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L’école buissonnière

jeudi, mars 7th, 2019

« Il va vers le soleil levant, notre pays ! »

J’aime beaucoup les films du Parti Communiste Français, dont la plupart sont nimbés d’une espérance presque eschatologique et d’un optimisme très lendemains-qui-chantent. Je parle évidemment de la grande époque du PCF, celle où il s’était constitué en Contre-Église et cherchait à rassembler dans les cellules toutes les classes sociales et intellectuelles et y parvenait presque. Et non, bien sûr, du dégoûtant partipicule d’aujourd’hui qui s’appuie sur une collection de minorités communautaristes. Mais sinon ! La vie est à nous de Jean Renoir (1936), Le temps des cerises de Jean-Paul Le Chanois déjà (1938), avant-guerre. Puis Le rendez-vous des quais de Paul Carpita (1953), La terre fleurira d’Henri Aisner (1954), Les copains du dimanche du même (1956), Premier mai de Luis Saslavsky (1958). Et la nostalgie brûlante de cette époque, après la décadence dans Rouge baiser de Véra Belmont (1985) et Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes de Jean-Jacques Zilbermann (1993)… (suite…)

Kill Bill – volume 2

mardi, mars 5th, 2019

Le grand méchant loup

J’ai lu quelque part que, dans l’esprit de Quentin Tarantino, il ne s’agissait pas primitivement de concevoir deux films et que tout aurait dû être d’un seul tenant. Mais au regard de la complexité de l’histoire la durée présumée a dû effaroucher les producteurs. D’où le parti de diviser en deux le récit. D’où, sans doute aussi, la volonté du réalisateur de varier les orientations cinématographiques tout en employant exactement les mêmes matériaux scénaristiques. En d’autres termes d’utiliser pour le second opus la veine du western spaghetti après avoir largement usé de celle du chambara nippon dans le premier. Je ne m’en plains pas, ayant bien davantage de goût pour la première que pour la seconde et y trouvant notamment bien plus de richesses potentielles. Et cela même si je reconnais volontiers que les chorégraphies orientales, avec les sabres ou les poings et les pieds sont très spectaculaires, tout au moins quand elles ne dépassent pas cinq minutes ; car ce ne sont que des chorégraphies. (suite…)

Kill Bill volume 1

mardi, mars 5th, 2019

Les petites filles modèles.

Comme, grâce à Reservoir dogs et Django unchained je suis, depuis quelques années, un peu revenu de mes préventions contre Quentin Tarantino, sans jamais le placer, bien sûr, au sommet de mon Panthéon cinématographique, je me suis dit qu’il pouvait être instructif d’aller redécouvrir les deux Kill Bill. J’avais, il y a beau temps, regardé assez distraitement le premier, vite agacé par une violence si chorégraphiée que, malgré sa sauvagerie, elle n’est absolument pas terrifiante et que son esthétisme athlétique la fait volontairement décoller de toute réalité. Je ne suis pas, pas du tout allergique aux massacres, que ce soit ceux de Cannibal holocaust ou ceux d’Hostel, mais, dans le genre, j’estime que le minimum est de filer les chocottes au spectateur. Ce qui n’est pas le cas dans le film de Tarantino, tout au moins dans Kill Bill volume 1. (suite…)

La cérémonie

samedi, mars 2nd, 2019

Infernales.

Je suis assez surpris qu’on puisse considérer La cérémonie comme une nouvelle charge contre la bourgeoisie de province, que Claude Chabrol n’a cessé toute sa carrière de vilipender. On peut bien faire des yeux ronds et faire mine de s’étonner que la bonne à tout faire Sophie (Sandrine Bonnaire) couche dans une chambre de bonne, qui n’est évidemment pas la chambre des maîtres et qu’elle effectue le travail pour quoi elle est payée. On peut bien jouer à l’exégèse marxisante et gloser à l’envi sur le thème de la vengeance de classe infligée aux patrons par les prolétaires humiliés. mais en fin de compte, le sujet du film, c’est bien l’assassinat d’une famille harmonieuse et intelligente perpétré par deux cinglées.

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Dragons 3

mercredi, février 27th, 2019

Une nouvelle victime

Période de vacances scolaires. Il fait à Paris un temps si extraordinairement beau que tout le monde se félicite discrètement du réchauffement climatique. On se réjouit d’avoir avec soi et chez soi une grande petite fille de 7 ans, à qui on s’amuse d’apprendre des mots compliqués, thuriféraires ou coquecigrues, par exemple, inutilisables dans les cours de récréation,  et de lui enseigner la merveilleuse histoire de Jeanne d’Arc. Mais ça ne suffit pas et, après un passage tonitruant dans un jardin public à bonne dotation de toboggans et de manèges, on propose d’aller au cinéma. (suite…)

De quoi tu te mêles, Daniela ?

lundi, février 25th, 2019

Ô temps, ô mœurs !

Pourquoi me vient-il à l’idée d’évoquer ce film bien ancien (1961), complétement oublié, du non moins ancien et non moins oublié Max Pécas ? Sûrement parce que, venant du fond des âges, j’ai, il y a peu entendu Daniela, vociférée par la voix d’Eddie Mitchell, qui ne s’était pas encore détaché du groupe dont il était la vedette, Les chaussettes noires. Cette chanson, écrite par Georges Garvarentz, habituel complice de Charles Aznavour, a d’ailleurs été le plus grand succès du groupe (800.000 exemplaires du 45 tours vendus). (suite…)

Juste la fin du monde

dimanche, février 24th, 2019

Il n’y a plus d’après.

Les hommes de ma génération ont du mal à imaginer ce qu’a pu être l’irruption du Sida chez leurs cadets. Ils n’ont pas connu cette angoisse mortelle. Sans doute parce que la maladie n’existait pas encore, mais aussi parce que l’homosexualité leur semblait être une rareté exotique, comme la drogue, et que ceux qui affichaient un intérêt pour leur propre sexe, hors les milieux très restreints d’artistes évaporés ou d’écrivains marginaux ne se colletaient pas avec cette forme de malédiction. (suite…)

Regain

samedi, février 23rd, 2019

La mort du pain.

Un DVD de qualité vient enfin de sortir, image et son restaurés, à la Compagnie méditerranéenne de films comme tous les autres longs métrages de Marcel Pagnol. Comme Angèle est également parue, dans la même collection, il ne reste plus à éditer que la version de 1936 de Topaze (avec Arnaudy) et – si on retrouve quelques bobines – la fameuse et inachevée Prière aux étoiles et l’œuvre cinématographique de Pagnol sera exhaustivement présente. (suite…)

Dirty dancing

vendredi, février 22nd, 2019

Les filles de l’aurore.

Voilà qu’une famille aisée (de la classe moyenne supérieure, pourrait-on dire aujourd’hui) vient passer trois semaines de vacances dans une sorte de Club Méditerranée un peu tarte d’une région montagneuse et boisée. Le père, Jack Houseman (Jerry Orbach) est un médecin bienveillant et humaniste ; la mère, Marjorie (Kelly Bishop) doit confectionner comme personne la dinde de Thanksgiving et de multiples tartes aux pommes. La fille aînée, Lisa (Jane Brucker), est une pécore aussi agaçante qu’insignifiante. Reste la cadette, Frances (Jennifer Grey), que personne n’imagine appeler autrement que Bébé, alors qu’elle vient d’avoir 17 ans. (suite…)

Sabrina

lundi, février 18th, 2019

Quelle drôle de gosse !

Je ne suis pas certain que si le générique du film ne m’avait séduit, grâce aux noms révérés d’Audrey Hepburn et d’Humphrey Bogart (et, dans une moindre mesure celui de William Holden) j’aurais regardé avec un préjugé favorable Sabrina. Je ne suis pas certain non plus que, sans eux, je n’aurais pas trouvé bien banale cette histoire au dénouement archi-prévisible, malgré ses assez habiles péripéties qui sentent néanmoins beaucoup le théâtre (et de fait le film est tiré d’une pièce d’un certain Samuel A. Taylor). (suite…)