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On ne vit que deux fois

mercredi, octobre 17th, 2018

Pas si volcanique que ça.

Je ne rejoins pas sur ce film les avis généralement positifs de mes camarades en Bonderies, malgré la pertinence de leurs argumentations et je rejoindrai plutôt l’opinion publique traduite par une (relative) désaffection des spectateurs. Alors que la série, entamée par Dr. No avait réuni 4,7 millions de spectateurs en France pour le premier opus, 5,6 pour le deuxième, Bons baisers de Russie, 6,7 pour Goldfinger (sommet du succès, mais aussi de la qualité), on est retombé à 5,7 pour Opération Tonnerre, 4,5 pour On ne vit que deux fois et, après l’intermède Au service secret de Sa Majesté avec George Lazenby, injustement mal traité (pas même 2 millions), à 2,5 millions pour Les diamants sont éternels, dernière incarnation officielle de Bond par Sean Connery. (suite…)

Opération Tonnerre

mercredi, octobre 17th, 2018

Le début de la fin.

On appelle entropie, en physique, ce qui touche à la dégradation de l’énergie. Aucun domaine n’y échappe, moins encore le cinéma.

Après trois opus plus réussis les uns que les autres, la série des James Bond (la seule, l’exclusive, celle avec Sean Connery) ne pouvait qu’aller vers sa caricature : de plus en plus de stéréotypes, de plus en plus de codes, de plus en plus de gadgets, une surenchère dans l’exhibition des cruautés des méchants et des charmes des girls. (suite…)

Goldfinger

mercredi, octobre 17th, 2018

On ne s’en lasse pas !

Chers jeunes amis qui n’avez pas eu la stupéfaction et le bonheur de découvrir à l’orée des années Soixante ce nouveau genre de films d’action qui survenait dans un monde entièrement dominé par les westerns, les péplums, les moyennageuseries (ce n’était pas mal, je sais, mais si récurrent !), chers amis qui ne perçoivent pas qu’il fut un temps où l’homme d’action était uniquement représentée par la ringardise absolue d’Eddie Constantine et de ses épigones, si vous saviez ce que James Bond a représenté pour notre adolescence boutonneuse ! (suite…)

Bons baisers de Russie

mercredi, octobre 17th, 2018

Double détente.

La deuxième aventure du seul vrai James Bond, c’est-à-dire évidemment et exclusivement Sean Connery, détonne assez après la première Dr. No, de façon plutôt intelligente et habile : en variant complètement l’atmosphère et en compliquant l’intrigue, les redoutables madrés producteurs Salzman et Broccoli réfutaient d’emblée et par anticipation tout reproche de produire de la grande série, comme l’était celle, à la même époque, des OSS 117 de Hunebelle…  (suite…)

James Bond contre Docteur No

mercredi, octobre 17th, 2018

Les origines du mythe.

Je ne me souviens pas de la campagne de marketing qui, au début de l’année 1963, a dû inonder les terroirs français puisque James Bond 007 contre Dr No fut chez nous un immense succès alors même qu’il fallait y créer un mythe. De fait personne, hors les spécialistes du roman d’espionnage, n’avait entendu parler des romans de Ian Fleming, ni les cinéphages de Sean Connery, jusqu’alors confiné dans la figuration ou les seconds rôles et moins encore d’Ursula Andress, minuscule débutante. (suite…)

Douze hommes en colère

mardi, octobre 16th, 2018

Mea maxima culpa.

J’aurais bien aimé être de l’avis de tout le monde et porter aux nues Douze hommes en colère, célébrés sur tous les tons, acclamés par la critique et le public. Trois Oscars, l‘Ours d’or de Berlin, une réputation de film à la fois passionnant, tendu, intelligent et humaniste. Et puis Henry Fonda à un de ses (multiples) sommets, la chère vieille sale gueule de Lee J. Cobb et celle, à peine moins notoire de Martin Balsam, le détective de Psychose. Certes, si tout le film avait été tourné avec des acteurs que je connaissais et reconnaissais (comme dans Marie-Octobre, par exemple), je me serais senti plus à l’aise, mais je ne peux pas imputer à un film étasunien de la fin des années 50 mes insuffisances sur 9 des tronches présentées. (suite…)

Jeunes filles en uniforme

vendredi, octobre 12th, 2018

Troubles en eau profonde.

Une pièce de théâtre d’une certaine Christa Winsloe, hongroise, lesbienne, assassinée pour espionnage d’une façon assez trouble et mystérieuse par des résistants en 1944 a donné lieu à trois adaptations au cinéma, sans doute parce que le climat étouffant et équivoque d’un pensionnat rigide de jeunes filles dans la Prusse militariste de 1910 excitait des tas de fantasmes. Première version en 1931 de Leontine Sagan, avec des actrices inconnues (Hertha ThieleDorothea WieckEmilia Unda). Dernière version en date, de Katherine Brooks, sous le titre de Loving Annabelle qui est une sorte (d’après ce que j’ai lu) de pamphlet homosexualiste où les ambiguïtés et les non-dits des premiers films sont explicitement montrés.

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Cet obscur objet du désir

jeudi, octobre 11th, 2018

Trop belle(s) pour toi.

Le dernier film de Luis Bunuel, qui ne mourra pourtant que six ans plus tard, récapitule les habituelles frustrations et les habituels fantasmes hispaniques du réalisateur, tellement bien symbolisés par cette sorte de corset/ceinture de chasteté que porte la belle Conchita pour à la fois exciter et éteindre le désir de Mathieu (Fernando Rey), cet homme qu’elle ne cesse d’attiser et de glacer presque dans le même instant et se dérobant toujours, prenant d’ailleurs deux visages différents (Carole Bouquet/Angela Molina). (suite…)

Le café du cadran

mercredi, octobre 10th, 2018

Plus que l’air parisien, la douceur auvergnate.

C’est amusant comme ce film tourné en 1947 aurait pu l’être cinq ans auparavant, tant il est porteur d’orientations qu’on pourrait presque qualifier de vichystes : le détournement, par les lueurs brillantes et détestables de la grande ville d’un gentil couple provincial qui aurait mieux fait de demeurer dans le Puy-de-Dôme ou le Cantal où il aurait vécu, heureux et un peu terne, le reste de son âge. C’est qu’en fait, à nos yeux modernes, Travail, Famille, Patrie est un slogan pétainiste (et tout près de l’hitlérisme), alors que, pour les braves spectateurs du lendemain de la guerre, c’est une évidence de comportement : on devrait plus souvent lire les vertueuses pages de L’Humanité de l’époque et se rappeler que Jeannette Vermeersch, femme du leader incontesté et rayonnant du P.C.F., Maurice Thorez, était tout sauf féministe et progressiste. (suite…)

Mourir à 30 ans

jeudi, octobre 4th, 2018

La nostalgie, Camarades !

Voilà un film – un documentaire aux images souvent pâlies et incertaines, empli d’interventions qui paraîtront absconses ou incompréhensibles à la plupart – un film dont je me suis régalé et qui m’a souvent ému et que je ne pourrai conseiller à personne, ou presque, ce qui me navre. Mais pour regarder et apprécier Mourir à trente ans il faut avoir, d’abord vécu ces années qui sont décrites – en gros 1966/1973 – ce qui n’est pas encore tout à fait rare, mais surtout avoir vécu dans son cœur et dans toutes ses journées cette vie de militantisme intégral. (suite…)