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Les trois frères

samedi, mars 3rd, 2018

De guerre lasse…

Je ne me souvenais plus, avant de les avoir revus, combien Les trois frères pouvaient être jubilatoires à leur début et déprimants dans leur deuxième partie, donnant d’abord le meilleur de la verve et de la férocité du trio des Inconnus, montrant ensuite combien des artistes de music-hall n’ont pas la capacité de tenir sur la durée des prémisses amusantes et réussies. Rien n’est plus difficile à faire que le comique, vous diront tous les connaisseurs et ils auront bien raison, parce que la tension forcenée qui doit susciter l’hilarité est extraordinairement difficile à maintenir, se devant de rebondir sans cesse dans des situations farfelues mais inattendues, alors qu’un bon polar se satisfait de suivre une trame convenue du type Qui a tué ?Pourquoi a-t-on tué ? et Comment va-t-on découvrir puis coincer l’assassin ?. (suite…)

Monty python : sacré Graal

samedi, mars 3rd, 2018

Petit paysage rigolo.

Je ne suis pas par nature ennemi du burlesque et je conçois parfaitement bien qu’une troupe de copains dynamiteurs des convenances cherche à reproduire sur la longue durée d’un film la suite de sketches qui a fait se bidonner le Royaume-Uni de 1964 à 1969 ; après tout, pourquoi pas ? En France, la troupe de Robert Dhéry a produit quelques œuvrettes de ce type, nonsensiques et frappées de folies et si, précisément, Branquignol est assez pitoyable, j’ai une très grande tendresse pour Ah ! les belles bacchantes, chef-d’œuvre du genre. En fait, je m’égare : ce à quoi on pourrait rattacher le parcours des Monty python, ce serait plutôt à une réalisation en long métrage des merveilleux Raisins verts de Jean-Christophe Averty, le seul réalisateur qui ait essayé de faire vraiment de la télévision un 8ème Art (ou 9ème – on s’y perd !).

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La Soufrière

vendredi, mars 2nd, 2018

Monte là-dessus.

Deuxième volet d’un DVD composé de films documentaires réalisés par Werner Herzog, entre La grande extase du sculpteur sur bois Steiner en 1973 et Gasherbrum, la montagne lumineuse en 1984, La soufrière, en 1977 ne présente pas beaucoup d’intérêt. Le film-reportage relate et montre l’étrange situation survenue en Guadeloupe en 1976 lorsque le volcan qui est le point culminant de l’île et des Antilles menaça d’exploser, ce qu’il fait à intervalles réguliers, mais fort espacés (1530, 1797, 1956). On n’en était pas encore au dramatique et castrateur principe de précaution inscrit dans la Constitution par le funeste Chirac en 2005 (qui aurait à coup sûr interdit les Grandes découvertes du 16ème siècle) mais on a fait très attention, malgré les dissensions entre scientifiques opposés sur la réalité du danger (Claude Allègre le trouvant imminent, Haroun Tazieff le jugeant dérisoire). Les autorités ont fait donc procéder à une évacuation lente des habitants entre le 8 juillet et le 18 novembre 1976, déplaçant ainsi 75.000 personnes. (suite…)

L’empire des nuages

mercredi, février 28th, 2018

Une histoire française

Nourissier, c’était alors un cas un peu à part dans la littérature française : un talent tôt révélé qui, tout en demeurant un des premiers de l’époque, semblait s’être alors assoupi en croulant sous les honneurs. Il sortait périodiquement un livre délicat et agréable, récoltait un succès estimable et mérité mais qui laissait un peu l’impression qu’il se répétait, qu’il se livrait à des variations virtuoses sur des thèmes qu’il avait cent fois explorés : la banlieue d’avant-guerre, la mort du père pendant une séance de cinéma où il l’avait accompagné, la mésentente avec la mère, le malaise de sa génération. (suite…)

Si j’étais le patron

mardi, février 27th, 2018

Le cinéma en pantoufles chaudes.

Richard Pottier est un cinéaste bien oublié aujourd’hui mais on peut mettre à son actifs plusieurs grands succès, Mademoiselle Swing en 1942, Les caves du Majestic en 1944, Barry en 1949 ou Caroline chérie en 1951 et même un très très bon film, Meurtres ? en 1950 avec un Fernandel persécuté par sa malfaisante famille. Cela dit on a bien pris conscience que Si j’étais le patron est sa première réalisation et qu’il était nécessaire qu’il se fît les crocs. Mais on pouvait tout de même attendre mieux d’un film interprété par Fernand Gravey, déjà expérimenté et Mireille Balin dont, il est vrai, c’était un des premiers rôles. Il n’y a guère que Max Dearly qui soit impeccable, avec son œil qui frise, qui est aussi crépitant et diabolique que Olivier Barrot et Raymond Chirat le décrivent dans Les excentriques du cinéma français (la Bible que devraient posséder, lire et relire tous ceux qui s’intéressent au 7ème art). (suite…)

La révolte des cipayes

lundi, février 26th, 2018

Construit sur du sable.

L’Inde chatoyante et mystérieuse, ses maharadjahs fastueux, ses trésors de Golconde, ses fakirs masochistes, ses charmeurs de serpents, ses tigres mangeurs d’hommes, ses saris colorés ont imprimé durant de longues décennies leurs empreintes sur l’imaginaire occidental qui, en 1954, s’étonnait encore de les avoir perdus en 1947 lors de la partition de l’Empire de Sa Majesté britannique. Distorsion fascinante entre certains aspects extraordinairement raffinés et situation de misère noire, entre grandeur passée d’une haute civilisation et apparente soumission de peuples colonisés depuis le milieu du 18ème siècle… (suite…)

L’économie du couple

vendredi, février 23rd, 2018

Les bobos peints par eux-mêmes.

On se demande bien où est la différence entre ce film et un truc tourné pour la télévision. On se dit, d’ailleurs que si ça avait été financé pour TF1, il y avait moyen de tirer une longue série de l’histoire de ce couple un peu plus que trentenaire affublé de deux charmantes jumelles de 7 ou 8 ans, qui vit dans une maison pleine de charme on ne sait où dans ce qui doit être la banlieue parisienne colonisée par les professions boboïsées. Ça pourrait être à Montreuil ou à Bagnolet, dans une de ces communes où, tout doucement la pression immobilière et la griserie libertaire alternative écologiste locavore attirent des tas de gens. (suite…)

Ma cousine de Varsovie

vendredi, février 16th, 2018

Triste comme un chameau sous la neige.

Juste avant de signer une entrée tonitruante dans le cinéma, en 1942, avec L’assassin habite au 21 – immédiatement suivi par Le corbeauHenri-Georges Clouzot avait prêté son talent de scénariste et de dialoguiste à deux films qui ne sont pas négligeables, Le dernier des six de Georges Lacombe en 1941 et Les inconnus dans la maison de Henri Decoin en 1942. Mais auparavant ? Eh bien, à partir de 1931, il avait entamé le rude apprentissage du métier de cinéaste en adaptant et dialoguant une quinzaine de films dont bien peu ont laissé la moindre trace dans la mémoire des cinéphages les plus assidus. À peine peut-on citer, dans cette veine et cette époque Un soir de rafle de Carmine Gallone en 1931, avec Albert Préjean et Annabella et Éducation de prince d’Alexandre Esway en 1938, avec Louis Jouvet et Elvire Popesco. (suite…)

Le choix des armes

mercredi, février 14th, 2018

Le calme des vieilles troupes.

C’est bien le rythme et la vivacité qui font d’abord l’intérêt du Choix des armes et qui permettent de passer au dessus d’un scénario un peu funambulesque. Qu’est-ce que j’entends par là ? Non pas un scénario vraiment compliqué, fuligineux, incompréhensible, comme il en existe tant et tant : non, le récit est bien maîtrisé et clairement conté. Mais plutôt parce que le scénario, de Michel Grisolia (à qui on doit notamment Flic ou voyou, agréable polar parodique de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo) est assez mécanique et que, comme toutes les mécaniques, il manque un peu de chaleur et de chair. (suite…)

Les Tuche

mardi, février 13th, 2018

La civilité puérile et honnête.

Mon cerveau ayant malheureusement désormais atteint un état intermédiaire entre le fromage blanc et l’éponge synthétique, je ne me rappelais absolument pas que j’avais déjà vu Les Tuche il y a plus de cinq ans : c’est le propre de ces horreurs de vous sidérer, de vous statufier, de vous vitrifier. Deux ou trois fois pendant le film ce qui me reste de lucidité a cru reconnaître un épisode déjà regardé, mais, comme bon nombre de psychopathes, je suis alors parti dans le déni, refusant d’admettre que je venais de passer à nouveau de précieuses minutes du temps qu’il me reste à vivre à regarder ça, alors que je viens de m’acheter l’édition Bluray de Autant en emporte le vent et l’intégrale de Angélique, marquise des anges qui auraient été bien plus intelligents à regarder. Que dire ? La vieillesse est un naufrage, on ne le répétera jamais assez fort et assez souvent. (suite…)