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Germinal

mercredi, octobre 3rd, 2018

Haveurs, herscheuses et galibots.

Le plus puissant des romans du cycle des Rougon-Macquart n’est assurément pas très facile à porter à l’écran. Et cela au contraire des autres récits de Zola qui demandent moins de décors, moins de comédiens, moins de machineries et dont les intrigues sont plus linéaires.

Ainsi Gervaise (L’Assommoir), Nana, Au bonheur des damesPot-Bouille. Pour Germinal, il faut vraiment du souffle et presque de l’emphase, parce qu’au delà de l’histoire d’Étienne Lantier (ici Renaud) et de la famille Maheu, c’est celui de la mine dévorante et des masses éternelles. (suite…)

Un flic

dimanche, septembre 30th, 2018

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Melville, dernière !

On ne va sûrement pas compter Un flic parmi les plus étincelantes réussites de Jean-Pierre Melville et on va même classer le film plutôt en deçà des grandes réalisations policières du cinéaste (je mets à part, à dessein, l’insurpassable Armée des ombres). D’avoir voulu écrire lui-même le scénario et les maigres dialogues lui a été sarcastiquement reproché par José Giovanni, de qui avait été adapté Le deuxième souffle, mais Le doulosLe samouraïLe cercle rouge étaient bien de la main de Melville et montraient davantage son immense talent. (suite…)

Miquette et sa mère

vendredi, septembre 28th, 2018

Mademoiselle Swing.

Voilà le DVD édité, à l’image restaurée mais au son un peu faible. La mince filmographie d’Henri-Georges Clouzot est donc désormais à peu près complète, ce qui n’est que justice pour un des quatre ou cinq réalisateurs français majeurs. Et au sein de cette œuvre souvent violente ou sarcastique ou amère (et quelquefois les trois à la fois), cette très singulière adaptation d’un des inusables succès théâtraux de Robert de Flers et de Gaston de Caillavet, également immortels auteurs de L’habit vert. Cette version est d’ailleurs la troisième au cinéma, après celle d’Henri Diamant-Berger en 1934 (avec Blanche MontelRoland ToutainAndré AlermeMichel Simon) et celle de Jean Boyer en 1940 (avec Lilian HarveyLucien BarouxAndré Lefaur et Daniel Clérice). (suite…)

L’ or de Naples

mardi, septembre 25th, 2018

Funiculi, funicula…

À dire le vrai, L’or de Naples, c’est, davantage que le film lui-même, la tendresse du regard que porte Vittorio De Sica sur sa ville chérie (il n’y est pas né, mais il y est venu vivre toute son enfance). Regard tendre, affectueux, indulgent, émerveillé à la fois par la vitalité et la sagesse patiente de la cité, par son petit peuple si divers et ses aristocrates aux généalogies séculaires, par sa bonne humeur et son sens du tragique, quelquefois outranciers l’une et l’autre, mais qui rendent la ville si profondément humaine. Cela, tout au moins en 1954, peut-être beaucoup moins aujourd’hui. Ou tout autant, je n’en sais rien. (suite…)

La dolce vita

vendredi, septembre 21st, 2018

La ronde de nuit.

Après une nouvelle vision, qui doit être la quatrième ou la cinquième, je suis mieux entré dans le film, que j’avais un peu tendance à juger, jusqu’ici, surévalué et ronflant. Il est vrai que je n’ai pas pour Federico Fellini une attirance majeure, même si j’admets bien volontiers qu’il est un des cinéastes les plus importants du siècle dernier ; mais enfin il est, à mes yeux, comme Orson Welles : un grand bonhomme à qui je n’accroche pas vraiment. Infirmité de ma part, je veux bien, mais on ne se refait pas… (suite…)

Première année

mercredi, septembre 19th, 2018

La lune avec les dents.

Il est assez singulier de remarquer que Première année est sorti sur les écrans quelques petites semaines avant que le ministre de la Santé annonce, le 17 septembre, la disparition, pour la rentrée 2020, de l’année de bachotage infernal décrite avec talent par Thomas Lilti. Je n’ai absolument aucune compétence pédagogique ou universitaire pour juger de la pertinence de cette suppression, bien que j’incline à penser qu’elle est tout à fait justifiée, mais je dois dire que, dans la salle, ma femme et moi étions tout à fait en empathie avec les malheureux étudiants représentés qui passent les plus belles années de leur jeunesse à s’abrutir de données dont ils n’auront que faire ensuite, soit qu’ils aient passé le seuil du concours, soit qu’après un, deux ou trois échecs, ils soient obligés de rabattre sacrément leurs ambitions de  »devenir médecins« . (suite…)

Diva

mardi, septembre 18th, 2018

Mille et une nuits.

La mode étant précisément, selon la brillante expression du surbrillant Jean Cocteauce qui se démode, on ne s’étonnera pas qu’un film aussi ancré dans l’époque où il a été tourné – le début des clinquantes années 80 – à la fois ait laissé une trace réelle dans les mémoires et apparaisse à la revoyure comme un bibelot d’inanité sonore (et ça, c’est du Mallarmé ! Quels patronages !!!). En d’autres termes, on est surpris d’avoir assez aimé ça, quand ça a été projeté sur les écrans et un peu surpris de son absolue ringardise. (suite…)

La fiancée du pirate

samedi, septembre 15th, 2018

Me too !

Je ne crois pas que si la réalisatrice du film, Nelly Kaplan n’avait été une sorte de vache sacrée de l’intelligentsia germanopratine mâtinée des restes du surréalisme, si elle n’avait pas été l’amie – ou l’amante – de Philippe Soupault, d’André Breton, d’André Pieyre de Mandiargues, cette Fiancée du pirate qui date de près d’un demi-siècle n’aurait pas laissé grande trace dans l’imaginaire. Et cela même si la ritournelle écrite par Georges Moustaki et chantée par Barbara a eu aussi quelque succès… Ah ! J’oubliais presque de dire que Nelly Kaplan, sous le pseudonyme de Belen a écrit trois romans érotiques assez sophistiqués ; l’époque était vouée à ça : à peu près en même temps, Dominique Aury, figure importante des éditions Gallimard publiait, sous le pseudonyme de Pauline Réage la très enquiquinante Histoire d’O. (suite…)

Fantastic Mr. Fox

jeudi, septembre 13th, 2018

Esprits criminels.

Très original, très bien réalisé, doté de musiques alertes parfaitement adaptées aux situations, Fantastic Mr. Fox est un objet cinématographique bien surprenant adapté de l’étrange littérature de Roald Dahl, dont les récits fantastiques sont souvent à la croisée des chemins entre les récits pour adultes et les contes pour enfants. Charlie et la chocolaterie, adapté par Tim BurtonMatilda, par Danny DeVito sont des films assez étranges et même quelquefois ambigus. (suite…)

L’hermine

lundi, septembre 10th, 2018

Sauve qui peut, la vie !

Si le film n’avait pas présenté en première ligne Fabrice Luchini, dont je suis un admirateur inconditionnel, je n’aurais sûrement pas regardé L’Hermine. Je pensais ex abrupto, et bien à tort, à la découverte du sujet, qu’il devait bien s’agir là d’une sorte de téléfilm dont la seule justification d’existence était de satisfaire les réglementations de quotas de production et de diffusion de TF1 et de France télévision. J’aurais dû évidemment me rappeler que le réalisateur du film était Christian Vincent, metteur en scène d’un bien joli bijou de distinction et de raffinement, La discrète. C’était, certes, il y a près de trente ans et, depuis lors, le cinéaste s’était un peu égaré à bas bruit, vers des films moins réussis, mais dont aucun (de ceux que j’ai vus), n’étaient dégradants, par exemple La séparation en 1994 ou Les saveurs du palais en 2012.

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