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L’Italien des Roses

vendredi, décembre 28th, 2018

Une journée particulière.

S’il demeure un jour quelque chose de Charles Matton, je gage que ce sera davantage dans celui de l’art contemporain où l’homme (1931 – 2008) a acquis une grande notoriété, que dans celui du cinéma. Remarquez, écrivant cela, je ne suis pas certain que cette notoriété, qui fut réelle, comme représentant affirmé de la peinture figurative puis dans l’étrange et séduisante expérience des boîtes, soit encore entière. Peu connaisseur et guère amateur d’art contemporain, je ne me tiens pas au courant des côtes et modes. Mais l’article consacré au bonhomme sur Wikipédia dit assez fort qu’il a représenté une tendance artistique notable. Dans une de mes vies, j’ai eu l’occasion de l’approcher un peu et même d’aller le voir chez lui et de trouver intéressant son travail. C’était un type à la fois sympathique et sarcastique, deux qualificatifs qui ne vont pas particulièrement de pair mais qui s’imposent assez dans son cinéma. (suite…)

Giorno di nozze

samedi, décembre 15th, 2018

La vie rêvée des anges.

Excellente surprise que cette comédie légère et brève captée presque par hasard au Cinéma de minuit de FR3 et qui est, à mon souvenir, le premier film qui me tombe sous les yeux de Raffaello Matarazzo, réalisateur qui connut un immense succès en Italie, paraît-il, principalement pour ses mélodrames. Il est vrai que Giorno di nozze, qui est drôle et se termine bien, pourrait être, aussi, un mélodrame ou, mieux, une sorte de préfiguration de la comédie à l’italienne, alors même qu’il date de 1942. Il suffirait pour ça d’assez peu de choses, pour faire de ce charmant récit mené à toute allure, quelque chose de plus grinçant et possiblement de presque tragique. C’est bien ainsi, après tout, que fonctionne la vraie vie où le tragique n’est jamais loin du comique et vice-versa. (suite…)

Mes amis, mes amours

mardi, décembre 11th, 2018

Puits sans fond.

On n’a pas forcément envie après plusieurs semaines où, sur toutes les chaînes, les images des ronds-points campagnards occupés par les gilets jaunes ont occupé le maigre espace disponible d’un cerveau vieillissant et où, en début de soirée, les propos du Président de la République ont absorbé le mince filament de capacité intellectuelle qui demeurait, on n’a pas d’autre envie, donc, que de se laisser aller à une sorte de léthargie plon-plon, avant d’aller mettre la viande dans le torchon, comme le dit avec grâce Marcelle Groseille (Christine Pignet) dans La vie est un long fleuve tranquille. On zappe le long de la théorie des chaînes minuscules, on aperçoit le nom de Vincent Lindon,celui de la jolie Virginie Ledoyen. On bâille et on regarde. (suite…)

Rec 4 – Apocalipsis

samedi, décembre 8th, 2018

On n’est pas sorti de l’auberge !

Je craignais que le numéro 4 de la série ne fût l’abomination de la désolation (ce qui est plutôt cohérent, s’agissant d’un film à allusions bibliques – Daniel 11-31), survenant après le numéro 3, (Rec 3 Genesis) qui n’avait à peu près aucun intérêt, mais voilà que ça a redressé un peu la tête. Il était temps néanmoins que ça se termine, toutes les pistes ayant été explorées et chacun ayant eu son content de tripailles déchirées et de hurlements de bêtes fauves. Je note toutefois que les scénaristes ont laissé une fin ouverte à l’aventure ce qui permettra le cas échéant de remettre cent sous dans la machine (ou deux thunes dans le bastringue). Mais c’en est en tout cas bien fini avec ce qui faisait l’intérêt des deux premiers épisodes, le côté reportage de la caméra portée et, si farfelue qu’il était, le parti de relier possession démoniaque et contamination virale. (suite…)

Rec 3 Genesis

mercredi, décembre 5th, 2018

Mariage sanglant, mariage pétulant !

Les deux premiers films de la série ayant eu un réel succès – mérité au demeurant, surtout pour le premier – on comprend bien l’envie de tirer sur la pelote de laine et de la dévider jusqu’au bout. Ce n’est sans doute pas bien élégant, mais, dans le monde cruel de l’économie du cinéma, ça peut se comprendre. Il y a des tas d’exemples où un public peu exigeant se satisfait du réchauffage des recettes cuites et recuites, aimant retrouver un paysage, des personnages, des situations connus et appréciés. On en est au numéro 5 dans la série des Taxi, au 8 (en comptant les téléfilms) dans la série des American pie. Rec compte 4 films. (suite…)

Rec 2

dimanche, décembre 2nd, 2018

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette…

Après le succès remporté par Rec, les deux réalisateurs espagnols Jaume Balaguero et Paco Plaza auraient été bien mal inspirés de ne pas exploiter le filon et de ne pas poursuivre l’exploration du mystérieux immeuble de Barcelone où, dans le premier opus les habituels résidents et les pauvres braves policiers et pompiers, flanqués de l’insupportable Angela Vidal (Manuela Velasco) et de son factotum cameraman avaient été zigouillés par une terrible hystérie mystérieuse de type zombifiant qui les amenait à se contaminer et se dévorer à la moindre morsurette subie. Sans être féru des longues séries de films qui exploitent des thèmes dégradants (la série des Taxi, par exemple ou des Fast and furious) ou excitants (les Alien bien sûr et même les Hellraiser – quoique…- ), je puis tout à fait concevoir qu’on ait envie de développer un sujet original. Le tout est de le bien faire, sans se moquer du spectateur.

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Rec

samedi, décembre 1st, 2018

Les animaux malades de la peste

Voilà un film, déjà vu, mais agréablement revu, qui a surfé sur plusieurs vagues intéressantes et qui, lorsqu’il est sorti, offrait d’intéressantes perspectives. La manie du reportage en direct, l’utilisation de la caméra portée, qui en est corollaire, la mise en avant des héros anonymes, qui obtiennent ainsi le fameux quart d’heure de célébrité, annoncé par le pimpant Andy Warhol. Le boy next door ou la voisine d’en face, la recherche d’un prétendu regard authentique qui fait que, chaque soir ou presque, sur l’une ou l’autre chaîne de télévision, il y a un sujet sur La police municipale de Châteauroux se mobilise contre les incivilités ou Les pompiers de Montauban gardent toute leur vigilanceRec utilise à merveille tout cela et s’appuie aussi sur la nuit, ses avenues vides, son étrange atmosphère. (suite…)

Panic room

jeudi, novembre 29th, 2018

Des chats et des souris.

Si je devais un jour, muni par le Bon Dieu d’une mission en ce sens, donner un conseil aux cinéastes de tous les pays, je me permettrais de leur en glisser deux, pour le même prix. Le premier serait : Hors rares exceptions, coupez toujours le dernier quart d’heure de vos films, quelle qu’en soit la durée. Et le second, bien plus impératif et contraignant, serait : Ne vous contentez pas d’une situation de départ originale et bien fichue : vous y tournerez vite en rond, vous devrez étirer votre rythme, inclure dans votre propos des éléments parasites et vous décevrez le spectateur avec la fin de votre film ! (Ce qui, au demeurant, rejoint tout à fait l’esprit de mon premier précepte et en confirme la pertinence). (suite…)

Le veuf

samedi, novembre 24th, 2018

Douceurs de l’hyménée.

Le veuf, c’est une farce, une véritable farce, avec des excès, des outrances, des trucs et des truquages, mais c’est une farce si méchante, si cruelle, tellement cynique qu’on voit bien poindre déjà ce qui, dans les années suivantes, seront les chefs-d’œuvre de ce genre original, novateur de la comédie à l’italienne. C’est caustique, vif, enlevé, rythmé. Surtout, à bien y réfléchir, il n’y a pas dans le film un seul personnage vraiment positif : tous sont avides, méprisables, minables, d’un égoïsme entier, suffisants, sans scrupules. Il y en a de pires que d’autres, plus arrogants, plus orgueilleux, plus insupportables, mais aucun ne vaut grand chose. (suite…)

Floride

lundi, novembre 19th, 2018

Oh, les beaux jours !

Peut-être parce que la question va de plus en plus me concerner et que je ne crains rien davantage que d’être rattrapé au tournant par l’inquiétant Docteur Alzheimer, j’ai pris un certain intérêt à Floride, dont je ne me souviens pas d’avoir entendu parler. Soit dit en passant, cet oubli n’est pas très bon signe pour le sujet qui me préoccupe, n’est-ce pas ? En tout cas toute la relation presque clinique de cette affligeante plongée dans la nuit m’a paru très bien venue et conforme à ce que je sais de la maladie : trous béants dans la mémoire immédiate, confusions multiples, irritabilité sans vraie cause, appréciation absolument injuste des efforts que vos proches font pour vous, refus obstiné d’admettre que les facultés mentales sont en pleine déroute et qu’il n’y aura pas de contre-attaque.

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