Galéjades, œillades et fusillades.
Je n’irai pas jusqu’à dire comme Bertrand Tavernier,dans le supplément du DVD, que Justin de Marseille confine au chef-d’oeuvre, mais c’est un film drôlement intéressant et surtout très surprenant, alliant galéjades (un peu) et thriller (beaucoup) dans une sorte de juxtaposition tout à fait inédite. Je n’ai pas en tête, de fait, un film où le réalisateur passe avec autant de facilité et de fluidité d’un parcours émaillé de bons mots et de propos presque pagnolesques à une histoire de gangsters rondement menée et sacrément bien filmée, avec des plans originaux, marquants, toujours accordés à merveille au discours et à la suite de l’action. Du rythme, du souffle, de la vivacité ! On n’est guère, en 1934, qu’aux débuts du cinéma parlant, mais déjà les dialogues, la musique, la chanson même accompagnent avec beaucoup de talent et d’élégance cette histoire où s’entrecroisent guerre des gangs, évocation du Marseille d’avant-guerre et presque reportage sur le maquereautage d’une pauvre fille naïve heureusement sauvée par un Milieu qui était encore chevaleresque (à dire vrai, c’est sans doute là la faiblesse du film : comment croire à la rectitude du Milieu, qui a toujours fait son miel des gamines dont le regard s’illumine dès qu’un barbeau leur parle des étoiles ?). (suite…)