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Zombie

vendredi, janvier 11th, 2013

Légèrement écœurant.

Autant le dire d’emblée, le Zombie n’occupe pas, dans mon bestiaire des créatures horrifiques, une place éminente et passe bien après les suppôts de Satan, les vampires, les maniaques sanguinaires et même les loups-garous. Leur côté pauvres victimes innocentes d’un Mal qui leur est tombé dessus comme la misère sur le pauvre monde m’agace même assez. Mais ils font indéniablement partie du genre depuis La Nuit des morts-vivants et tout amateur de  sanguinolence se doit de les fréquenter un peu.

Zombie jouit d’une grande notoriété, due apparemment à ses démêlés avec la censure française et à l’invraisemblable quantité de cervelles écrabouillées, de tripailles fumantes exhibées, de litres d’hémoglobine répandus, de tibias et d’humérus mastiqués. Autant dire qu’avec ces images d’une crudité naïve, et pourtant à la fois souvent insoutenable. On fait naturellement aujourd’hui beaucoup mieux dans le terrifiant et dans l’immonde, parce que les effets spéciaux ont gagné considérablement en qualité, mais aussi parce qu’on s’est habitué à l’horreur ; peut-être un peu trop d’ailleurs. (suite…)

Paris clandestin

vendredi, janvier 11th, 2013

Point limite.

Le texte de présentation du boîtier du DVD précise qu’il s’agit d’une série B de style Midi-Minuit. Et c’est en pleine connaissance de cause que je me suis repu de ce cinéma spécialisé, qui porte le nom d’une salle du boulevard Poissonnière, qui passait, aux temps rigolos de la censure, des films d’horreur et des films coquins.

Que le cochon qui sommeille en la plupart d’entre nous ne s’éveille pas pour autant ! Un film coquin de 1957 c’est, à l’aune des évolutions constatées après 68, une œuvrette qui pourrait passer en prime time sur une chaîne de télévision et même lors d’un mercredi après-midi pluvieux. Les bambins scotchés devant leur poste n’y apprendraient rien qu’ils ne sachent déjà et aient abondamment vu. Il y a deux ou trois numéros de music-hall où les danseuses se montrent seins nus, des personnages qui ne dissimulent pas leur infidélité conjugale, quelques visions de bars à hôtesses complaisantes, et c’est à peu près tout. Ceux qui entraient dans les salles obscures pour mâter ce genre de films devaient bien se contenter de ce service minimum. (suite…)

J’ai toujours rêvé d’être un gangster

dimanche, janvier 6th, 2013

Quelle prétention !

Voilà un film qui laisse pantois. Surtout pas d’admiration. Mais pas davantage d’agacement ou d’ennui ou d’exaspération : c’est bien pire ! Il n’est pas hypnotique, mais somnifère, il n’est pas insignifiant, il est abyssal de prétention sous des couverts de modestie. (suite…)

The chaser

vendredi, janvier 4th, 2013

Du sang sous la pluie.

J’avais déjà remarqué, en commentant The Host, un des très rares films coréens que j’aie vus, que Séoul était une ville hideuse et que le Pays du matin calme était également celui du jour pluvieux. The Chaser me permet de confirmer cette vision anti touristique au possible et de recommander à ceux qui auraient l’idée saugrenue d’aller traîner leurs guêtres dans ces extrémités perdues du monde de troquer cet élément vestimentaire contre une solide paire de bottes en caoutchouc. (suite…)

Le port de l’angoisse

mercredi, janvier 2nd, 2013

Drôle d’endroit pour une rencontre.

Si le film n’était celui où se sont rencontrés, découvert, aimés un couple, légende vivante du cinéma, Humphrey Bogart et Lauren Bacall, qu’en resterait-il ? Le supplément du DVD indique que Howard Hawks avait fait avec Ernest Hemingway une sorte de pari, celui d’adapter ce qu’il considérait son plus mauvais roman, En avoir ou pas. Et de fait, et malgré la transposition de l’intrigue, qui abandonne Cuba et des clandestins chinois pour la Martinique et des résistants français, l’histoire est d’une grande insignifiance et se traîne sans jamais accrocher. (suite…)

Le Hobbit : un voyage inattendu

mardi, janvier 1st, 2013

Stupéfiant !

Je me suis assis tout à l’heure dans une salle de cinéma dotée de tous les prestiges (et les mirages !) de la haute technologie d’aujourd’hui : un écran très large, des haut-parleurs dans tous les sens (dessus, dessous, derrière, à gauche, à droite) et, sûrement une projection numérique. Pour la première fois de ma vie, j’ai posé sur mes bésicles une épaisse paire de lunettes parce que le film était diffusé en 3 D. J’étais bien sceptique sur le procédé et me serais volontiers passé de l’innovation, mais la salle proche de chez moi où Le Hobbit était projeté n’offrait pas d’alternative. (suite…)

L’arnaqueur

dimanche, décembre 30th, 2012

18455729L’eau grise.

L’eau grise, insidieuse, calme et inarrêtable qui monte sans discontinuer. Qui ne laisse pas la moindre espérance. Un désastre, en fin de compte. Bien pire, en fin de compte que dans L’homme au bras d’or, film sur la dépendance à la drogue et sur le talent pour le poker. Car L’arnaqueur n’est pas un film sur le jeu de billard, malgré ses regards presque documentaires sur ces salles sombres, enfumées, alcoolisées où se jouent des paris de plusieurs milliers de dollars au cours de parties qui durent des journées entières. (suite…)

Les deux tours

dimanche, décembre 30th, 2012

Épisode intermédiaire décisif.

Eh bien, ça m’arrache le cœur de le reconnaître, mais je me suis planté en écrivant, sur le premier épisode, La Communauté de l’anneau, que le second était moins réussi. Ceux qui n’étaient pas de mon avis ont  bien raison de valoriser Les deux tours que j’ai trouvé, à la revoyure, beaucoup plus subtil, intelligent et habile que je ne me le rappelais. (suite…)

La chair et le sang

samedi, décembre 29th, 2012

Cruautés, outrances, excès de qualité.

Long carnage sanguinolent peut-on dire… Et, en même temps cheminement violent, jamais lourd ni pesant vers un demain qui ne sera guère meilleur qu’aujourd’hui… Peu de films font ressentir autant que celui-là la dureté de l’époque balbutiante qui s’édifie sur les décombres du Moyen-Âge et qui va, pendant plusieurs siècles encore, s’incruster au milieu de l’Europe…

Si Verhoeven titre, à la fin de son générique 1501 – Quelque part en Europe, cette Europe-là est sûrement celle des terres mal gouvernées des confins de l’Empire romain germanique, possiblement dans l’Italie du Nord (le patronyme Arnolfini, qui est celui du potentat du coin est typique). Ravagée par l’absence d’État, par la peste et les Grandes compagnies, la contrée vit dans l’entrechoc des bandes qui le ravagent, mélange de reîtres et de ribaudes qui se vendent au plus offrant et dévastent au hasard de leurs errances tout ce qui peut leur permettre de survivre. (suite…)

La peau douce

lundi, décembre 24th, 2012

Un Truffaut d’excellence.

Si l’on en croit Serge Toubiana, qui intervient en préambule sur le DVD,  La peau douce a été, à sa sortie, un échec public et critique. On se demande bien pourquoi, tant cette histoire triste, simple et prenante, interprétée à la perfection par Françoise Dorléac et Jean Desailly avait tout pour séduire dès 1964. Qui en contesterait aujourd’hui l’extrême qualité ?L’histoire a été écrite, paraît-il, en quelques semaines, rassemblant les fils ténus et disparates de bribes d’expériences vécues par Truffaut ou ses amis, d’une affaire criminelle qui avait défrayé la chronique, et de la pure fiction. On ne dirait pas que ce soit aussi composite tant il y a de souplesse et d’élégance, tant de véracité et de cohérence dans ce récit mauve et gris de deux fragilités qui se rencontrent par une suite de hasards rares, mais en rien invraisemblables et qui vont cahin-caha vers une fin douloureuse. Je regrette simplement un peu le côté emphatique, théâtral de l’assassinat terminal par la femme trompée (Nelly Benedetti), qui aurait pu être moins inutilement spectaculaire, voire ne pas intervenir, le gâchis des vies menées par les trois personnages principaux étant déjà suffisant. (suite…)