Débarrassé de ses outrances – de ses obsessions ? – anticolonialistes, marxistes et sociales, Yves Boisset se laisse glisser sur la pente. Une pente rare dans le cinéma français et justement alors intéressante : celle de l’outrance, de l’excès, de la grandiose imposture, du rire sans retenue et sans mesure : celle de Calmos
de Bertrand Blier,
celle des Galettes de Pont-Aven
de Joël Séria,
celle de la méchanceté sans raison et du sarcasme sans but, celle du jappement et de la morsure ; tout n’est pas réussi – à vrai dire, ça ne tient pas la route – mais ça donne des fulgurances qui glacent les pisse-froid. Je ne peux pas dire que je regarderais ce genre de cinéma trop souvent, mais ce cinéma me manquerait s’il n’existait pas. Sortir du jardin à la française pour entrer dans la jungle boursouflée n’a rien de déshonorant si on n’en fait pas son ordinaire. (suite…)
Author Archive
Canicule
lundi, juin 2nd, 2014La guerre des étoiles 6 : le retour du Jedi
vendredi, mai 30th, 2014Accablant.
Ouf, c’est fini ! Six heures de ma vie passées à regarder ce monument d’inanité ! Mais c’est de ma faute : je croyais que c’était une trilogie pour adultes, ou pour adolescents (du type Indiana Jones) et chacun me dit que George Lucas
a tourné ça pour les enfants ! Je n’avais qu’à mieux me renseigner et à passer mon chemin, en laissant les bambins des années 80 se plonger dans leurs souvenirs de culottes courtes… Les miens, de souvenirs, se plongent plutôt dans Les dix commandements
et ça a une autre force, une autre importance et une autre intelligence (mais ceci est une autre histoire, une autre époque et une autre civilisation).
La guerre des étoiles 5 : l’Empire contre-attaque
mercredi, mai 28th, 2014À peine supportable.
Je conviens sans difficulté que l’épisode 5 de la série, cet Empire contre attaque, est un peu meilleur que le précédent, Un nouvel espoir
; il est vrai que ce n’était pas bien compliqué, tant la nullité éthique et esthétique du premier opus de George Lucas
: un peu plus de moyens, quelques décors point trop désagréables à regarder, quelques idées un tout petit peu originales (comme ces gigantesques machines marchant lourdement dans la neige et s’abattant grâce à des filins habilement jetés qui les font trébucher).
La guerre des étoiles 4 : un nouvel espoir
mercredi, mai 28th, 2014C’est ça, mon Dieu, ce n’est que ça, cette série mythique qui a fait tant et tant parler d’elle, qui a suscité des gloses sans fin, qui rassemble des milliers de fanatiques et de séides costumés dans des rassemblements grotesques, qui a un riche marchandisage de figurines, bandes dessinées, romans, jeux vidéo et tout le bataclan ? Ce risible assemblage d’effets spéciaux fauchés, d’idéologie à deux balles, de personnages insignifiants, de combats spatiaux interminables et ennuyeux comme la pluie, tout cela à un rythme d’une lenteur, d’une indolence, d’une paresse qui fait ressemblait L’année dernière à Marienbad à un thriller échevelé ? (suite…)
Soleil trompeur 2 : la citadelle
lundi, mai 26th, 2014À force de tutoyer l’obstacle…
J’écrivais dans mon message sur le premier volet de Soleil trompeur 2 qui s’intitule L’Exode, ma perplexité devant le choix de Nikita Mikhalkov
d’agglutiner les personnages du drame intimiste sur fond historique qu’est l’admirable Soleil trompeur
de 1994 et la fresque historique gigantesque, démesurée, même qu’il tourne avec sa suite. Je disais concevoir que le réalisateur ait choisi de plonger les personnages du premier opus dans la tragédie de la guerre, de sa violence collective, de la sauvagerie imbécile de ses massacres, de ses champs de bataille dévastés mais n’être pas très convaincu du résultat, qui m’a semblé artificiellement conduit. (suite…)
Soleil trompeur 2 : L’Exode
dimanche, mai 25th, 2014Perplexité.
C’est tout de même très curieux : voilà un film (en diptyque) d’un grand bonhomme du cinéma mondial (Lion d’or à Venise pour Urga ; grand prix du Jury à Cannes et Oscar du meilleur film étranger pour Soleil trompeur)
, mais qui, parce qu’il a reçu la marque infâmante d’être réalisé par un ami proche du Président Poutine et même d’apparaître comme une apologie de Staline (article du Monde d’avril 2010), voilà un film, donc, qui est présenté comme une daube et qui est quasiment boycotté partout (est-il seulement sorti en France sur grand écran ? notice minimale sur Wikipédia, édition très tardive du triple DVD reprenant les trois films). Y a pas à dire, la pensée unique a de beaux jours devant elle.
Les moissons du ciel
samedi, mai 24th, 2014Très beau et très bêta.
Depuis le temps que l’on me chante merveilles sur le cinéma de Terrence Malick,
je ne demande pas mieux que de me faire une opinion un peu structurée sur le bonhomme, rare, et, comme tous les cinéastes rares, souvent jaugé à l’aune de sa rareté. Il y a deux ou trois ans, j’avais regardé Le nouveau monde
et j’avais été à la fois séduit par la beauté des images et accablé par l’indigence de l’intrigue et, surtout, de la philosophie, naturaliste, panthéiste, rousseauiste… tout ce que je déteste.
La femme aux bottes rouges
jeudi, mai 22nd, 2014Le talent n’est pas héréditaire.
C’est vrai, ça… On imagine que parce qu’il y a eu Sofia, fille de Francis Ford Coppola, Jacques, fils de Maurice Tourneur, Frédéric, fils de Pierre Schœndœrffer, Jacques, fils de Michel Audiard (et même Alexandre Aja, fils d’Alexandre Arcady), tous les rejetons de réalisateurs illustres, ou même seulement notoires vont émerveiller nos écrans…
Mais Jean Becker n’atteint pas la cheville de Jacques, ni Marcel Ophuls le bout de l’orteil de Max. Et désormais, après avoir vu La femme aux bottes rouges, je vois bien que Luis Bunuel domine de cent coudées son Juan.
Au service secret de Sa Majesté
mardi, mai 20th, 2014Premier et dernier Lazenby
Tout y est, ou presque :les personnages secondaires (M – Bernard Lee -, Q – Desmond Llewelyn, Moneypenny – Lois Maxwell)
, la musique du thème de John Barry,
les voitures de luxe, les paysages excitants et les filles superbes (on pourrait écrire tout autant les voitures superbes, les paysages de luxe et les filles excitantes, et ainsi de suite).
Je chante
lundi, mai 19th, 2014Je chante… mais sur un volcan !
C’est évidemment à ne pas mettre entre toutes les mains : ceux qui n’apprécient pas Charles Trénet (aussi incroyable que ça puisse paraître) n’ont pas à glisser un œil sur Je chante,
film exclusivement bâti sur le Fou chantant qui va, vole, court, saute, trépide, swingue et interprète plusieurs de ses succès d’avant-guerre… Mais curieusement, ne figure pas au tableau la chanson qui donne son titre au film, mais on y trouve avec bonheur Quand j’étais p’tit, Les oiseaux de Paris, Donne ton cœur à l’amour (un petit chef-d’œuvre d’esprit et de rythme) et, en thème central (excellent, mais un peu trop ressassé) C’est la vie qui va toujours.