J’avais assez apprécié Bully, film le plus notoire (je pense) du réalisateur Larry Clark qui présentait la dérive criminelle d’adolescents désœuvrés, dérive qui allait les conduire à l’assassinat de l’un d’entre eux, celui qui les dominait et les brimait. Film dur, mais bien construit, bien filmé, à la fois glaçant et très intéressant. Les personnages de Wassup Rockers ne sont pas si pervers, si cruels, si terrifiants. On pourrait même presque dire qu’ils sont le contraire si, issus d’un ghetto sordide de Los Angeles, il n’étaient démunis à peu près de tout langage articulé, de toute inclination pour le travail et s’ils n’avaient cette regrettable habitude de traiter les filles – qui le leur rendent bien – comme des mecs. Ils ne fichent rien, passent leur temps à jouer une musique hystérique et inaudible à base de hurlements et de sonos poussées à fond, à parler de leur sexualité ; sexualité adolescente, puisqu’ils ont entre 13 et 15 ans et diversement conduite, certains ayant plus ou moins de succès et plus ou moins d’audace que d’autres. (suite…)
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Wassup rockers
vendredi, août 19th, 2022La dernière chance (Fat city)
vendredi, août 19th, 2022Je n’ai jamais pu résister, à chaque fois que j’ai regardé un film sur la boxe, de dire toute ma répugnance devant cette activité barbare ; une activité qui consiste, rappelons-nous toujours, à mettre par la violence des coups, le cerveau en court-circuit, ce qui crée naturellement des dommages irréversibles. Parallèlement il faut bien admettre que le cinéma s’est emparé de ce spectacle avec délectation et a présenté avec abondance sa dramaturgie réelle ou supposée. La page Wikipédia qui lui est consacrée compte 101 références et a dû en oublier bon nombre puisque je n’y ai pas trouvé l’intéressant Air de Paris de Marcel Carné avec Jean Gabin et Roland Lesaffre. (suite…)
Gothika
dimanche, août 7th, 2022Vilaine fille, mauvais garçons.
Une – une seule – bonne idée peut-elle suffire à porter un film qui se veut d’épouvante ? Pourquoi non si cette idée est creusée, enluminée, exposée et parvient à irriguer tout l’espace… Si elle chatoie, séduit, finit par intriguer, inquiéter, glacer ? Le reste est l’affaire de technique, de photographie, d’acteurs et d’actrices. Et on peut même supporter les tics de réalisation d’un metteur en scène qui fait joujou avec les beaux outils que le cinéma d’aujourd’hui offre : caméras intrusives, atmosphères savamment éclairées, virtuosité des mouvements de caméra. Et ce qu’il a depuis longtemps offert, mais dont il ne faut pas pour autant abuser : plongées, contre-plongées, gros plans très gros, coups de zoom, caméra à l’épaule, etc. De meilleurs connaisseurs des techniques que moi pourront compléter. (suite…)
La nuit du 12
samedi, août 6th, 202212 octobre 2016. Une soirée rieuse entre copines dans la petite ville industrielle de Saint-Jean de Maurienne en Savoie. Dans la nuit, mais pas très tard, Clara Royer (Lula Cotton-Frapier) rentre chez elle, seule. Rues vides de la bourgade. Un type qui surgit devant elle, ne dit pas un mot, l’inonde d’essence, craque son briquet. L’enflamme. L’épouvante. Au matin un pauvre corps carbonisé. L’enquête commence. On le sait, par un carton inséré au début du film, elle n’aboutira pas. Inspirée de faits réels, elle fera partie des 20% qui n’auront pas d’issue, qui demeureront sans solution. Glaçant. (suite…)
Terminator
jeudi, août 4th, 2022Zim boum-boum spatio-temporel.
On pourrait résumer le film en une courte phrase : scénario sommaire, mais réalisation réussie ; ce qui, d’ailleurs, pourrait illustrer parfaitement la carrière de James Cameron, réalisateur parfaitement capable de mettre en œuvre de grosses machines à succès, mais certainement jamais de leur donner un peu de respiration ni de force. Je ne suis pas le dernier à reconnaître que, dans la machine cinéma, est précieux ce genre d’artisans capables de tenir en haleine les spectateurs d’un multiplexe pendant la durée règlementaire (un peu moins de deux heures, sinon il sera plus compliqué d’étager l’architecture des séances, d’en placer dans la journée autant qu’on le souhaite et on vendra un peu moins, ou beaucoup moins de sodas, de chocolats glacés et de pop-corn).
Le jouet
mardi, août 2nd, 2022Il y a, comme ça, des acteurs qui peuvent être irrésistibles lorsqu’ils apparaissent pour quelques minutes au milieu d’une séquence, font leur numéro et le laissent dans l’imaginaire du spectateur charmé. Mais qui pourtant n’ont pas les épaules pour porter à eux seuls la durée d’un film ; c’est-à-dire surtout lorsque le film est construit autour de leur personnalité, autour de leur originalité particulière, est bâti autour d’eux, en fonction d’eux, repose en totalité sur leurs physiques, leurs mimiques, leurs tics d’expression, leurs bouilles, leurs caractères. Dût mon point de vue indigner leurs innombrables admirateurs, j’en vois trois qui jouissent d’une réputation à mes yeux très exagérée, qui ont connu des succès considérables, parfois immenses, qui ont été appréciés par des générations de spectateurs mais qui, à mon sens, sont estimés bien au delà de leur talent. (suite…)
La barricade du Point du Jour
vendredi, juillet 29th, 2022Le film commence par un joli matin de printemps, le lundi 22 mai 1871. Il s’achève, au soir du lendemain, mardi 23 mai, dans le sang et l’horreur. La butte Montmartre est tombée aux mains des soldats versaillais presque sans assaut, tant la Commune est mal organisée. Mais les batailles dans Paris vont se poursuivre pendant plusieurs jours encore, dans ce qu’on a appelé la semaine sanglante. Les derniers combats s’achèveront du côté de Belleville et de la rue du Faubourg du Temple le dimanche 28 mai. On ne sait toujours pas combien de morts ont coûté l’insurrection et sa répression : des estimations très militantes du début du 20ème siècle sont montées jusqu’à 30.000 morts ; aujourd’hui on estime plutôt à 10.000 le nombre des tués du côté communard, à 1000 Versaillais et à plus de 100 otages (dont l’archevêque Mgr Darbois) de l’autre. Puis aussi, dans la folie du désespoir, l’incendie volontaire de plusieurs monuments, les Tuileries, l’Hôtel de Ville, le Palais de justice… (suite…)
Ce vieux rêve qui bouge
lundi, juillet 25th, 2022Bien que ses livres aient connu un immense succès public, on ne parle plus guère de l’oeuvre abondante de Roger Peyrefitte. Littérairement parlant, c’est assez dommage parce que Les amitiés particulières (dont Jean Delannoy tira un film qui n’est pas mauvais), Les Ambassades, Les clés de Saint Pierre, ça valait largement la peine. Tout autant que les récits mémorialistes (Propos secrets), pleins d’ironie, de verve, de culture. Et de racontars. On apprenait des tas de choses qui n’étaient très dissimulées que pour les braves gens qui n’étaient pas admis dans la bonne société.
Saute la ville
lundi, juillet 25th, 2022Il faut bien que jeunesse se passe et que les débutants débutent, c’est un fait. Mais faut-il, lorsqu’on est auteur, conserver les brouillons, les esquisses, les ébauches, les maquettes que, sans savoir trop où aller, on a conservé, dans une sorte de tendresse sur soi qui confine à l’apitoiement ? Il y a plein d’éditions savantes qui, la gloire venue, vont aller chercher jusqu’aux balbutiements, les prémisses – souvent médiocres – d’auteurs révérés ; c’est ce que fait, par exemple, avec Gustave Flaubert la révérée Bibliothèque de La Pléiade qui publie aujourd’hui en cinq volumes toute l’œuvre romanesque de l’ennuyeux Normand, alors que dans les deux tomes de jadis, ça suffisait amplement. (suite…)
Deux ou trois choses que je sais d’elle
samedi, juillet 23rd, 2022Voilà plus d’un demi-siècle que Jean-Luc Godard a abandonné le cinéma ; je veux dire le cinéma que les gens normaux regardent et qui passe dans des salles qui ont pignon sur rue. En fait, depuis 1968, le sinistre Genevois a réservé les petites crottes qu’il a pondues presque chaque année, avec une régularité maniaque, aux salles d‘Art et d’essai confidentielles, aux Maisons de la Culture, aux festivals alternatifs. Et pourtant il bénéficie encore aujourd’hui d’une curieuse, incompréhensible aura, d’une grande notoriété. Cela alors qu’il n’a occupé les vrais écrans que mois de dix ans, en gros de À bout de souffle (1960) à Week-end (1967); ensuite, c’est vraiment du gloubi-glouba. (suite…)