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The Fabelmans

lundi, mars 13th, 2023

Telle est la vie des hommes…

Quelle est la part de fiction, quelle est la part d’autobiographie dans The Fabelmans ? Qu’est-ce que Steven Spielberg a inséré de sa vie, qu’est-ce qu’il a inventé dans ce très beau film qui relate avec talent et tendresse l’émerveillement d’un gamin devant la capacité du cinéma à créer un monde ? Car le film est bien cela : l’irruption dans une jeune tête de la magie du Septième art, de ce qui, selon le mot de Paul Vecchiali ne doit pas être une évasion, mais une invasion. Dès le début du film, devant l’accident de train qui est une des séquences très fortes de Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille (1952), le gamin Samuel Fabelman (Gabriel LaBelle), un enfant de cinq ans est sidéré, stupéfié, englouti devant ce que les images animées peuvent évoquer. Et fasciner, et faire vivre. (suite…)

Se souvenir des belles choses

samedi, mars 11th, 2023

Les anneaux d’Alzheimer.

Moi qui apprécie davantage les trucs désespérés, désespérants, ou même sordides, voilà que j’ai été bien touché par cette histoire triste, émouvante que j’ai trouvée sans mièvrerie. Cela malgré la sensibilité du sujet qui aurait pu bien facilement tomber dans l’emphase larmoyante. La graduelle descente de Claire Poussin (Isabelle Carré) dans la nuit d’Alzheimer et l’histoire d’amour qu’elle noue malgré tout avec Philippe (Bernard Campan), voilà qui est délicat à tourner. D’autant que Claire est une jeune femme sage, douce, fragile qui n’a que 32 ans. Et que Philippe souffre de troubles de la mémoire à la suite d’un accident de voiture où il a tué sa femme et son petit garçon. (suite…)

The town

samedi, mars 11th, 2023

Chiens perdus sans collier.

Je ne suis guère adepte de ce type de cinéma hollywoodien, policier, méchant et violent ; les bisbilles entre les policiers municipaux et fédéraux me laissent sans voix et leurs méthodes m’émerveillent ; moins, à vrai dire quand le moindre cop tire à balles éléphantesques sur des voyous en fuite, se fichant apparemment un peu des braves gens qui se trouvent là par hasard et qui ont bien de la chance de ne pas devenir des dommages collatéraux. N’empêche que j’ai bien apprécié The town qui est assez emblématique de cette orientation du cinéma, où les individus n’existent guère que par ce qu’ils font, bien que de sombres traumas d’enfance soient souvent évoqués pour expliquer le comportement des protagonistes. (suite…)

La tête contre les murs

jeudi, mars 9th, 2023

La folie ordinaire et banale.

Dans notre malheureuse époque où l’ensauvagement est quotidien, il n’est pas rare qu’après un assassinat furieux – sous prétexte islamique ou non – il y ait, après le drame, cette sorte de mantra qui expose que le tueur était frappé de troubles psychiatriques. En d’autres termes qu’un individu incertain et fragile, capable d’aller tuer n’importe qui (c’est-à-dire vous ou moi) qui a connu des soins dans un établissement spécialisé a été jugé par des médecins ou des éducateurs tout à fait capable de rejoindre le monde quotidien qui est le nôtre. Voilà un vrai sujet, sur quoi je n’ai pas d’opinion tranchée : peut-on, ou non, guérir de ces troubles-là ? Je n’en sais rien et je crains que ceux qui la ramènent, dans un sens ou un autre, ne soient pas très crédibles. (suite…)

Qui êtes-vous Polly Maggoo ?

lundi, mars 6th, 2023

Quelle époque !

Un capharnaüm, un tohu-bohu, un film sans queue ni tête, imbibé de l’esprit des Sixties dans ce qu’elles avaient de plus artificiel, psychédélique, enfumées de substances bizarres, ces années où l’on sentait monter dans le monde entier le printemps de 1968. Ce printemps où les folies du petit monde snob germanopratin, mises en scène de façon subliminale dans Qui êtes-vous Polly Maggoo ? se répandraient vigoureusement hors de la Rive Gauche pour infester peu à peu tous les replis d’une France sage et travailleuse. (suite…)

Un balcon sur la mer

dimanche, mars 5th, 2023

On n’oublie rien.

Drôle de film, au scénario qui paraît d’abord bien simple, puis extrêmement compliqué et où tout s’éclaire à la fin dans une conclusion plutôt larmoyante. Le genre de trucs que je n’apprécie pas beaucoup, du type Ne le dis à personne de Guillaume Canet : des secrets de famille, des fausses pistes, des personnages à faces trop multiples, des souvenirs du passé qui reviennent et embrasent la tête d’un homme jugé par tous sans défauts et dont la vie paisible va être détricotée. Un peu bizarrement, pour des raisons qui ne s’expliqueront que furtivement et bien tard, Un balcon sur la mer se situe en 1989 ou 1990, puisque la radio évoque le nom de Michel Rocard, alors Premier ministre et diffuse le délicieux tube C’est la ouate de Caroline Loeb. (suite…)

Une grande année

mercredi, mars 1st, 2023

Pluies fines ou pierres dorées ?

Je trouve bien sévères la critique et le public qui ont tenu pour négligeable, banal, mièvre un film que j’ai pour ma part trouvé charmant et joli, doté qui plus est, d’une tendre histoire d’amour. Il se peut que je sois, en ce moment, particulièrement bien disposé à la bienveillance et il ne m’étonnerait pas qu’en fait ce soit le cas : un relâchement inopiné de mon esprit critique et de ma dent féroce, une envie printanière de voir le frais côté des choses et les histoires violentes se transformer en contes de fées. D’ailleurs je me dis que c’est ça qu’a dû vouloir réaliser Ridley Scott : une parenthèse enchantée au milieu des AlienBlade runnerGladiatorPrometheus, tous films de tension, fatigants. (suite…)

Folies de femmes

dimanche, février 26th, 2023

Tapisserie en lambeaux.

En une vingtaine d’années – en gros de 1935 à 1955 – voilà un acteur qui tourne beaucoup, y compris nombre de films insignifiants, mais dont l’allure, l’apparence, la diction, la silhouette marquent tellement l’imaginaire que, même dans un rôle secondaire, il envahit l’écran. Rien que cela : en 1937, La grande illusion de Jean RenoirL’alibi de Pierre Chenal ; en 1938 Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, en 1939, Derrière la façade de Georges Lacombe, en 1950 Boulevard du crépuscule de Billy Wilder et en 1953 encore Minuit quai de Bercy de Christian Stengel. Un grand acteur qui tient sa partie face aux plus grands : Pierre FresnayJean GabinLouis JouvetMichel SimonRobert Le ViganWilliam Holden(suite…)

Dracula (1931)

samedi, février 25th, 2023

La dame en blanc.

Ma vieille passion pour les histoires de vampires n’avait jusqu’alors jamais effleuré le film qui en commence le récit au cinéma. Bien vrai, jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais vu ce Dracula de Tod Browning, si mythique, si stupéfiant, si originel avec le surprenant Bela Lugosi qui incarna le Comte vampire dans nos imaginaires jusqu’à ce que Christopher Lee lui ravît à bon escient la palme. Voilà que je découvre ce vieux film court (1h11) de 1931, aux heures pires de la grande dépression, lorsque, tous les jours étant de pires en pires, les studios d’Hollywood retraçaient des histoires épouvantables pour faire oublier un instant aux braves gens leur réalité vécue. (suite…)

La plus grande histoire jamais contée

jeudi, février 23rd, 2023

Lumière du monde.

Il y a tout, dans cette grande machinerie hollywoodienne, très bien faite et très bien composée: des moyens énormes, des figurants en nombre considérable, des décors admirablement choisis et presque l’exhaustivité des épisodes de l’Écriture. À tout moment un chrétien un peu frotté aux quatre évangiles entend, scrupuleusement retranscrites, les paroles qu’il connaît et qui font le sel de sa vie. Y’a pas à dire, il ne manque pas grand chose à George Stevens pour avoir embrassé la retranscription de l’enseignement du Christ et, à chaque instant, on se surprend à compléter soi-même les merveilles de beauté énoncées par Jésus.

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