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36 quai des Orfèvres

vendredi, janvier 24th, 2020

Histoires dans la nuit.

C’est là un film curieux, cousu de grosses ficelles, mal fagoté, avec des invraisemblances tellement outrancières qu’elles rappellent celles des romans-feuilletons du 19ème siècle. Mais en même temps, paradoxalement, il y a dans d’autres séquences, un réalisme parfait des situations ; ainsi l’attaque du fourgon bancaire du début, ainsi l’extrême violence de la plupart des protagonistes (je ne parle pas gratuitement, ou sur la foi d’impressions : il se trouve que, professionnellement j’ai jadis approché le milieu policier, sans pour autant en faire partie). (suite…)

Les ailes du désir

mardi, janvier 21st, 2020

Les anges de l’ennui.

Voilà un monument d’ennui et de prétention qui a eu un très grand succès, critique – ce qui n’a rien d’étonnant – mais aussi, paraît-il, public, ce qui m’étonne et me fait songer à un de ces effets de mode qui font que le spectateur féru de France-Culture et des théâtres subventionnés se ferait tuer sur place plutôt que d’avouer qu’il s’est copieusement enquiquiné. On pourra dire tout ce qu’on veut sur la fluidité de la mise en scène et la qualité de la photographie – choses à quoi l’amateur ne fait pas attention, lorsque le film l’émerveille -on se demande à quoi rime cette pérégrination à prétention métaphysique dans un Berlin hideux et bariolé. (suite…)

Invasion Los Angeles

vendredi, janvier 17th, 2020

Foire des ténèbres.

On comprend assez bien que le réalisateur John Carpenter bénéficie d’une certaine aura dans le domaine vaste du cinéma de genre. C’est convenablement construit et mené, c’est de l’ouvrage passable, assez solide toutefois pour résister à la vision après quelques décennies et il y a quelques situations et images originales qui font qu’on ne peut pas tout à fait négliger le film qu’on regarde, même si on en voit bien les insuffisances et les roublardises. En d’autres termes on n’est pas dupe, mais on ne demande pas mieux que se laisser avoir par le fil du récit présenté. (suite…)

Une vie cachée

mardi, janvier 14th, 2020

La moisson du Ciel.

Que se passerait-il vraiment si ceux qui se disent chrétiens – et dont je suis ou que j’essaye d’être – suivaient vraiment la Parole divine et mettaient vraiment en pratique ce qu’ils lisent dans l’Écriture ? Comment serait la Terre si ceux-là avaient seulement le grain de Foi qui permettrait de déplacer les montagnes, selon le propos du Christ rapporté par les Évangiles de Matthieu (17.20) et de Marc (11.23) ? (suite…)

Le village

lundi, janvier 13th, 2020

Le creux de la vague.

J’ai rarement vu un film au scénario aussi décevant, un film qui ne commence pas mal du tout mais qui, au fur et à mesure qu’il se déroule, se révèle de plus en plus fuligineux ; un film qui devient, dans son dernier quart d’heure, un monument d’ennui et de ridicule et qui suscite une interrogation un peu scandalisée du type Tout ça pour ça ?. Une idée de départ qui en vaut bien une autre, une atmosphère puritaine pesante qui laisse imaginer de lourds secrets fantastiques et finalement une supercherie bêtifiante à quoi on ne parvient pas à croire une seule minute. (suite…)

Top of the Lake

dimanche, janvier 12th, 2020

Cinq mois chez les sauvages.

Je ne suis pas très familier avec ce qui semble, depuis une vingtaine d’années, remplacer le classique film de cinéma : c’est-à-dire ce qu’on appelle les séries et que je persiste à nommer feuilletons lorsque les scénarios ne sont pas indépendants les uns des autres et doivent se voir successivement, de la présentation des personnages à l’épilogue. Je ne sais pas très bien pourquoi le genre s’est imposé avec tant de force et paraît séduire tant de publics de toute nature. Peut-être la durée relativement restreinte (moins d’une heure) de chaque segment, durée qui se conjugue avec, en sens inverse, la longue durée de l’histoire répartie sur de nombreux épisodes voire plusieurs saisons. (suite…)

Jenny

mercredi, janvier 8th, 2020

Le traité du vain combat.

Premier long-métrage de Marcel Carné, première collaboration avec Jacques Prévert, mais aussi avec Joseph Kosma à la musique, Jean d’Eaubonne aux décors, Roger Hubert à la photographie. Prémisses et prestiges de l’âge d’or du cinéma français. Un beau mélodrame à sentiments et personnages outrés, à déroulements évidents et où ne manque pas même la goutte de fiel terminale. Ça n’échappe pas toujours à la grandiloquence et au romanesque de la malédiction des filles perdues, mais ça fonctionne plutôt bien, propulsé par le talent des acteurs et la qualité des dialogues. (suite…)

Au hasard Balthazar

mardi, janvier 7th, 2020

Poussières du Rien

Qu’ils soient de l’enquiquinant Robert Bresson ou bien d’autres hiératiques, hautains, encapuchonnés réalisateurs, des films comme ça me semblent réservés à des spectateurs qui sont tout fiers de pouvoir, avec une certaine jactance, proclamer leur bon goût. Et aussi d’ajouter que ce genre de spectacle est destiné à une minorité intelligente, subtile, habituée à la réflexion existentielle et au cheminement élitiste. Autrement dit à l’élite qui sait mieux que vous ce qu’est véritablement le cinéma. J’ai entendu ce genre de propos, j’ai vu ce genre d’attitude mille fois, il y a cinquante ans et davantage, arborés par mes alors jeunes contemporains qui n’avaient que mépris pour Lautner ou Verneuil et se gargarisaient de Bergman, d’Antonioni ou de Resnais. (suite…)

Huit et demi

samedi, janvier 4th, 2020

Une aussi longue absence.

Je me souviens encore très précisément de l’atmosphère qui régnait, dans une chaude nuit de l’été 1963, à la sortie du cinéma Casino de Digne, ma ville natale, où je passais rituellement mes vacances d’été. Nous devions bien être une dizaine de camarades, filles et garçons mêlés, et nous avions 16 ou 17 ans. Il me semble que nous n’étions pas très nombreux à avoir vu déjà La dolce vita – sans y comprendre grand chose – et je devais être le seul à connaître Les tentations du docteur Antonio du film à sketches Boccace 70, que j’avais pris comme une vaste rigolade. Mais, pour les jeunes péteux que nous étions, soucieux d’intellectualisme, le nom de Federico Fellini était comme une sorte de vache sacrée, quelque chose à quoi il n’est pas concevable de s’opposer.

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L’étrange histoire de Benjamin Button

vendredi, janvier 3rd, 2020

Love story.

Je suis assez étonné que tant de bons esprits attachent de l’importance à ce film bien larmoyant, extrêmement long (près de trois heures), ce qui, en soi, ne serait pas grave, mais surtout terriblement lent. Je m’empresse d’emblée de dire que je n’ai absolument rien contre le cinéma du réalisateur David Fincher, dont j’ai plutôt apprécié Seven et Gone girl et dont je n’ai pas détesté Fight club ou Panic room.

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