Que cette gentille, plaisante, attendrissante petite fable ait obtenu tant d’éloges et ait reçu tant de récompenses (en tout cas tant de nominations à ces récompenses alors si recherchées, Oscars, Golden Globe et tout le toutim apprécié des professionnels de la profession) dit surtout l’époque heureuse de sa réalisation, l’optimisme débordant qui avait envahi le Nouveau Monde…
L’année 1946 a beau être celle ou le Rideau de fer se met en place et si le lucide Churchill le désigne ainsi lors d’un discours en mars, les États-Unis, dans la grande euphorie qui a suivi la victoire sur les barbares coalisés, la supériorité scientifique et militaire absolue, la prospérité recouvrée après les longues années de dépression, puis de guerre, et l’aveuglement, assez partagé, sur la véritable nature du communisme et la folie sanguinaire de Staline, se doivent de donner au monde un message positif, consensuel, un peu larmoyant, mais où le courage et – surtout ! – la vertu sont récompensés.