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Marie-Jo et ses deux amours

jeudi, mai 2nd, 2013

afficheLe petit désastre illustré.

Quand je parle de petit désastre illustré en évoquant Marie-Jo et ses deux amours, ça ne s’adresse pas à la maîtrise du récit, ni à la façon de filmer, ni à la régulière beauté photogénique de Marseille, ni au jeu des acteurs. Mais bien à la trame du film, à la triste décomposition d’un équilibre impossible, à la tragédie inéluctable de la situation.

À force de faire tourner ensemble Ariane AscarideJean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, il ne pouvait qu’être évident à Robert Guédiguian d’élaborer une histoire où Marie-Jo, femme aimante de Daniel-Darroussin serait en même temps éperdument amoureuse de Marco-Meylan. À une autre époque, à un moment différent de son parcours intellectuel et artistique, il aurait été possible de réaliser une joyeuse utopie partageuse, presque bon enfant où les deux hommes se seraient entendus comme larrons en foire et auraient partagé leur amoureuse. Mais cela, c’était avant, au moment des espérances et des rêveries révolutionnaires… (suite…)

Le bon, la brute et le truand

mercredi, avril 24th, 2013

Picaresque, fou…

Est-ce qu’il n’est pas un peu dommage de découvrir, comme je l’ai fait, la Trilogie du dollar après l’admirable Il était une fois dans l’Ouest, aboutissement et ultime étape d’un genre essentiel au cinéma ? Sans doute aurais-je préféré faire connaissance des innovations formidables que Sergio Leone a apportées en commençant par le début. Je n’ai jamais vu Pour une poignée de dollars ; j’ai apprécié sans enthousiasme Et pour quelques dollars de plus ; me restait à revoir Le bon, la brute et le truand, qui m’a semblé nettement supérieur au film qui l’a précédé, sans pour autant atteindre les sommets. (suite…)

Les sentiers de la gloire

samedi, avril 20th, 2013

Culottes de peau et claquements de talons.

Si le talent à en décrire l’absurdité pouvait supprimer la guerre, il y a longtemps que ce serait chose faite. Et que Les sentiers de la gloire y auraient joué leur éminente partie. Mais enfin, depuis que le monde est monde, la paix radicale, universelle et partagée ne progresse pas beaucoup, la guerre changeant simplement de nature et d’orientation en fonction de la période vécue ; c’est ainsi que l’anéantissement des populations civiles, qu’on croyait réservé aux âges barbares, s’est beaucoup amélioré durant les cent dernières années et que les noms de Coventry, Dresde, Hiroshima, Nagasaki régentent nos mémoires et que nous devons nous habituer à des événements aussi incongrus que la disparition du World Trade center. (suite…)

Copie conforme

vendredi, avril 19th, 2013

Jouvet en double, c’est un régal !

D’une grande habileté, d’une grande efficacité, narquois, goguenard, spirituel, Copie conforme est bien des coudées au dessus du pâlot Entre onze heures et minuit, d’Henri Decoin qui lui rend, d’ailleurs, un hommage direct en le citant à son tout début. Clin d’œil de révérence, qui ne prend même pas la peine de dissimuler les emprunts dans l’intrigue et dans la construction du film. C’est même assez curieux, tant il y a de scènes et de situations à l’identique, par exemple l’échange (si l’on peut dire) des deux sosies lors d’une soirée dans un cabaret chic, la belle amie (Suzy Delair ici, Madeleine Robinson là) ne s’apercevant de rien, mais s’étonnant tout de même de la douceur et de la bienveillance nouvelles de son amant… (suite…)

Tucker et Dale fightent le mal

mardi, avril 16th, 2013

19850268Surprenant !

J’ai capté ça hier soir presque par hasard, par flemme de trouver autre chose ou de réfléchir quel DVD me ferait plaisir de regarder. Et je suis resté jusqu’au bout parce que c’est amusant, pas sérieux pour un sou et surtout – à mes yeux – inhabituel, la bouffonnerie de potaches se mêlant aux images gore. (suite…)

Anna

lundi, avril 15th, 2013

La décennie prodigieuse.

J’en ai marre d’attendre infructueusement la sortie en France de Soleil trompeur 2, indéfiniment repoussée ! Et cela sûrement parce que Nikita Mikhalkov, toléré par l‘intelligentzia germanopratine lorsqu’il faisait partie des opposants, y est désormais vilipendé pour ses liens avec le régime russe. Alors je me suis repassé Anna où le réalisateur couple, pendant dix ans, l’évolution de sa fille aînée, âgée de six ans au début du film, avec la métamorphose invraisemblable et cataclysmique connue par son pays pendant la même décennie. (suite…)

La fille publique

vendredi, avril 12th, 2013

L’amour n’est pas facile.

Le titre violent du film de Cheyenne Carron ne prend toute sa signification que lorsque l’on sait que c’est sa propre histoire qu’elle met en images. L’histoire de Yasmeen, petite fille abandonnée par ses géniteurs originaires de Kabylie presque dès sa naissance et élevée par une famille d’accueil dans un bourg proche de Valence, avec sa sœur, à peine plus âgée, un petit frère adoptif sourd qui vient du Guatemala, et les deux enfants naturels du couple, un garçon, et une petite fille. (suite…)

Furyo

mercredi, avril 10th, 2013

Tout de même assez chtarbé…

Les parutions de films que j’ai envie de voir ou revoir se faisant rares, je suis bien contraint, pour avoir ma dose de cinéma, d’aller plonger dans des recoins jusqu’alors inexplorés, ou mal connus de ma DVDthèque et de regarder un machin bizarre comme ce Furyo, acquis je ne sais quand ni pour quelle raison…

Les habitués de mes foucades se rappellent sans doute le peu de goût que j’ai pour le Japon, le pays du Soleil levant me semblant davantage ressembler à une contrée habitée par des gens animés de mouvements browniens incompréhensibles qu’à un endroit civilisé (je n’irai tout de même pas jusqu’à approuver les propos de notre ancien Premier ministre, Mme Édith Cresson comparant les Nippons à des fourmis). (suite…)

Asphalte

samedi, avril 6th, 2013

Faut jamais revenir !

Au milieu des années 50, au moment où la grande prospérité se préparait, la France a découvert qu’elle avait une jeunesse. Je dis bien Une jeunesse, et non pas simplement Une enfance, tranche d’âge déjà bien connue au cinéma et montrée avec virulence (Zéro de conduite), tendresse (Les disparus de St-Agil) ou niaiserie (La cage aux rossignols). Une jeunesse et, tant à faire, une jeunesse à problèmes. (suite…)

Le hussard sur le toit

vendredi, avril 5th, 2013

Mortelle randonnée.

Dans le supplément du DVD, la fille de Jean Giono, Sylvie, dit qu’elle a conseillé à Jean-Paul Rappeneau qu’il ne pourrait réussir son film qu’en trahissant totalement le roman, mais en conservant la hauteur des personnages ; c’est en tout cas ainsi que Giono aurait procédé s’il avait pu réaliser une adaptation, à quoi il a longtemps songé.

C’est très difficile, presque impossible d’adapter un texte de Giono, même les plus apparemment simples, ceux de la première période, celle d’avant la guerre. Lorsque Marcel Pagnol tourne JofroiAngèleLa femme du boulangerRegain, il tire les récits de Giono tellement à lui qu’il parvient à les dénaturer – quelquefois de façon particulièrement intéressante – et à se les approprier, à les incorporer à son propre univers. D’où l’animosité durable que nourrira Giono, d’où le refus de sa fille, aujourd’hui, de permettre la réédition DVD de ces quatre films. (suite…)