une tendresse particulière pour la ville et l’époque). (suite…)
Le cuirassé Potemkine
mercredi, février 6th, 2013Épopée monumentale et un peu enquiquinante.
Désigné un temps (en 1958), par une coterie de critiques Meilleur film de tous les temps, Le cuirassé Potemkine, qui date de 1925, impressionne encore par la grandeur lyrique de la mise en scène, le souffle des scènes de foule, le sens extraordinaire qu’avait Eisenstein de composer des images à la géométrie compliquée (quelques merveilles comme, par exemple, les plans initiaux sur les hamacs des matelots qui s’entrecroisent dans les soutes du navire). (suite…)
Damien – La Malédiction II
dimanche, février 3rd, 2013Ah oui, le deuxième volet de la trilogie est presque aussi bon que le premier et si le spectateur sait désormais ce qui l’attend et frémit à l’avance des aveuglements et dénis de l’entourage de Damien, il voit aussi avec l’angoisse au cœur la progression inéluctable du Malin et de ses sectateurs. Qu’un film ne se prenne pas au sérieux est une bonne chose, mais au moins ne doit-il pas prendre des libertés avec sa propre cohérence et la logique de son sujet. C’est tout à fait le cas ici.
Si les dialogues sont assez médiocres, et nullement au niveau de l’aventure terrifiante contée, le scénario est habile et retors. Il est par exemple excellent que Damien (Jonathan Scott-Taylor) ne prenne conscience que très graduellement de sa nature et de son identité, qu’il y soit progressivement initié par tous ceux qui veillent sur lui et qui attendent avec constance et fanatisme sa révélation et son éveil ; et pas mal, non plus, qu’il s’accroche, en une dernière tentative, à sa vie d’avant en essayant d’y associer Mark (Lucas Donat) qui vient de découvrir que son frère nourricier est le fils de Satan. (suite…)
Le deuxième souffle
samedi, février 2nd, 2013Film froid.
Quatre très grands films policiers réalisés par Jean-Pierre Melville : Le Doulos en 62, Le deuxième souffle en 66, Le samouraï en 67, Le cercle rouge en 70. Un cinéma de plus en plus épuré, hiératique, marmoréen, tragique. Des films sans gaieté, sans espérance, sans érotisme. Des films pesants, graves, sombres à qui l’on pourrait presque reprocher de temps en temps de se prendre un peu au sérieux, mais dont la constance dramatique porte l’œuvre du réalisateur au premier rang du cinéma français. (suite…)
Barbarella
jeudi, janvier 31st, 2013Délirant ? Ou finalement assez sage ?
J’ai regardé Barbarella hier avec l’esprit d’ouverture recommandé par certains amateurs, avec l’indulgence narquoise du type à-qui-on-ne-la-fait-pas et avec la volonté de jauger à un nombre considérable de degrés le film de ce sacripant viveur de Roger Vadim qui avait pour lumineuse caractéristique celle d’avoir emballé les plus séduisantes filles du monde (parmi les liaisons et unions notoires, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Jane Fonda, et même Marie-Christine Barrault : joli palmarès !).
J’ai regardé tout en me souvenant que lors de la sortie du film, à la fin de 1968, j’avais été passablement frustré, parce que j’attendais bien davantage d’un réalisateur, qui avait été autrement plus audacieux lors du tournage de Et Dieu… créa la femme, qui date tout de même de douze ans auparavant et d’une époque bien plus pudibonde. Par rapport à ce film qui révéla Bardot et qui est d’une sensualité chaude et troublante malgré ses immenses défauts, Barbarella m’avait semblé être – et me paraît toujours – un exercice finalement assez anodin, moins fait pour scandaliser le bourgeois que pour rafler la mise financière. (suite…)