Il est tout de même assez invraisemblable qu’un réalisateur comme John Boorman, auteur de Délivrance
et d’Excalibur
, qui sont des films importants, intelligents, profonds, ait pu tourner ce Zardoz
qui fait alterner, chez ses spectateurs, l’ennui, la dérision et, bien souvent, le fou-rire apitoyé. Tout cinéaste est certes capable de ratages absolus, Renoir
avec Le Testament du Docteur Cordelier
, Pagnol
avec La belle meunière
, Huston
avec Victory
, Polanski
avec What ?
, Risi
avec Le Bon roi Dagobert
, mais il est peu de choses aussi ridicules que Zardoz
. (suite…)
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Zardoz
lundi, octobre 10th, 2011Adieu, poulet
lundi, octobre 10th, 2011Je crois que je n’avais jusqu’à hier jamais vu Adieu, poulet en raison de son titre, que je trouve lamentable et même ridicule, tout en admettant que je n’en ai aucun de meilleur à proposer. Il est vrai qu’on peut juger aussi qu’il s’impose, après qu’on a vu la dernière séquence, profondément jouissive. (suite…)
Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia !
samedi, octobre 8th, 2011Mortifère.
Et à l’extrême fin de Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, on a vaguement l’idée de se demander si le déluge de balles à quoi on vient d’assister n’est pas légèrement exagéré et si Sam Peckinpah
ne répète pas avec trop de complaisance la scène ultime de La horde sauvage
. Et puis finalement non, on se dit que les deux séquences ont leur absolue pertinence et conviennent à merveille au propos du cinéaste, la lassitude alcoolisée de participer au monde, avec plus de scepticisme sarcastique dans La horde
, plus d’exaspération furieuse dans La tête
. (suite…)
Dr. Folamour
mercredi, octobre 5th, 2011Quelle dérision !
On a peine à imaginer, aujourd’hui, ce que fut, pendant une vingtaine d’années, dans le monde, l’Équilibre de la terreur qu’on pourrait presque mieux nommer la Terreur en équilibre. La certitude, alors à peu près communément répandue que l’Humanité tout entière allait évidemment disparaître dans un grand feu d’artifice spectaculaire et conclusif finissait d’ailleurs à laisser place, dans les populations, à une certaine indifférence fataliste. Comme le dit la grande Danielle Darrieux, Ce qui est inéluctable est sans importance. De la même façon que la perspective évidente de notre mort individuelle ne nous empêche pas de jouir des beautés de la vie, la certitude de notre collectif holocauste nous laissait en paix, si je puis dire. (suite…)
Dien Bien Phû
dimanche, octobre 2nd, 2011Lorsque, dans bien longtemps, on demandera aux garçons et aux filles de France qui ont sept ans aujourd’hui s’ils conservent un souvenir de 2011, qui a vu le tsunami du Japon, la chute de DSK et les évolutions du monde arabe, je ne suis pas certain que beaucoup se rappelleront tout cela comme je me rappelle les pleurs de ma mère apprenant la chute de Dien Bien Phû. Nous n’y avions pourtant pas de proche, de cousin, de parent englué dans la boue des collines du Tonkin et si un de mes grands-pères avait été fonctionnaire des Postes à Hanoï, c’était avant la première guerre mondiale. (suite…)
Biquefarre
vendredi, septembre 30th, 2011Le sel de la terre.
Est-ce que Biquefarre est la suite de Farrebique
, filmée trente-sept ans après ? Oui, bien sûr : le même village aveyronnais, la même rudesse de la nature, les mêmes visages burinés, les mêmes tables où l’on s’assied et où on offre au visiteur un verre de vin rouge, et certains des protagonistes principaux, sur qui les ans ont passé. (suite…)
Le franciscain de Bourges
lundi, septembre 26th, 2011De la difficulté pour le Diable de se faire ermite.
J’ai écrit ici et là trop de bien de l’immense talent de Claude Autant-Lara, pour pouvoir me permettre de déplorer ce très médiocre Franciscain de Bourges
, pourtant tiré d’un sujet extrêmement fort. L’histoire d’Alfred Stanke, moine franciscain, infirmier dans la Wehrmacht qui contribua tant qu’il put à sauver des résistants du Berry, à tout le moins à atténuer les souffrances des pauvres torturés, était en effet un sujet en or, profond, intelligent, capable de susciter la réflexion sur les pauvres moyens et les pauvres courages des hommes. (suite…)
Séraphine
samedi, septembre 24th, 2011Ce film a été illuminé d’un nombre considérable de Césars en 2009 (je n’attache pas plus d’importance que ça aux récompenses autodécernées par les professionnels de la profession, mais enfin, ça pose des repaires), et l’originalité de son sujet, cette pauvre souillon un peu simple devenue un nom majeur de la peinture naïve, morte de faim en 1942 dans un asile de fous me semblait assez intéressant.
Qu’en dire ? Que, définitivement, Yolande Moreau est la plus grande actrice laide du cinéma français depuis Marguerite Moreno
. (suite…)
Les maris, les femmes, les amants
mardi, septembre 20th, 2011Un film charmeur et bien agréable à regarder, qui n’a pourtant pas beaucoup de substance et qui passe aussi vite que les nuages sur les plages de l’Atlantique… Un de ces films à multiples personnages qui s’entrecroisent au fil d’histoires guère compliquées, pleines d’émois amoureux, de maisons familiales patinées et chaleureuses, de roses trémières, de plages immenses où l’on vient en groupe pécher la crevette, de découvertes adolescentes, de passages à l’âge adulte, de démons de midi, d’enfantillages de grandes personnes, de chagrins d’amour, de coquillages et de couchers de soleil. (suite…)
L’affaire Maurizius
lundi, septembre 19th, 2011Bon voilà ! C’est paru, c’est vu, et ce sera, je le crains, assez vite oublié. Ce n’est pas que ce soit désagréable ou ennuyeux à regarder : on prend même beaucoup de plaisir à certaines scènes, à certains jeux d’acteurs ; c’est extrêmement bien filmé, comme toujours chez le grand technicien que fut Julien Duvivier et l’usage continuel des flash-back est habile, nullement artificiel : les retours en arrière surviennent avec fluidité et justesse ; l’histoire, de surcroît, quoiqu’un peu romanesque, est assez intéressante. (suite…)