Guet-apens

décembre 11th, 2023

À mille à l’heure.

Il y a longtemps que je ne m’étais pas régalé devant un film ! Ce qui ne veut pas dire que j’ai trouvé sans défauts Guet-apens dont le scénario est emberlificoté, souvent absolument invraisemblable et qui repose presque exclusivement sur les épaules de Steve McQueen qui, il est vrai, sont de grandes et belles dimensions. Car Ali MacGraw est bien jolie, mais son jeu est plutôt diaphane : en tout cas, elle ne laisse pas grande trace dans l’imaginaire. Quant au reste des acteurs, s’il y a quelques trognes redoutables (Ben Johnson ou Al Lettieri) ils n’accrochent pas vraiment la lumière, ce qui est bien dommage pour les rôles de méchants. Read the rest of this entry »

Le diable par la queue

décembre 8th, 2023

« Je suis amoureuse, mais je ne sais pas de qui… »

Au fait, si vous recherchez un peu la signification et l’origine de l’expression Le diable par la queue, vous pouvez tomber sur celle ci-après, qui me semble correspondre assez bien au tour, à l’esprit et au déroulement du récit du film… Car qu’est-ce que ça peut pouvoir dire, Le diable par la queue au-delà du simple être dans le plus complet dénuement ? Eh bien, si l’on va un peu plus loin, on trouve que celui qui tire la queue du diable est quelque miséreux qui aurait recours au Malin afin que ce dernier exauce ses faveurs et qui refuserait de lui lâcher la queue tant qu’il n’aurait pas répondu à ses demandes. Et comme Philippe de Broca, le réalisateur, et Daniel Boulanger, le scénariste étaient des hommes à la fois extrêmement spirituels et extrêmement cultivés, il ne m’étonnerait pas – vraiment pas du tout – qu’ils aient choisi ce titre dans cette optique particulière.

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Le sorcier du ciel

décembre 4th, 2023

À l’usage des patronages d’antan.

C’est vraiment très, très difficile de faire passer à l’écran ce que peut être la ‘’Sainteté’’ ; très difficile de montrer, même de loin, cette grâce incroyable, de la faire entrevoir. Je ne connais guère que Thérèse, le merveilleux film d’Alain Cavalier qui s’en approche. Aussi, comme on ne peut pas vraiment représenter la Sainteté, on tente de s’en approcher, à travers les vies de saints, qui sont plus anecdotiques. Certaines sont réussies, même davantage : Le chant de Bernadette d’Henry King (1943), Monsieur Vincent de Maurice Cloche (1947) ou Hiver 54; l’abbé Pierre de Denis Amar, Mais il y a aussi tant d’autres nullités comme Miracle à Cupertino d’Edward Dmytryk et tant d’autres sulpicionnaiseries. Le bon peuple demande généralement des gentillesses melliflues, rarement la dureté fouettante de la Foi. Read the rest of this entry »

Testament

novembre 29th, 2023

Sous l’œil des barbares.

Le Québécois Denys Arcand a posé d’emblée les bases, de façon très littéraire, très intelligente et même très intellectualisée : Le déclin de l’empire américain en 1986 et sa suite immédiate (si j’ose écrire) 18 ans plus tard, Les invasions barbares. On perçoit qu’on n’est pas dans l’exaltation heureuse, davantage dans ce que j’avais appelé la course à l’abîme qu’est la gangrène mentale du Monde occidental dans mon avis sur le deuxième film et son épuisement vital. Pourquoi pas, après tout ? Nous avons dirigé le monde pendant mille ans ; il est possible qu’il soit équitable de laisser la place à d’autres (et, dans cette optique,les trois dernières minutes de Testament, que je ne dévoilerai pas, ouvrent des pistes, qui se situent en 2042). Read the rest of this entry »

Faubourg Montmartre

novembre 25th, 2023

Les beaux mélos du temps jadis.

Raymond Bernard avait déjà atteint une assez belle notoriété (Le miracle des loups en 1924), lorsqu’il réalisa son premier film parlant avec Faubourg Montmartre en 1931. Sa carrière se développa ensuite avec amplitude : Les croix de bois en 1932, Tartarin de Tarascon en 1933, surtout Les Misérables en 1934 ; beaucoup prétendent que c’est là la meilleure adaptation du roman de Victor Hugo ; ce n’est pas du tout mon avis, d’ailleurs. Puis, assez curieusement, cette carrière s’infléchit et baisse de ton, sans qu’il y ait d’ailleurs un rapport avec la césure de la Guerre qui a modifié tant de destins. Mais Marthe Richard au service de la France en 1937, Un ami viendra ce soir en 1946 et surtout (surtout !) La belle de Cadix avec Luis Mariano en 1953 sont d’un niveau plutôt médiocre. Read the rest of this entry »

Inception

novembre 24th, 2023

James Bond contre Sigmund Freud.

À la lecture de la très très longue page qui a été consacrée à Christopher Nolan sur Wikipédia, je me suis dit que je devrais sacrément apprécier le réalisateur. Je partage son goût prononcé pour les tentatives de Jorge luis Borges de changer la réalité littéraire, j’apprécie les gravures, les architectures déconcertantes, paradoxales de M. C. Escher, le cinéma labyrinthique et quelquefois opaque de Stanley Kubrick et de David Lynch… Tous artistes qui décontenancent, désarçonnent, déroutent même souvent. Je devrais apprécier Nolan ; je devrais peut-être en voir davantage. Je n’ai qu’un très mauvais souvenir – mais assez ancien – de Memento, j’ai trouvé sans aucun intérêt Le prestige, vu récemment ; j’ai apprécié Dunkerque,mais, si j’ai bien compris, c’est un peu un contre-exemple dans la filmographie du bonhomme. Read the rest of this entry »

Monsieur Klein

novembre 22nd, 2023

Le jardin des bêtes sauvages.

Un film assez largement surestimé grâce à ses séquences finales qui sont absolument abominables et qui donnent, peut-être mieux que des images de violence extrême, l’idée de ce qui a pu saisir des gens de toute sorte entraînés malgré eux par un cataclysme.

Dans un stade qui pourrait évoquer le Vel d’Hiv de juillet 1942 mais qui est à l’air libre, voilà une sorte de flot immonde que les autorités poussent, comme ils le feraient d’ordures, vers une affreuse conclusion. Mais pour en arriver là, que de circonvolutions ! Et beaucoup d’entre elles ne se rattachent pas aux horreurs qui ont existé en France au milieu de la Guerre. Read the rest of this entry »

Journal d’un curé de campagne

novembre 18th, 2023
Vu de trop haut.

Déjà, faut dire que le Journal d’un curé de campagne n’est pas un film d’aventures, ni de cancans, ni de grasses et putassières allusions. Parce qu’on y parlerait de prêtres. Rien à voir avec Clochemerle, avec Mon curé chez les riches, ni avec Don Camillo. Encore moins avec Mon curé chez les nudistes. Rien à voir. Rien du tout. Une aventure spirituelle tendue, difficile, austère, rogue qui demande qu’on ait de l’intérêt pour les misérables questions de la Grâce, de l’ouverture, de la Charité, de l’impuissance de donner à ceux qui vous entourent ce qu’on voudrait leur donner. Un film sur la solitude ; pire : sur la glaciation de la solitude et sur la capacité de désespérer. Voilà déjà qui n’est pas bien séduisant, n’est-ce pas ? Rien de distrayant, d’attirant, de facile, de réjouissant. Pas le moindre espace de tendresse ou de sourire.

Je vais craquer

novembre 13th, 2023

Qui est in ? Qui est out ?

Un film qui est presque aussi accablant et désespérant qu’une comédie italienne de la grande époque ; un film qui fait qu’on se moque, qu’on rie, qu’on ridiculise le personnage principal, Jérôme Ozendron (Christian Clavier), qui a toutes les raisons de l’être, moqué, ridiculisé, méprisé mais qu’on retrouve, frère humain, dans l’épouvantable situation de la vie. Un peu comme à la fin des Visiteurs lorsque Jacques-Henri Jacquart, le descendant de Jaquouille-la-fripouille, se retrouve expulsé de sa tranquillité moderne au 12ème siècle (peu de choses me glacent autant que cette course terrifiée de Jaquouille vers le donjon du seigneur, vers la vie affreuse qu’il va devoir vivre, homme de notre temps abandonné aux horreurs du haut Moyen-Âge).
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Crash

novembre 13th, 2023

De sperme et de sang.

Du temps (il y a déjà un demi-siècle, doux Jésus !), du temps où je lisais toute la littérature de science-fiction qui paraissait en France, j’avais déjà un peu de mal avec les romans de J.G. BallardLe monde engloutiSécheresseLa forêt de cristal ; plus tard I.G.H., ça me laissait un malaise désagréable, une trace malsaine. Et entretemps, il y avait eu Crash qui m’avait à la fois décontenancé et légèrement dégouté. J’aurais donc bien dû me dire que l’adaptation de cette histoire violente, glaçante, scandaleuse par David Cronenberg, qui n’est pas particulièrement réputé pour sa délicatesse et son bon goût, me dérangerait passablement. De fait, j’ai reçu la dose que je craignais bien devoir recevoir et je sors de la vision du film avec une aigre impression. Read the rest of this entry »