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Leguignon guérisseur

samedi, janvier 5th, 2019

La saveur du pot-au-feu.

Tombant à peu près par hasard sur ce film inconnu de l’assez peu notoire Maurice Labro, je me disais qu’il était bien extraordinaire qu’Yves Deniaud, figure seconde ou même troisième du cinéma du samedi soir des années 50 fût placé en vedette d’un spectacle. Il est vrai que le reste de la distribution ne comptait pas d’acteurs bien notoires, à l’exception minime de la rondeur institutionnelle (et toujours excellente) de Jane Marken, de Michel Roux, qui a rapidement compris que son avenir était davantage dans le théâtre de boulevard et dans le doublage, et des silhouettes stakhanovistes de Paul Demange et de Marcel Charvey et de Gabriello. Et de quelques autres sans beaucoup d’importance. (suite…)

Moi, Daniel Blake

lundi, décembre 31st, 2018

« Vous qui entrez ici, quittez toute espérance… »

Voilà longtemps que j’avais envie de regarder un film de Ken Loach, ancré dans une veine de révolte, de rejet de l’horreur économique (selon l’expression de Viviane Forrester, auteur d’un livre de ce nom). Dieu sait pourtant si je ne partage pas les rêveries marxistes du réalisateur ; mais, de la même façon que j’apprécie le cinéma de Robert Guédiguian, évidemment plus ensoleillé, plus fraternel, plus charnel (et qui se passe pour l’essentiel, à Marseille et dans les environs), je trouve bien nécessaire que des cinéastes braquent leurs caméras sur des réalités sociales que les téléfilms sucrés ne veulent pas voir.

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L’as des as

lundi, décembre 31st, 2018

Raging boeuf miroton

Triomphe commercial – peut-être le plus éclatant de Jean-Paul Belmondo avec 5,5 millions d’entrées en France – choisi pour être le premier film diffusé sur la chaîne cryptée Canal + lors de son inauguration, le 4 novembre 1984, L’as des as est une véritable catastrophe industrielle, une nullité qui confine souvent au grotesque et qui perce même souvent le plancher du ridicule, notamment dans les scènes finales censées se dérouler au Berghof de Bertchesgaden qui sont du niveau des pires horreurs de Philippe Clair (avec Paul Préboist). La seule qualité de ce truc pitoyable est l’élégance des tenues portées par Marie-France Pisier, qui parvient, malgré un rôle totalement idiot et insignifiant, à tirer son épingle du jeu. (suite…)

Luke la main froide

dimanche, décembre 30th, 2018

L’insoumis radical.

J’évacue tout d’abord ma bile noire et le sentiment d’invraisemblance et d’irréalisme qui me saisit devant les films de bagne étasuniens. Comme dans Les évadés de Frank Darabont, voilà qu’on réunit dans les mêmes lieux et sous les mêmes chaînes des criminels profonds (il est dit au tout début que l’un des pensionnaires du camp de travail y est placé à perpétuité) et de simples délinquants. Car on ne peut pas dire que Lucas Luke Jackson (Paul Newman) soit, pour avoir démoli, un soir d’ivresse, quelques parcmètres, un individu si dangereux pour la société qu’il doive accomplir deux ans de pénitencier. Ma méconnaissance du système carcéral des États-Unis est certaine, mais je crains bien que ce qui est représenté dans les films ait quelque rapport avec la réalité. Heureux détenus de notre pays qui sont, selon le degré de leur peine répartis entre Maisons d’arrêt, Centres pénitentiaires et Maisons centrales (réservées aux plus longues peines) : ce ne sont pas du tout les mêmes détenus qui les peuplent.

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Le million

vendredi, décembre 28th, 2018

Il court, il court, le furet…

Il fut un temps, quand j’étais encore bien jeune, où je prenais René Clair pour un très grand cinéaste. Il avait été élu, en 1960, à l’Académie française et comme, ne doutant de rien, j’ambitionnais moi-même d’entrer un jour sous la Coupole, je m’imaginais que l’illustre compagnie ne pouvait distinguer que les meilleurs dans toutes les activités intellectuelles et artistiques. Depuis mes treize ans, j’ai beaucoup déchanté. D’abord sur mes propres capacités mais aussi, ce qui est plus navrant sur les facultés de discernement des Quarante. Et en tout cas, je ne tiens plus le réalisateur de Sous les toits de Paris et de À nous la liberté pour un auteur majeur, même si il a mis en scène quelques films très plaisants et agréables, comme La belle ensorceleuseLe silence est d’or ou – le mieux de tous – Les grandes manœuvres. (suite…)

Faubourg 36

vendredi, décembre 28th, 2018

Ne va pas jouer dans la cour des grands !

Christophe Barratier est le neveu de Jacques Perrin, ce qui n’est évidemment pas un reproche. Bien loin de là. Je pense même qu’il a puisé chez son oncle, auteur et narrateur des merveilleux Enfants de Lumière qui est un hommage virevoltant et délicieux au cinéma français, qu’il a puisé, donc, révérence et amour pour les films de l’âge d’or. Les choristes, avec Gérard Jugnot qui, voguant sur la vague rétro et la nostalgie des histoires simples et pures, ont connu un succès tonitruant, n’étaient pourtant que le pâle remake de la charmante Cage aux rossignols de Jean Dréville avec Noël-NoëlBarratier a voulu refaire le coup en réalisant Faubourg 36, picorant ici et là des bribes mal digérées, notamment de La belle équipe, mais aussi du Crime de Monsieur Lange et même de Quai des Orfèvres. (suite…)

Le carrosse d’or

vendredi, décembre 28th, 2018

Trois hommes et un cotillon.

On n’est pas bien cohérent : à la lecture de nombreux témoignages – et donc de nombreuses déceptions – sur ce film, je m’étais bien promis de ne jamais acquérir Le carrosse d’or pour le placer dans ma DVDthèque. Et puis, lâcheté intrinsèque ou facilité concédée à des offres à petit prix, je me suis laissé aller à faire l’emplette. J’ai eu tort, évidemment. C’est nul, désagréable, ennuyeux d’un profond ennui et on s’étonne que beaucoup de cinéastes aient été enthousiasmés (au contraire des spectateurs) par une telle nullité. C’est que le nom révéré de Jean Renoir est à peu près aussi intouchable que celui de son père Auguste, le peintre des chromos bariolés qui font la joie des fabricants de boîtes de médiocres chocolats. On ne touche pas aux vaches sacrées. (suite…)

Quatre mouches de velours gris

vendredi, décembre 28th, 2018

La mort en ce jardin…

Un titre superbe, encore plus chatoyant que celui de L’oiseau au plumage de cristal au service d’un scénario finalement très banal, qui s’abrite derrière des traumatismes enfantins jamais vraiment assumés et les zigouillages consécutifs, qu’il ne faut donc pas regarder pour la surprise de découvrir qui est l’affreux assassin, mais pour le plaisir de se laisser conduire à la révélation finale. Révélation trop évidente pour être honnête, d’autant que le cercle des coupables potentiels est, dans 4 mouches de velours gris fort restreint, le film ne comportant que peu de personnages essentiels (je veux dire par là que si l’on apprenait que le cinglé psychopathe était un des vagues protagonistes qui ne sont jamais au devant de la scène, on serait bien frustré et déçu). (suite…)

Holy Lola

vendredi, décembre 28th, 2018

Lorsque l’enfant paraît…

Je ne connais évidemment pas plus que ça la vie privée de Bertrand Tavernier, mais il n’est pas besoin de lire les pages documentées de Première ou de Gala pour savoir que le réalisateur de Coup de torchon est le papa de Tiffany Tavernier qui, avec son mari d’alors, Dominique Sampiero a écrit le scénario de Holy Lola. Il ne m’étonnerait pas du tout que le film doive tout à une expérience autobiographique du couple, parti mendier au Cambodge l’adoption d’un bébé. Tout cela parce que le film est constellé de petits faits vrais qui paraissent être la retranscription fidèle d’expériences, de souvenirs, d’anecdotes vécus et qu’on ne voulait à aucun prix laisser perdre. Ce qui n’est pas, au demeurant, absolument illégitime. (suite…)

Les producteurs

vendredi, décembre 28th, 2018

Affiche

Le Führer en folie.

Il me semble bien que c’est là le seul film que j’aie jamais vu de Mel Brooks, le seul aussi de Zéro Mostel et de Gene Wilder. Des noms, pourtant que je connais mais qui, vérification faite sur Wikipédia, confirment que je suis absolument étranger à ces artistes pourtant fort drôles. Je suis bien incapable d’expliquer pourquoi, d’autant que Les producteurs, vus à leur sortie à Paris, en 1971 (et je me souviens même où : à L’Arlequin, rue de Rennes) m’avaient fait bien rire. Voilà qui fait partie des mystères profonds d’une vie de cinéphage, voué à avaler tout et n’importe quoi, non selon un plan raisonné de découvertes des genres ou des auteurs mais en fonction de ses vagabondages et de ses toquades, justifiés ou non. (suite…)