Mais que pourrait-on reprocher à un film qui porte un si beau titre et qui est consacré à un homme de telle qualité ? Peut-être – mais ce n’est pas vraiment un défaut pour moi – d’être un peu guindé, un peu hautain, de demander au spectateur un certain goût pour l’austérité et pour des querelles juridico-théologiques qui peuvent paraître dérisoires aux crétins décérébrés, mais qui ont fortement modelé notre civilisation, son intelligence et ses subtilités. Certes Un homme pour l’éternité est long, lent, grave, se refuse presque toujours aux facilités spectaculaires mais porte haut la grande beauté de l’honneur de l’Homme. (suite…)
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Un homme pour l’éternité
lundi, novembre 14th, 2022Conversation secrète
vendredi, novembre 11th, 2022Je ne suis pas si obtus, si buté, pas si mauvais bougre que ça. La meilleure preuve c’est qu’après m’être endormi naguère devant Conversation secrète, je me suis courageusement replongé dans un film que j’avais jugé obscur et emberlificoté. Il est vrai qu’à la deuxième vision, je l’ai trouvé tout autant obscur et emberlificoté, mais sans doute étais-je moins pompette et ai-je pu apprécier davantage la maîtrise dérangeante de Francis Ford Coppola, sa faculté à mettre en scène un monde gênant, empli de faux-semblants, de pistes troubles, de secrets absurdes, de non-dits et de tout le tremblement. On a pu mettre en parallèle ce film et le très médiocre Blow-up de l’ennuyeux Antonioni. Il y a un peu de ça, mais je songe aussi au film d’un bien plus grand réalisateur, Le locataire de Roman Polanski. (suite…)
Le grand restaurant
vendredi, novembre 11th, 2022À mes yeux qui, il est vrai, n’ont pas beaucoup de sympathie pour les outrances de Louis de Funès (à part le premier Gendarme de Saint-Tropez et, bien entendu, quelques scènes irrésistibles piquées ici et là, lorsque l’acteur n’était qu’une silhouette de complément) à mes yeux donc, Le grand restaurant est un des pires pensums qui se puissent, ridicules, estropiés, misérables, tous voués à la célébration enamourée de l’acteur. (suite…)
La chambre du fils
mardi, novembre 8th, 2022J’ai mis du temps à entrer dans le cinéma de Nanni Moretti. Un très mauvais jugement pour Bianca, trouvé nombriliste, verbeux, ennuyeux. Mais tout de suite après un grand intérêt pour La messe est finie puis pour La cosa (film réservé à ceux qui s’intéressent aux carabistouilles du Parti communiste italien). Et là, cette émotion de La chambre du fils. Je ne suis pas persuadé que le réalisateur regorge de talent, mais en tout cas il sait frapper là où ça fait mal. Ce qui n’est pas si fréquent dans le monde du cinéma moderne, standardisé, formaté, ennuyeux, nourri des ukases du politiquement correct, de la conformité aux larges émotions habituelles emplies du moralisme de notre temps. (suite…)
Trois hommes et un couffin
dimanche, novembre 6th, 2022Voilà un film qui rencontra un succès public gigantesque (plus de dix millions d’entrées, un score parmi les dix ou quinze plus importants jamais enregistrés ; le trentième : ça laisse pantois). C’est un de ces succès qui ne s’expliquent pas, qui se bâtissent sur des publics qui habituellement ne vont pas au cinéma et qui, en même temps y affluent grâce à cet étrange phénomène du bouche à oreille. Franchement la meilleure et la plus certaine des publicités, le plus remarquable des marketings qu’on ait jamais trouvés. Il est bien vrai que l’idée de base ne manque pas de structure, qu’elle est originale et amusante et que Coline Serreau, la réalisatrice en sait tirer au moins au début, les meilleurs aspects. (suite…)
La corruption
jeudi, novembre 3rd, 2022Première fois que je regardais un film de Mauro Bolognini, cinéaste dont j’avais à peine entendu parler mais qui paraît avoir eu, jadis, une certaine notoriété et qui me semble être intéressant sans qu’il atteigne les sommets des grands réalisateurs d’Italie Rossellini, De Sica, Risi, Monicelli, Comencini, Ce n’est pas mal du tout, une belle ouvrage bien interprétée, bien mise en musique, assez brève pour ne pas trop se distendre dans la banalité. Scénario un peu simpliste, un peu manichéen, surtout un peu trop prévisible. Un film pour grandes consciences heurtées (ou faisant mine de l’être) par le choc abyssal entre les beaux idéaux et la vilaine réalité.
La loi du silence
jeudi, novembre 3rd, 2022J’en suis toujours à me demander ce que le monde du cinéma a bien pu trouver à Alfred Hitchcock pour le placer sur une telle éminence cinématographique et faire de ce réalisateur banal et débonnaire une des lumières du Septième Art. Plutôt plus limité que Gilles Grangier ou Georges Lautner il bénéficie d’adulations invraisemblables pour son cinéma bien souvent routinier et ce n’est pas grâce à quelques films assez réussis (La mort aux trousses, Psychose, Frenzy) qu’il survivra pour la postérité. Écrivant cela je me rends compte que le gros homme est mort il y a plus de quarante ans et que son aura ne paraît pas décliner. Quelle pitié ! (suite…)
Simone, le voyage du siècle
lundi, octobre 31st, 2022Il est assez difficile de réussir une hagiographie, un film où une figure admirable est placée au premier plan, célébrée, adulée, contemplée sans beaucoup d’épaisseur critique. Mais il est certain que si, dans les derniers temps du 20ème siècle, une figure s’est imposée comme une sorte de modèle éclatant, c’est bien celle de Simone Veil. Dans la salle de cinéma où ma femme et moi avons vu le film d’Olivier Dahan, tout à l’heure, il y avait, conduites par leurs vigilantes mamans, des petites filles à qui l’on pensait pouvoir montrer et donner comme exemple quelqu’un qui, de toute sa vie, n’avait jamais failli. Et qui, de toute sa longue existence compliquée, n’avait jamais montré qu’ouverture, intelligence, force d’âme, puissance intellectuelle… Bref quelqu’un qui était, d’une certaine façon, la Jeanne d’Arc du siècle denier, une figure stupéfiante et insurpassable.
Cagliostro
jeudi, octobre 27th, 2022Que l’on se rassure, le titre de ce message, Interdit aux enfants, ne signifie pas qu’il faut cacher à nos chères têtes blondes un film de 1949 parce qu’il présente des séquences d’insoutenable cruauté ou des images pornographiques. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est bien plus grave, mais je ne suis pas très loin de le penser. Parce que torturer ainsi l’Histoire de France, fût-elle inspirée d’Alexandre Dumas (qui n’est vraiment pas, pourtant, un modèle de rigueur en la matière) n’est tout de même pas très convenable. Et montre bien comment les gens du Nouveau Monde ignorent la réalité historique mais aussi, ce qui est plus ennuyeux, l’esprit de cette réalité. (suite…)
Les brutes dans la ville
mercredi, octobre 26th, 2022Toujours aussi mal barrée, la Révolution…
Ce n’est pas si mauvais que ça, en fait. C’est très insuffisant, fondé, il est vrai, sur un scénario à la limite inférieure de la débilité mais irrigué tout de même d’assez jolies cruautés et de quelques images intéressantes. Pauvre Mexique disait je ne sais plus qui, si loin de Dieu, si près des États-Unis… et il est vrai que tout ce qui tourne autour de ce pays singulier marqué, un demi millénaire plus tôt par les horreurs aztèques, ne laisse pas indifférent. Et ce n’est pas pour rien que le grand Sam Peckinpah, avec toute son amertume, en a fait sa terre de prédilection. Ou d’épouvante, si l’on préfère. Et on a raison de préférer ceci à cela, plus épouvante que prédilection. (suite…)