Il y a un moment où on se demande si on ne se fiche pas de nous. Complétement, totalement, absolument. Je sais bien que nous, spectateurs sommes à la fois prêts à tout et si différents que, pour satisfaire notre soif d’images, nous devons bien admettre que tous les goûts soient dans la nature ; les films les plus austères et les plus grasses sottises, les films d’acteurs et les films sans acteurs ; il paraît qu’il existe même des films sans image, avec écran noir permanent. Pourquoi pas ? Nous devons être six ou sept milliards d’individus sur notre Terre (et à chaque mot que j’écris il s’en ajoute encore) et il me semble sinon normal, du moins logique que là-dessus il y ait bon nombre qui ne partagent pas mes goûts et mes partis-pris. Ils ont tort, mais qu’y puis-je ? (suite…)
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Voilà
mardi, octobre 25th, 2022L’apiculteur
lundi, octobre 24th, 2022Voilà bien le premier film de Theodoros Angelopoulos, figure révérée par la critique savante, que je regardais. Je ne suis pas certain que j’en verrai un second, malgré la curiosité que j’éprouve pour un aussi étrange titre que Le pas suspendu de la cigogne du même réalisateur. Une brève exploration sur les médias savants permet de le classer dans la même mouvance que les enquiquineurs patentés Ingmar Bergman ou Michelangelo Antonioni. Émoustillé par la présence en première ligne de Marcello Mastroianni, je crois que si j’avais lu cela auparavant, je n’aurais sans doute pas, rebuté d’avance, regardé L’apiculteur. J’aurais sûrement eu tort. (suite…)
L’étrangleur de Boston
dimanche, octobre 23rd, 2022Je suis plutôt partagé sur L’étrangleur de Boston et ma note est fluctuante : film simplement moyen ou au dessus de la moyenne ? Selon que je pense à tel ou tel épisode, je vague et j’erre entre ces orientations. Je place en négatif la trop longue durée du film, la répétitivité de plusieurs épisodes, l’abus – qui m’a quelquefois exaspéré – de cette pourtant très bonne idée de l‘écran partagé (split-screen je crois), l’abandon de certaines pistes qui m’auraient semblé séduisantes à suivre. En même temps je me dis qu’un sujet aussi complexe et le parti justement pris de traiter à la fois l’atmosphère de l’époque, la longue accumulation des crimes, la traque du tueur, sa capture, l’exploration de sa mentalité justifient durée et caractère froid, documentaire souvent, en tout cas non anecdotique du film de Richard Fleischer. (suite…)
Roubaix, une lumière
jeudi, octobre 20th, 2022Incroyable ! J’ai été effaré de constater que Roubaix, une lumière était déjà le quatrième film d’Arnaud Desplechin que je regardais. Le réalisateur en a tourné quatorze et j’en ai donc vu plus d’un tiers alors que tout, dans le personnage du réalisateur, notamment son adulation pour les délinquants sans-papiers me fait horreur ! Qu’est-ce qui me prend donc de ne pas fuir absolument tout ce que tourne un type si éloigné de moi par toutes ses orientations ? Peut-être, tout simplement, son talent de tourneur d’images qui fait que, malgré que j’en aie, je ne peux pas trouver absolument abominables Rois et reine, Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) ou Tromperie. (suite…)
La petite Lise
mardi, octobre 18th, 2022La goualante des pauvres gens.
Le père de famille n’a pas été seulement le héros des temps modernes titre dont le décorait Charles Péguy. Je veux dire par là qu’il y a longtemps que ce pauvre bougre (dont je suis, ou plutôt, fus, mes petits étant devenus subrepticement grands) tire sa galère et subit sa géhenne. Tiens donc ! Ne vous rappelez-vous pas Le Roi Lear de notre ami Shakespeare avec les deux monstres Goneril et Regane ? puis Le père Goriot de notre autre ami Balzac, qui sacrifie ses sous, sa vie, sa santé pour ses deux pétasses de filles, Anastasie et Delphine ? Plus près de nous (mais ma recension n’était pas exclusive), David Golder de Julien Duvivier d’après un roman d’Irène Némirovsky ? La pesanteur de la condition de père. (suite…)
La route des Indes
samedi, octobre 15th, 2022Vers l’Orient compliqué, sans idées simples.
L’habileté du film de David Lean ne réside pas simplement dans la beauté extrême des images, de leurs cadrages, de leurs couleurs, de ce grand spectacle qui eut tant de force et de puissance dans le cinéma de jadis, qui conviait le monde entier à admirer des films de grandes aventures exotiques ou historiques. Paysages grandioses, costumes superbes, figurants par milliers, fresques majestueuses, sentiments exaltés… David Lean était d’ailleurs un expert en la matière : moins de génie qu’espéré, mais une très grande habileté à tourner des grandes machines qui marquent : Le pont de la rivière Kwaï, Lawrence d’Arabie, Le docteur Jivago. Toujours de la belle ouvrage efficace et solide.
Kramer contre Kramer
jeudi, octobre 13th, 2022Kramer contre Kramer n’est pas un film déplaisant, ni même désagréable, mais il est tout de même un peu insuffisant pour bénéficier plus de quarante ans après sa sortie, d’une telle renommée et pour avoir récolté une pluie de récompenses et un très grand succès public. Sans doute la qualité de l’interprétation y est-elle pour grand chose, tant elle est exemplaire. En premier lieu Dustin Hoffman (Ted Kramer, le mari abandonné) mais aussi, peut-être surtout Justin Henry (Billy, le petit garçon) qui reçut pour son rôle l‘Oscar du second rôle, à l’âge de 8 ans, plus jeune acteur jamais distingué dans ce palmarès. Meryl Streep (Joanna Kramer, la mère), beaucoup moins présente à l’écran, d’ailleurs, est également excellente dans ce personnage de paumée un peu déséquilibrée, plutôt immature. (suite…)
La tente rouge
mardi, octobre 11th, 2022Lorsqu’il y avait encore des aventuriers…
Il n’y a pas à dire, Neil Armstrong, le 21 juillet 1969, c’était formidable et nous avons été des millions à vibrer lorsque, pour la première fois On a marché sur la lune. Mais enfin, à y bien réfléchir, il n’était que le résultat, en quelque sorte agi d’un système merveilleusement organisé. En tout cas bien davantage qu’un rêveur, un peu ou énormément fou lancé à la poursuite d’une idée. Les grands explorateurs, les bourlingueurs de génie, les cinglés magnifiques qui traversaient des terres inconnues, qui sillonnaient les océans immenses sans assistance et sans cartes, les champions qui escaladaient les sommets les plus élevés du monde, tout cela n’existe plus. Il n’y a plus rien à découvrir, plus de Conquérants de l’inutile dont parlait le grand alpiniste Lionel Terray. (suite…)
Les affreux
samedi, octobre 8th, 2022Le calculateur et le carburateur.
Marc Allégret était un honnête artisan du cinéma, qui, au contraire de son frère Yves,, n’avait pas d’autre ambition que de distraire son public, ce qui n’est déjà pas mal. À la fin des années Cinquante, sa carrière, honorable, (Entrée des artistes, Félicie Nanteuil, Blanche Fury) commençait néanmoins à sérieusement faseyer. D’où, certainement, l’idée de la relancer de façon un peu originale en réunissant à l’écran deux personnalités à l’image absolument opposée, incarnant des personnages eux aussi tout à fait antagonistes. Après tout le genre a donné sinon de grandes réussites, du moins des films à succès. Et là aussi, ce n’est déjà pas mal. (suite…)
Braguino
mardi, octobre 4th, 2022Drôle de film, moyen métrage de 50 minutes, qu’on a du mal, d’emblée, à caractériser. On pense d’abord à un documentaire très original sur une contrée absolument perdue de la Sibérie centrale, bien au nord de Krassnoïarsk, guère loin du cours de l’Ienisseï. Des immensités de terres, dix fois grandes comme la France et peuplées comme un petit département. L’infinité plate de la taïga, immense forêt où se mêlent pins et mélèzes, bouleaux, saules et peupliers, tout cela au milieu de lacs, de rivières, d’étangs. Des centaines de kilomètres sans la moindre présence humaine. Un documentaire ? Non, pas vraiment : aussi, et surtout sans doute, une aventure. Celle que filme le réalisateur français Clément Cogitore, qu’il conte avec talent dans le supplément du DVD et dans le petit livret adjoint. (suite…)