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Le bal des maudits

vendredi, février 15th, 2019

Krieg, gross malheur !

C’est vraiment une grosse machinerie étasunienne qui doit correspondre assez bien au gros bouquin dont elle est issue, de ces pavés qu’on apporte à la plage et qui donnent l’impression qu’on est (enfin !) devenu intelligent. Je n’ai jamais lu la moindre ligne du romancier Irwin Shaw, mais je suppose que, dans une certaine mesure, il doit correspondre à ce que sont, d’un point de vue plus documentaire, Dominique Lapierre et Larry Collins, auteurs, notamment de Paris brûle-t-il ? : des bouquins extrêmement bien documentés et rédigés pour qu’à la fin de chaque chapitre le suspense demeure entier (comme le faisaient les feuilletonistes des siècles derniers). (suite…)

L’assassin est dans l’annuaire

jeudi, février 14th, 2019

Et il aurait pu y rester…

Ah, voilà un film qui n’apportera rien à la gloire de Fernandel, ni même à la (petite) notoriété de Léo Joannon, qui avait fait bien mieux avec Le défroqué et L’homme aux clés d’or. À ce propos, reconnaissons tout de même aux époques anciennes assez de liberté d’esprit pour avoir permis à ce réalisateur mineur de reprendre une carrière et de rencontrer de grands succès alors que le bonhomme avait été passablement – comment dire ? – indulgent aux fariboles de la Collaboration. Mais comme, après la Libération, le public se sentait vis-à-vis de la période de la Guerre, beaucoup moins net que le vertueux public d’aujourd’hui (qui lui aurait dit son fait, à l’Adolf, et pas qu’un peu !), Joannon a pu tourner. Beaucoup. (suite…)

Les noces rouges

mercredi, février 13th, 2019

Désert sans solitude.

La prolifique carrière de Claude Chabrol, qui s’étend sur plus de cinquante ans, du Beau Serge à Bellamy, est loin de n’offrir que des pépites ; il y a une sorte d’état de grâce dans les deux années 69 et 70, avec La femme infidèleQue la bête meure et Le boucher ; et des îlots qui surnagent ici et là, Violette Nozière (1978), L’enfer (1994), voire (et encore !) Merci pour le chocolat (2000). Mais aussi un océan de films tournés à la va-vite, souvent redondants, nourris des perpétuelles obsessions antibourgeoises de celui qui était pourtant fils de pharmacien et qui tourna ses premiers films avec l’argent que sa femme de l’époque avait reçu de son père, haut fonctionnaire et banquier. Familles, je vous hais ! beuglait déjà André Gide, né avec une cuiller d’argent dans la bouche, dans Les nourritures terrestres. N’empêche que vous êtes bien pratiques pour assurer le pain quotidien et beaucoup davantage. (suite…)

Edmond

dimanche, février 10th, 2019

Si non è vero…

Dieu sait si, depuis 1960, et l’adaptation télévisée réalisée par Claude Barma et l’enchantement du jeu de Daniel Sorano (disponible sur YouTube), Dieu sait si j’en ai vu, des Cyrano ! Au théâtre, Francis Huster et Jacques Weber, au cinéma, vue et revue, la version de Jean-Paul Rappeneau.Et le texte, lu et relu dans l’édition du Livre de poche avec tant de passion adolescente que j’en savais par cœur des scènes entières ; mais nous étions nombreux, c’est vrai, il y a un demi-siècle et plus qui aimions tant Roxane que nous aurions voulu ressembler à Bergerac – d’ailleurs personne ne m’a jamais dit vouloir ressembler à Neuvillette. Dieu sait si ce texte enchante et fascine et combien souvent, en famille, nous avons récité la tirade du nez où la Balade du duel qu’en l’Hôtel bourguignon, monsieur de Bergerac eut avec un bélître. (suite…)

Les sept samouraïs

vendredi, février 8th, 2019

Fighting in the rain.

Je me dis de temps à autre qu’il n’est pas concevable que je puisse achever ma vie de cinéphage sans découvrir un des films mythiques dont on dit ici et là monts et merveilles, mais qui ne m’ont jamais attiré. Vieux sens catholique de la culpabilité, sans doute. Voilà que malgré mes réticences envers tout ce qui a trait au Japon (et à l’Asie en général) et au bénéfice de l’emprunt sur l’étagère d’une DVDthèque amie, voilà que je viens de regarder Les sept samouraïs. Une interminable version de 194 minutes (3 heures et quart !) alors qu’il existe des versions tronquées, sans doute moins conformes à la pensée du réalisateur, mais bien davantage praticables pour un cerveau occidental. (suite…)

Marche à l’ombre

mercredi, février 6th, 2019

Sans toits ni lois.

On peut opportunément se souvenir que pour sa première réalisation  Michel Blanc avait reçu le concours de Patrick Dewolf, fréquent scénariste de Patrice Leconte. On pourrait tout autant établir un lien d’évidence entre les deux cinéastes. Car Marche à l’ombre, qui date de 1984 coule dans une veine assez analogue à celle de Viens chez moi, j’habite chez une copine qui remonte à 1981. Et je serais bien surpris que, pour faire ses quenottes, Michel Blanc ne se soit pas largement inspiré de son propre personnage du film de Leconte : fragile et râleur, pique-assiette à la morale élastique, d’une grandiose mauvaise foi et par dessus tout, d’un égoïsme qu’on n’imagine pas. (suite…)

Gone girl

lundi, février 4th, 2019

Une femme disparaît.

Il y avait abondance d’offres hier soir à la télévision. Alors pourquoi ce film plutôt qu’un autre ? Je ne connaissais ni les acteurs (Ben Affleck et Rosamund Pike) et n’avais pas pour le réalisateur, David Fincher une opinion bien tranchée. J’avais trouvé jusqu’ici ses récits compliqués et ennuyeux (Zodiac), plats et lisses (Panic room), chtarbés et répulsifs (Fight club), profiteurs d’une belle série de franchises (Aliens).Un artisan banal du cinéma cosmopolite qui réalise des films trop longs (toujours plus de deux heures).

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Pauvres millionnaires

vendredi, février 1st, 2019

Le souffle court.

Les miracles au cinéma sont aussi rares que les gains mirifiques à Euromillions ; il n’y a donc rien d’étonnant que le dernier film de la trilogie optimiste de Dino Risi, engagée avec Pauvres mais beaux, poursuivie avec Belles mais pauvres s’achève avec un assez insignifiant Pauvres millionnaires. En fait, à la fin du premier segment, l’histoire des deux ragazzi de la place Navona, Salvatore (Renato Salvatori) et Romolo (Maurizio Arena), de leur relation compliquée avec le travail, de leur goût perpétuel et immodéré pour les jolies filles, mais aussi (ô vertueuse Italie des années 50 !) de leur respect pour les vieux parents et pour les jeunes vierges qu’ils se préparent à épouser, Marisa (Lorella De Luca) et Anna-Maria (Alessandra Panaro) s’achève. (suite…)

Belles, mais pauvres

mercredi, janvier 30th, 2019

Piccolissima serenata.

Il paraît que le premier tome de cette trilogie de Dino Risi (qui compte donc en conclusion Pauvres millionnaires),que ce premier tome, donc, Pauvres, mais beaux, avait remporté un tel succès en Italie qu’il n’a pas été question de rester sur ce triomphe. Les avides et bien inspirés producteurs ont souhaité que le réalisateur tournât la suite des aventures banales et charmantes des deux séducteurs romains, Salvatore (Renato Salvatori) et Romolo (Maurizio Arena), fiancés, de façon croisée aux deux charmantes Anna-Maria (Alessandra Panaro) et Marisa (Lorella De Luca), la première sœur de Romolo, la seconde de Salvatore. (suite…)

Pauvres, mais beaux

lundi, janvier 28th, 2019

Ravages.

Il me semble vraiment qu’il faut avoir un certain goût pour le cinéma italien et pour un de ses plus éminents réalisateurs, Dino Risi, pour apprécier à sa mesure ce premier volet d’une trilogie optimiste. Car après Pauvres, mais beaux, en 1956, sont venus Belles, mais pauvres, l’année suivante, et enfin Pauvres millionnaires en 1959. Il y a encore l’impulsion du néo-réalisme, il n’y a pas tout à fait le regard de la comédie à l’italienne. On pourrait qualifier tout cela de néo-réalisme optimiste ; on sent en tout cas que quelque chose bouillonne, en Italie et qui apportera au cinéma mondial bien davantage que les errements de la Nouvelle vague française, pourtant bien davantage célébrée. (suite…)