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Série noire

mardi, novembre 1st, 2011

Apocalypse du minable.

Une réelle singularité dans la carrière bizarre d’Alain Corneau, marquée de quelques coups d’éclat – ce film, mais aussi Police Python 357, l’étonnant et un peu ennuyeux Tous les matins du monde, l’intéressant Cousin – mais aussi des trucs pas bien nets – La menace, Le Prince du Pacifique, le remake indécent du Deuxième souffle. J’avoue sans peine que j’ai, pendant des années, et dans l’évidente foulée des Valseuses – davantage sujet de scandale que film de qualité, à mes yeux – j’ai eu tendance à tenir Patrick Dewaere comme une sorte de faire-valoir, de second couteau un peu triste, un peu grisaillant, un peu fêlé, aux côtés du solaire, du lumineux Gérard Depardieu. (suite…)

L’Œil du monocle

jeudi, octobre 27th, 2011

Quel délice !

Cette invraisemblable histoire de trésor immergé par les Allemands à la fin de la guerre au large de la Corse est de la même veine que celle des Barbouzes que le même Lautner tournera deux ans plus tard, après avoir encore mieux rodé son thème avec Le monocle rit jaune, qui est un des sommets de la loufoquerie cinématographique française. (suite…)

Polisse

jeudi, octobre 27th, 2011

Comment dire ?

C’est bien toujours un peu la même chose, lorsqu’il s’agit de filmer un métier aussi accaparant, aussi passionnant – aussi passionnel -, aussi usant que celui des brigades spécialisées de la police : des individus rassemblés par de drôles de hasards d’existence dans un même espace de vie, conduits par l’exercice de leur métier à déjeuner ensemble, à planquer ensemble, à se détendre ensemble, à partager des heures et des heures sur des affaires graves, blessantes, violentes : on n’échappe que rarement à la collection de têtes, au rassemblement de personnalités aussi différentes que possible, avec des histoires intimes qui surgissent au milieu du boulot – ou ne surgissent pas, d’où frustrations -, avec des amitiés, inimitiés, luttes de pouvoir, séductions diverses, histoires de sexe passées, présentes ou à venir… (suite…)

Hellraiser

mardi, octobre 25th, 2011

Pour adolescents malsains.

J’étais tombé là-dessus par hasard, il y a une vingtaine d’années, et n’avais regardé que quelques séquences suffisamment horrifiques et originales pour me laisser un souvenir attentif ; de surcroît l’irruption de damnés dans le monde (non pas de pauvres zombis qui ne peuvent mais à la fatalité qui les frappe), des damnés qui ont passionnément cherché, désiré, revendiqué leur géhenne me semblait une idée à la fois assez originale et fascinante. Pour ceux, dont je suis, qui pensent que la plus grande ruse de Satan est de nous faire croire qu’il n’existe pas, tout ce qui en rappelle la présence constante, fût-ce par la voie de la fiction littéraire ou cinématographique est pain bénit (si j’ose écrire ; je dois admettre que la métaphore est hardie). (suite…)

Ils étaient neuf célibataires

lundi, octobre 24th, 2011

ils_etaient_9_celibataires01Trop et pas assez.

Le thuriféraire habituel du talent de Sacha Guitry que je m’enorgueillis d’être sur ce site est, à la re-vision légèrement déçu de Ils étaient neuf célibataires où il n’a pas tout à fait retrouvé la patte – ni la pâte – du Maître, en tout cas où il a constaté sans doute un peu trop de dilution du génie absolu de Sacha Guitry : lui-même. (suite…)

8 femmes

samedi, octobre 22nd, 2011

Chaudron amer.

Dix ans après qu’est ce qui reste de 8 femmes, qui a connu un grand succès, qui a ouvert des controverses, que j’avais beaucoup aimé à l’époque et que j’aime plutôt moins aujourd’hui ? Qu’est-ce qui reste de cet habile rassemblement de huit actrices, d’une théâtralité éprouvée, aux images colorées, aux rebondissements invraisemblables ? (suite…)

Les Quatre cents coups

mercredi, octobre 19th, 2011

Naissance du talent.

Le tintouin médiatique suscité par la Nouvelle Vague fut tel que l’on a peine, aujourd’hui, à distinguer les innovations apportées par Les quatre cents coups de l’accession au premier plan, tout simplement, d’un cinéaste supérieurement doué. En d’autres termes, si un groupe de jeunes gens qui voulaient arriver au devant de la scène ne s’étaient pas constitués, quelquefois artificiellement, en une sorte d’école de pensée, est-ce qu’on grouperait sous la même étiquette les révolutionnaires Godard ou Rivette et les plus classiques Chabrol et Truffaut ? (suite…)

La fille qui en savait trop

dimanche, octobre 16th, 2011

film-la-fille-qui-en-savait-trop8Traumnovelle.

Je suis assez de l’avis de celui qui a dit Meilleur est le méchant, meilleure est l’histoire (Hitchcock, je crois) ; on pourrait ajouter, surtout pour les films de genre (et Dieu sait si le giallo en est un, avec son atmosphère, ses codes et son style), que plus intéressante est la victime, mieux ça se porte (que la victime s’en sorte ou non, d’ailleurs). (suite…)

Arizona dream

dimanche, octobre 16th, 2011

Compulsif, inutile.

J’ai trop souvent défendu, flamberge au vent et étendard déployé, le cinéma de Kusturica pour ne pas m’arroger le droit de dire tout le mal que je pense de cet étrange machin qui me semble très extérieur à l’œuvre du réalisateur, bien qu’on puisse juger qu’il en présente, superficiellement, toutes les apparences, et même tous les tics (par exemple la constance de la présence d’animaux, ici poissons, chiens de traîneaux, porcelet, tortues), que le jeu des acteurs soit, comme de coutume, survitaminé, que la musique soit de Goran Bregovic et qu’on y trouve, ici et là, ces images étranges et magnifiques qui fascinent tant dans d’autres réalisations (ici les limousines présentées sur des sortes de pilotis, l’embrasement final de l’arbre devant qui ondoie le poisson volant, par exemple). (suite…)

Max et les ferrailleurs

vendredi, octobre 14th, 2011

Polar psychologique.

Claude Sautet a longtemps dit que Max et les ferrailleurs était son film préféré. Je trouve que ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux, mais peux comprendre que Sautet ait éprouvé une véritable jubilation en revenant, plusieurs années après L’arme à gauche et Classe tous risques, au genre du polar et surtout en plaçant ses deux interprètes, Romy Schneider et Michel Piccoli dans des emplois carrément inverses à ceux des Choses de la vie dont ils venaient de faire un triomphe. (suite…)